Message de Monseigneur Christory du jeudi 26 mars 2020

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Nous avons vécu une belle fête de l’Annonciation. J’espère que ce fut le cas pour vous. Les cloches ont sonné hier soir. Nous avons mis quand c’était possible des bougies à nos fenêtres. Nous avons égrené le chapelet et prié l’Angelus matin, midi et soir. Le Seigneur a accueilli toutes nos prières présentées par sa Mère. Continuons !

Nous sommes toujours chez nous mais je découvre dans l’attestation de déplacement qu’une « promenade » est possible entre « personnes regroupées dans un même domicile », pour une heure maximum, dans un rayon de 1 km. Cela ouvre des perspectives. Le beau temps étant persistant, pourquoi ne pas en profiter ? Cependant bien entendu, la situation demeure grave et je ne peux que vous engager à ne pas côtoyer d’autres personnes pour nous protéger mutuellement. Le personnel soignant mérite vraiment notre bienveillance, nos prières et nos gestes comme les cloches qui ont sonné pour la Fête de l’Annonciation en signe de solidarité. Bravo à tous ceux qui travaillent dans les hôpitaux et les cliniques, bravo à nos médecins qui accueillent les patients. 

Le confinement continue mais peut-être pour vous comme pour moi, nous entrons peu à peu dans une saine habitude de vivre dans un espace clos et pourtant ouvert à la transcendance et à toutes les formes de relations que nous créons par téléphone et par les réseaux. Il nous faut demeurer vivant, alerte, conserver la forme comme nous le disons parfois.

J’ai reçu le témoignage touchant d’une tante âgée qui vit en maison de retraite. Elle me disait que son grand-père avait été officier d’artillerie durant la première guerre mondiale et que plus tard en 1943 il fut arrêté par les allemands parce qu’un résistant avait avec lui sa propre adresse. Il avait alors 75 ans. Mis dans une toute petite cellule, cet homme vaillant qui sortira vivant de ce drame – je vous le dis dès maintenant pour que vous n’ayez pas une émotion forte en imaginant le pire – il a raconté avoir fait chaque jour entre ces quatre murs 5 km à pied pour ne pas finir grabataire. Aussi ma tante, encouragée par cette histoire familiale, m’a dit avoir décidé de faire tous les jours dans sa chambre de maison de retraite 2 km à pied pour être capable de continuer à marcher et à vivre !

La vie chrétienne appelle notre engagement pour nous mettre en route. Plusieurs fois le Christ croise des futurs disciples et leur dit « Venez et Voyez » (Jn 1, 39) ou « Venez à ma suite et je vous ferez pécheurs d’hommes » (Mt 4, 19) ou « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » (Mt 19, 21), suite à quoi « ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent. » (Lc 5, 11). Ne pas regarder en arrière mais se mettre en route à la suite du maître, le Christ, voici la réponse à la grâce qui nous touche et qui fait de nous des hommes et des femmes de foi. 

L’antienne du début de la messe de ce jour est : « Soyez dans la joie, vous qui cherchez Dieu. Cherchez le Seigneur et sa force, sans vous lasser, rechercher son visage. » Chercher Dieu, c’est pour Saint-Paul comme une course à pied. Il dira lui-même qu’il court, tendu en avant, pour gagner la couronne du vainqueur. Oui nous le recherchons sans attendre un gain matériel. Nous recherchons la Vie avec Dieu maintenant et bientôt dans l’éternité; le Christ a promis cela « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » (Jn 10, 10)

Dans quelle direction marcher maintenant ? Souvent, nous ne savons pas avec qui marcher, qui suivre, vers où. Beaucoup cherchent des guides et vous trouvez tant de livres dans les gares ou les librairies qui vantent des méthodes de bien-être, des voies plus ou moins illuminées pour satisfaire son ego. On y mélange les sciences humaines, les méditations orientales, la spiritualité sans religion, la médecine douce ou chinoise – on dit chinoise pour donner valeur à ce dont on ne connait pas l’origine comme toute parole de sagesse doit venir de Confucius ! – les vertus d’une diététique écologique, etc. Mais souvent point de rencontre qu’avec soi-même au risque de tourner en rond autour de soi. Or Jésus nous dit « je suis le chemin, la vérité, et la vie » (Jn 14, 6). C’est en marchant avec lui, à son écoute alors qu’il leur explique les Saintes Ecritures, que les deux pèlerins d’Emmaüs, qui quittaient Jérusalem affligés et attristés par la mort de Jésus en croix, vont retrouver la joie et la chaleur du cœur et ils diront : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (Lc 24, 32). Avec cette joie en soi, fruit de l’Esprit Saint, nous trouvons la direction : le Ciel dont nous avons les prémisses ici-bas dans nos relations humaines pleines d’amour, et un jour à venir la place qui nous y est préparée. 

Dans l’Évangile selon saint Jean que nous lisons à la messe aujourd’hui, Jésus explicite auprès de ses auditeurs juifs, de qui il reçoit un témoignage. Un témoin doit être idoine. Il doit être reconnu digne de témoigner. Il doit s’engager dans la vérité et seulement dire la vérité. 

Jésus affirme que beaucoup témoignent en sa faveur : Jean le Baptiste; les œuvres qu’il accomplit; Dieu le Père lui-même; les Ecritures Saintes jusqu’à Moïse qui de manière prophétique a écrit sur lui. Or à l’époque de Jésus, toute personne a besoin de deux témoins pour obtenir gain de cause. Mais faut-il encore que les auditeurs accueillent ces témoignages !

Comment nous, en tant que chrétiens, accueillons-nous ce témoignage ? Toute la tradition chrétienne nous invite à lire et scruter les écritures, à méditer l’Évangile avec un cœur ouvert, en priant l’Esprit Saint de nous révéler ce qu’il voulait dire du Mystère de Dieu. Nous ne pouvons pas nous contenter d’un catéchisme pauvre, enfantin alors que nous sommes devenus des chrétiens adultes. La méditation quotidienne de l’Évangile est enrichie par les autres textes bibliques comme les actes des apôtres qui présentent la vie de l’Eglise naissante, les lettres de Saint-Paul qui répondent aux questions concrètes des premières communautés du pourtours méditerranéen, l’Apocalypse de saint Jean, écrit complexe mais fantastique pour ouvrir une fenêtre vers la béatitude céleste, tout ceci nous fait goûter à la présence de Jésus vivant avec nous. Alors ouvrons le livre des Saintes Ecritures, et buvons à la source de la Vie. 

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.
R/ Amen. 

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Mgr Philippe Christory
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publié par Pierre-André