Message de Monseigneur Christory du 23 avril 2020. « Sa louange sans cesse à mes lèvres ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Hier encore, nous parlions du projet voulu par Dieu de nous faire partager sa vie, en envoyant son Fils parmi nous. Nous mentionnions la gratuité de ce don, car Dieu est Dieu et rien ne peut s’ajouter à ce qu’il est. Son être divin est Amour et l’Amour veut se donner. Dieu se donne dans la création qu’il fait advenir par sa Parole. Aujourd’hui, Il confie aux hommes et aux femmes ce trésor qu’est la nature et infuse en nos coeurs une aptitude extraordinaire à aimer dont il est lui la source intarissable. Avez-vous trouvé cette source ?

Jésus continue par la présence de l’Esprit à nous encourager à l’accueillir car seul lui peut combler le désir insatiable d’amour qui est en notre coeur. Cependant beaucoup, ou par ignorance ou par refus orgueilleux, le repoussent : « Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous, il témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage. » (Jn 3, 32) Aussi le coeur de l’homme reste en attente, cherche la consolation auprès des créatures et des choses terrestres pour que quelqu’un lui prouve qu’il est aimable. L’homme se contemple, fait de lui-même son dieu plutôt triste, ou imagine qu’il est bien peu de chose ce qui le rend amer.

A l’homme, est nécessaire de faire la rencontre de Jésus, comme ce fut le cas de la Samaritaine qui rentre dans une exultation après sa découverte au puits de Jacob : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? » (Jn 4, 29)

Nous sommes en temps pascal, soit quelques semaines pour goûter la joie de la Résurrection – vous rappelez-vous l’exclamation de saint Séraphin de Sarov : « ma joie, Christ Ressuscité ! » ? – et pour accueillir les dons du Saint Esprit pour soi et pour notre communauté d’Eglise.

Le psaume de ce jour peut vraiment nous aider : « Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres. Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! Heureux qui trouve en lui son refuge ! » (Ps 33, 2-3) Sa louange sans cesse à mes lèvres, voilà l’appel pour tout catholique. Au début du renouveau charismatique, beaucoup ont pu lire le bestseller pentecôtiste de Merlin Carothers « La puissance de la louange ». Ce livre, je l’ai dévoré en une après-midi sur les collines proches de Paray le Monial et il a inspiré en moi un élan tout à fait nouveau qui pourtant ne correspondait pas à ma culture plutôt réservée en matière de démonstration affective. L’auteur, ancien militaire américain, explique comment il a découvert que l’on peut louer en toutes circonstances, bonnes ou difficiles. Fort de nombreux témoignages, cet ouvrage demeure une mine d’inspiration pour qui veut découvrir la joie et l’action puissante de Dieu dans sa vie. La force de la louange s’appuie souvent sur des chants dont les textes sont tirés directement de la Bible. Dieu parle par sa parole, et si nous prions avec les mots mêmes que l’Esprit a inspirés, alors l’adage que l’on attribut à saint Augustin, chanter c’est prier deux fois, se vérifie pleinement.

Jésus emprunte cette voie d’excellence : « Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint, et il dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Lc 10, 21) La louange libère une expression vocale libre qui passe par des prières spontanées, des paroles en langue, des exhortations que l’Esprit inspire. Ô comme cela est étrange, même bizarre, n’est-ce pas ?Pourtant saint Paul nous prévient : « L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles. » (Rm 8, 26-27) La louange est une prière d’action de grâce pour la Vie reçue d’en-haut qui, par sa forme, nous décentre de nous-mêmes, de nos demandes, de nos attentes insatisfaites, de nos besoins matériels. Nous le regardons, nous le bénissons, et nous lui laissons le soin de bénir nos vies et nos actions. Là, nous trouvons un refuge auprès de lui. Là, nous accueillons le fruit de l’Esprit, en premier la joie et la paix. Là nous fortifions notre détermination à être ses témoins. Là nous croissons dans un élan de charité qui nous porte vers les autres.

En ces jours du temps pascal, avez-vous à faire un pas de plus dans la louange ? C’est probable. Comment ferez vous pour développer cette prière ? Commencez chaque journée en bénissant Dieu, pour ce réveil qui a sonné trop tôt, pour les tâches à faire les plus ordinaires, pour ceux qui partagent notre vie, pour cela que nous vivrons dans la matinée, etc. Appuyez-vous sur les bienfaits du Seigneur, ses cadeaux, l’amitié et l’amour, les talents reçus. Sortez les CD de louange ou allez sur Spotify ou Youtube pour être soutenu par quelques beaux chants de louange. Utilisez votre corps pour louer. La Bible dit de lever les mains vers le Seigneur. Oserez-vous le faire ? Nous sommes en effet un corps et tout notre être entre dans la louange donc aussi ce corps que j’ai reçu. Vous pouvez d’ailleurs remercier Dieu dans la louange pour votre corps, car il n’a pas démérité quand vous regardez comment vous l’avez utilisé depuis des années et parfois assez mal traité. Dans la louange mon corps devient mon ami avec qui je peux danser pour le Seigneur comme David devant l’arche; et que personne ne se moque de vous, car c’est ce qui fit sa femme et la peine fut dure ! (Voir 2 Samuel 6, 12-23) Le Roi Charles le Chauve, très pieux, avait une Bible qu’il disait être dans son testament son bien le plus précieux dont la couverture représentait le roi David musicien entouré d’artistes et des quatre vertus cardinales : la force, la prudence, la tempérance et la justice. C’est lui qui offrit au chapitre de Chartres la relique du Voile de Marie que son grand-père Charlemagne avait apportée de Constantinople. Ainsi tout roi qu’il était, cet homme aimait louer Dieu comme David tout en priant la Parole de Dieu. C’est par cette louange qu’il puisait son aptitude à gouverner la France. A si nos hommes et femmes politiques en faisaient autant !

Nous espérons que nous pourrons bientôt nous retrouver en assemblées de prière dans nos églises pour la sainte messe et louer Dieu ensemble. Il nous est demandé de la patience encore. Nous pouvons faire notre promenade jusqu’à notre église en espérant qu’elle soit ouverte, comme demandé par moi-même, ce qui signifie que des catholiques vivant à proximité l’ouvrent chaque jour. Pouvez-vous vous en charger ? Si oui, informez votre curé pour vous organiser. Pour mémoire, c’est l’affectataire, donc pour la loi française le curé, qui décide si une église est ouverte ou fermée, et personne d’autre ! Vous pourrez aussi vous confesser, mais en maintenant les deux mètres de distance et en portant un masque.

Que cette journée soit emplie de la louange. Le beau soleil nous aide, même si mes pensées vont vers nos frères et soeurs paysans qui attendent la pluie. Louez Dieu pour qu’il pleuve ! Et il va pleuvoir…

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

publié par Pierre-André