Message de Monseigneur Christory du mercredi 29 avril 2020. « Fais-toi capacité, je me ferai torrent ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Nous continuons notre prière pour les vocations consacrées. Aujourd’hui nous est donnée une figure de sainteté atypique. Il s’agit d’une femme, qu’on disait fort petite, qui vécut dans un siècle difficile, le XIVème, en cette fin du Moyen-Âge quand apparaissent des luttes, des guerres et des épidémies. Le Pape avait fui Rome pour se réfugier à Avignon. Il s’agit de Sainte Catherine de Sienne. Sa vie ne durera que 33 ans. Mais quelle vie ! Elle est aujourd’hui « docteur » de l’Eglise, ce qui signifie que sa science des choses sacrées est universelle et destinée à toutes les époques. Elle est aussi copatrone de l’Europe pour l’Eglise catholique. D’elle nous avons des textes admirables. Elle ne savait pourtant ni lire ni écrire, dit-on. Le Christ lui a parlé par de multiples et intimes conversations qu’elle a dictées. Cela se retrouve dans « le livre des dialogues de saint Catherine de Sienne » qui contient un traité sur la discrétion, un sur la providence, un sur l’oraison, un sur l’obéissance et plus de 370 lettres. Une femme de feu qui se rendit à Avignon pour décider le saint Père de retourner à Rome, là où est sa place. Jésus lui dit : « Fais-toi capacité, je me ferai torrent ». Son coeur s’est dilaté à la dimension de l’Amour que Dieu voulait y déverser.

Beaucoup de fidèles expriment aujourd’hui leur tristesse face aux décisions du gouvernement. Nous ne sommes pas considérés comme des personnes responsables, notre engagement à la juste vigilance et à la liberté, comme Assemblée des évêques, pour célébrer avec soin et ne pas provoquer une contagion n’est pas entendu. Ces restrictions touchent la liberté de culte. Elles ne peuvent se justifier par la raison, elles sont l’expression de la non-considération de la vie spirituelle et religieuse des personnes vue comme non-essentielle pour vivre tout simplement. L’histoire montre combien l’Eglise a porté dans son cœur et par ses actes le souci des personnes malades et désespérées. Combien d’« hôtels-Dieu » n’a-t-elle pas fondés pour accueillir gratuitement les pauvres. A l’Hotel-Dieu de Paris, selon les registres du XIIIème siècle, on consommait plus de 2000 draps par jour. Depuis il y a eu tant de saints et des saintes qui ont pris soin des autres, des malades, qui ont ouverts des hôpitaux et des dispensaires, souvent au risque de leur propre vie. Et cela continue partout dans le monde surtout là où les hommes et les femmes sont laissés à leur sort. Les interdictions des rassemblements cultuels expriment à quel point nos dirigeants n’ont aucune Espérance à proposer face au drame sanitaire. Pour eux, le seul chemin serait la reprise économique. Relancer la machine pour sauver l’économie et donner de l’espoir. Nous, Chrétiens, devons porter l’Espérance, qui est un don de Dieu, une source des bienfaits divins, pour nos cœurs et pour nos actes. Jésus-Christ attend beaucoup de nos actes de foi posés courageusement quand des frères et des soeurs sont dans la souffrance : « si vous avez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne : “Transporte-toi d’ici jusque là-bas”, et elle se transportera ; rien ne vous sera impossible. » (Mt 17,20) Nous sommes les gardiens de la foi et de la lumière qui nous est confiée pour éclairer le monde. Cette lumière, c’est le Christ. Sa Parole est Parole de vie.

Or en ces jours, beaucoup peuvent reprendre le psaume 62 : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. » C’est le psaume invitatoire du matin, que les consacrés entonnent tous lors du premier office du jour. Chaque jour, notre âme a soif de Dieu, d’être avec lui. Bien entendu, beaucoup de personnes l’ignorent, mais cette absence crée un vide et tant cherchent chez des coachs, des psychologues ou des conseillers en tout genre une réponse à leur ressenti de manque. C’est la tristesse des exilés et des déplacés hors de leur pays. Mais sans le Seigneur, nous sommes des déplacés, éloignés du paradis c’est à dire du coeur à coeur avec Dieu. Nous sommes comme les juifs déportés qui disaient : « Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ; aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes. Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ? » (Ps 136, 1-4)

Oui il nous faut une nourriture céleste. « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,5) Cette nourriture c’est le pain de vie, le corps du Christ. La communion eucharistique est une nécessité dont vous êtes privés depuis des semaines. Bien entendu, elle n’est pas un dû, et l’église demande que l’on communie au moins une fois par an. Mais en ces jours difficiles, beaucoup ressentent la nécessité de recevoir Jésus eucharistie. Nous réfléchissons à une formule pour vous donner la communion tout en respectant la loi civile qui interdit les rassemblements, comme le rituel le propose.

En attendant cette étape, avez-vous reçu le sacrement du pardon, soit la confession ? Dans nos églises, les prêtres proposent des temps d’accueil pour les confessions, avec masque et nécessité de se mettre à distance. Il faut retrouver ce bon usage de se préparer par la confession avant de communier au corps du Christ car on reçoit le Seigneur en état de grâce.

Et pour conclure avec sainte Catherine et prendre conseil auprès d’elle, voici ce qu’elle écrit : « C’est ainsi que dans le temps des épreuves, des persécutions, des outrages que nous impose le prochain, de la privation des consolations spirituelles et temporelles que nous imposent le Créateur et les créatures, dans toutes ces circonstances donc, je dis que l’âme parfaite dit avec humilité : « Seigneur voici ta servante, qu’il me soit fait selon votre volonté et non selon ce que je veux. » C’est ainsi que l’âme parfume de patience son Créateur, son prochain et elle-même. Elle goût la paix et la quiétude de l’esprit. » Belle leçon de vie spirituelle puisée auprès de la Vierge Marie. Bonne journée en sa présence.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

publié par Pierre-André