Message de Monseigneur Christory du samedi 2 mai 2020. « Seigneur à qui irions-nous ? »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Cette affirmation jaillit comme un cri chez l’apôtre Pierre. Tous les suiveurs, ceux qui recherchaient nourriture et guérison auprès de Jésus, l’avaient quitté car ils ne comprenaient pas son discours du pain de vie. Manger son corps, boire son sang, cela devenait inaudible et aberrant, parole d’un illuminé ou d’un fou : « Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » (Jn 6,60) Est-ce que saint Pierre comprit mieux cela que ces disciples ? Probablement que non, mais il avait dans le coeur la conviction que Jésus était le messie attendu. Aussi, dans la foi il affirma à Jésus « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » (Jn 6,68-69)

La foi des chrétiens est une force intérieure, une colonne vertébrale, une source de vie, une joie, une échelle entre le Ciel et la terre. Dans les actes des apôtres, lus ce jour à la messe, Pierre empli de l’Esprit guérit Enéas paralysé et alité depuis huit ans, puis Tabitha pourtant décédée qu’il ramène à la vie : « Tabitha, lève-toi ! ». L’Eglise affirme que notre vie spirituelle et religieuse est essentielle. Ces jours-ci, nous entendons chez des catholiques une déception voire une contestation consécutive à la position politique imposée à l’Eglise de ne pas reprendre les célébrations avant le 2 juin. En cela, nous expérimentons la solidarité avec ceux et celles qui ne communient pas, particulièrement dans les régions du monde où la foi est combattue et même persécutée, ou lorsque les distances ne permettent pas le passage fréquent d’un prêtre. Pensons aux hommes enfermés à la prison de Chateaudun où l’aumônerie ne peut plus entrer pour célébrer la messe, écouter et prier. Nous sommes atteints d’entendre que nos activités sont comparables à celles des clubs de sport ou des offres culturelles. Comment en juger avec justesse ? Il est possible d’entrevoir, dans ce sentiment blessé des catholiques, une expression populaire de l’émergence du sensus fidei ? Qu’est-ce que le sensus fidei des fidèles ? Nous parlons d’un sens surnaturel de la foi reçu par le peuple de Dieu, dans la lumière de l’Esprit Saint, qui devient participant du don prophétique de Jésus, c’est à dire une aptitude spirituelle à juger des choses de la terre à la lumière de l’Evangile, en vue du bien commun, soit le bien de chacun jusqu’au plus petit. Bien qu’il y ait le mot sens, qui fait penser aux sentiments, ce n’est pas là une perception affective ou émotionnelle. En ces semaines de confinement, on fait l’expérience du besoin de Dieu et de sa Parole reçue en Eglise qui, due à l’absence, exprime l’attente d’être nourri du Pain de Vie, le Corps de Jésus. Il a pu arriver dans le passé que nous allâmes à la messe le pas léger et quelque peu désinvolte, nous permettant d’arriver en retard par exemple. Et pourtant Dieu nous nourrissait de sa Parole et de son Corps, sans nous repousser. Il pardonnait notre superficialité parce qu’il est venu parmi les hommes et qu’il connaît le cœur de l’homme pour s’offrir en sacrifice aux hommes : « prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps. » Et il nous nourrissait. Là s’exprime la Miséricorde de Dieu. Loin de l’eucharistie, même si la grâce ne manque pas à ceux qui croient, ce rendez-vous nous manque.

Mais comment l’expliquer à ceux qui ne croient pas et ne pratiquent pas ? Si tous ceux qui sont venus vers Jésus-Christ et qui l’ont choisi comme maître et Seigneur disent que leur vie a vraiment changé, la réponse est celle de Jésus aux disciples de saint Jean le Baptiste : « Venez, et vous verrez. » (Jn 1,39) Dans mon histoire personnelle, comme prêtre et particulièrement durant vingt ans comme curé de paroisse, je peux affirmer avoir vu des personnes être totalement renouvelées, transformées, revenir à la vie, être réjouies par l’œuvre de la grâce en elles. Même si la vie fraternelle et l’écoute mutuelle ont pu avoir un fort impact psychologique sur leur état joyeux, il n’est pas possible de nier la puissance du travail fait par la grâce de Dieu en elles. Par exemple, combien de milliers de personnes ont être renouvelées durant des sessions de prière à Paray Le Monial ? Combien de jeunes sont revenus totalement différents des journées mondiales de la jeunesse et ont fait le choix d’un don d’eux-mêmes par exemple en partant en coopération ? Seuls les aveugles du coeur, ou les personnes de mauvaise foi contrediront cela, ceux que Jésus désignait comme ayant la nuque raide.

Je ne peux prétendre être un observateur compétent de la société actuelle, mais n’est-il pas impressionnant de voir que le modèle de notre économie consumériste s’est arrêté brusquement sur un obstacle imprévu et que la navigation de nos gouvernements se fait à vue, comme un pécheur rentre au port sur son frêle esquif en évitant les rochers. Nous sentons qu’ils ne voient pas grand chose, que des mesures sont prises au grès des circonstances fluctuantes. N’est pas Madame soleil qui veut. Le monde avance à vue et personne ne sait prédire quel chemin sera possible dans le moyen terme. Les hommes politiques cherchent des solutions matérielles et financières pour que l’espoir renaisse. Mais l’Espérance est autre chose, c’est croire en un Père qui nous attend et nous tend les bras, dont le cœur est rempli d’amour, venu vers nous par son Fils pour nous sauver, soutenant nos efforts en vue du bien. La foi en Jésus-Christ donne à nos vies une base solide et stable. Oui, quelque soit la direction que prendra la société et qui sera ardue n’en doutons pas, nous sommes accompagnés pour une personne vivante et aimante, le Seigneur. Si nous accueillons cela avec conviction et l’incarnons dans nos vies, nous recevrons une grâce de sérénité, et ce sera un témoignage pour ceux et celles qui réalisent actuellement que la société liquide et horizontale qui les enveloppe ne leur offre pas la joie profonde espérée. Viendront-ils alors vers Jésus-Christ ? Iront-ils jusqu’à dire à leur tour : « Seigneur, à qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle ! » ? Ce sera leur choix. Cependant, sommes-nous préparés à les écouter et à les conduire à Jésus, à les accueillir dans nos communautés ? C’est le moment d’y réfléchir sérieusement, nous le pensons. Peut-être faut-il faire déjà un pas vers eux, vivre une Eglise en sortie !

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Donnez au Denier de l’Eglise

Avec le confinement, notre diocèse voit ses ressources s’effondrer. Le Denier demeure LA ressource de l’Eglise nécessaire à la mission ! Merci car nous vous savons attachés à l’Eglise en Eure & Loir. Soyez bénis !

Mai, le Mois de Marie

Traditionnellement ce mois est pour la Vierge Marie. Allez dans votre église la prier avec le chapelet, mettez y un cierge. Dans nos familles, tournez vous avec confiance vers elle. Sa prière est puissante auprès de Dieu Père.

publié par Pierre-André