Message de Monseigneur Christory du lundi 11 mai 2020. « Si vous gardez ma Parole… »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. » (Jn 14,23) Il ne s’agit pas de simples mots. Jésus n’utilise pas ici le mot paroles au pluriel. Souvent dans le passé, Dieu communiquait des paroles par les patriarches ou par ses prophètes. Ainsi Moïse apporta les dix paroles écrites sur les pierres de la loi, que l’on appelle les dix commandements. Or dans l’Evangile de saint Jean lu ces jours-ci à la messe, il est question de la Parole qui véhicule, au-delà des mots, la voix et la force de l’Esprit Saint. Par sa Parole, Dieu crée tout ce qui existe, il fait advenir l’homme et la femme à l’existence et à la vie. La Parole divine est vivante. Elle n’est pas simplement un langage écrit avec de l’encre sur un parchemin ou une feuille de papier. Elle transmet une présence, une volonté et un désir divin, elle communique une espérance, elle fait vivre. Chrétiens, nous ne défendons pas un texte, mais nous accueillons Dieu vivant qui nous parle. Sa Parole s’est faite chair, prenant forme humaine dans le sein de la Vierge Marie.

« Qui m’aime gardera ma Parole ». Qu’est-ce qu’aimer ? C’est la grande question qu’expriment les artistes par leurs poésies ou leurs chansons. En scrutant les écritures et particulièrement l’Évangile, en méditant longuement les paroles de Jésus, l’Esprit explicite ce qu’est l’amour. Qui aime Jésus en vérité garde sa Parole, comme la Vierge Marie l’a gardée et l’a méditée en son cœur. L’Amour est un langage, il rejoint le coeur, il saisit tout l’être. L’auteur de la lettre aux hébreux dit que « la Parole est énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. » (Hb 4,12)

Heureusement la Parole nous console. Comme le Seigneur me parle, je ne suis pas seul face aux difficultés. Malgré l’épreuve terrible du dépouillement et de la maladie que vit Job, celui-ci garde sa fidélité : « Le précepte de ses lèvres, je ne m’en suis pas écarté ; au-delà de mon devoir j’ai gardé les paroles de sa bouche. » (Jb 23,12) Une traduction de ce verset dit « j’ai abrité en mon sein les paroles de sa bouche ». Le sein, c’est aussi le coeur, l’espace de l’Amour où je rencontre le bien-aimé, le Seigneur. Job est un bel exemple de fidélité.

La Parole est aussi celle qui éclaire nos chemins. « Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route. » (Ps 118,105) Sans la Parole qui oriente ses choix, l’homme contemporain ne sait pas où il va. Quand le système économique est fortement ébranlé, quand les finances sont menacées, quel chemin prendre ? Qui nous indiquera la route du bonheur ?

C’est bien le centre de la vocation des prophètes que de parler de la Parole de Dieu et de nous transmettre ses paroles. S’il est un prophète qui fut martyrisé et incompris, c’est bien Jérémie. Le livre qui porte son nom mentionne de très nombreuses fois la Parole divine. Jérémie, appelé jeune à la vocation prophétique, affirme : « Quand je rencontrais tes paroles, je les dévorais ; elles faisaient ma joie, les délices de mon cœur, parce que ton nom était invoqué sur moi, Seigneur, Dieu de l’univers. » (Je 15,16). Son coeur est façonné par la Parole qu’il doit annoncer. Un autre prophète, Ezéchiel, fait une expérience spéciale car Dieu lui demande de manger la Parole, aussi s’exécute-t-il : « Le Seigneur me dit : « Fils d’homme, ce qui est devant toi, mange-le, mange ce rouleau ! Puis, va ! Parle à la maison d’Israël. » J’ouvris la bouche, il me fit manger le rouleau et il me dit : « Fils d’homme, remplis ton ventre, rassasie tes entrailles avec ce rouleau que je te donne. » Je le mangeai, et dans ma bouche il fut doux comme du miel. » (Ez 3,1-3) C’est le moment de se rappeler que Jésus dira : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Mt 4,4)

Pourquoi est-ce important ? Si la Parole console, est un chemin, donne la vie, alors nous avons un critère à appliquer dans l’autre sens : comment pourrais-je dire que j’aime Dieu si je ne garde pas sa Parole en moi ? Comment sans la Parole rester relié à Dieu ? La Parole est comme l’échelle de Jacob qui nous relie avec le Ciel. Garder la Parole et l’aimer sont deux attitudes similaires et complémentaires. Par elle, l’homme est relié à Dieu. Cette promesse merveilleuse s’applique : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » (Jn 14,23) Il s’agit d’une réalité mystérieuse et étonnante que la théologie nomme par une expression originale : « l’inhabitation de Dieu en l’homme ». Cela signifie que chacun de nous, pauvres mortels et pêcheurs, peut devenir un tabernacle, telle la tente de la rencontre, dressée par Moïse dans le désert, où Dieu descendait. Ce que Saint Paul exprimera par « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. » (Gl 2,20) Penser que Dieu désire vivre en nous tout en respectant parfaitement notre humanité cause la jouissance. Alors, Dieu-Amour se déploie à travers tout ce que nous nous proposons de vivre et d’être. C’est la condition pour être lumineux en ce monde afin que cette lumière se fasse charité. Saint Augustin exprimait cette découverte bouleversante ainsi : « Bien tard je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard je t’ai aimée ! Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors et c’est là que je te cherchais, et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me ruais ! Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ; elles me retenaient loin de toi, ces choses qui pourtant, si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas ! »

La vie spirituelle nous appelle à ne pas nous disperser et mais à nous centrer sur la présence intérieure de Dieu rendue possible par Jésus seul médiateur entre Dieu et l’humanité. Une condition est néanmoins nécessaire, c’est le silence afin d’écouter la voix intérieure qui se fait Parole vivante en nous. Elle m’enseigne le sens de la vie, la direction à suivre, l’art d’aimer. La Parole devient peu à peu l’âme de notre prière. Le pape François rappelait : « La prière en premier lieu. Ensuite le reste. Quand les autres choses prennent la place de la prière, quelque chose ne fonctionne pas. Ainsi l’Eglise avance, par la prière, le courage de la prière, car l’Eglise sait que sans cette montée vers le Père elle ne peut pas survivre. » Quand la prière est remplie de la Parole, elle devient une source lumineuse.

En ce mois de mai, avant de prier ensemble l’Angelus, contemplons encore la Vierge, la Mère de Dieu, devenue mère par son accueil du message de l’Ange et son acquiescement à la Parole qui peut agir en elle, en y déposant la semence de vie. « Qu’il me soit fait selon ta Parole ! » ne signifie pas que ce serait l’Ange qui aurait autorité pour faire advenir ce petit bébé en elle, mais bien la personne de l’Esprit Saint, Dieu lui-même. Marie est la nouvelle demeure de Dieu, la tente où se rencontrent l’homme et Dieu, la nouvelle échelle de Jacob qui nous connecte à la Gloire céleste, par elle vient la Vie parfaite, Jésus.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, prions :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Donnez au Denier de l’Eglise

Avec le confinement, notre diocèse voit ses ressources s’effondrer. Le Denier demeure LA ressource de l’Eglise nécessaire à la mission ! Merci car nous vous savons attachés à l’Eglise en Eure & Loir. Soyez bénis !

Mai, le Mois de Marie

Traditionnellement ce mois est pour la Vierge Marie. Allez dans votre église la prier avec le chapelet, mettez y un cierge. Dans nos familles, tournez vous avec confiance vers elle. Sa prière est puissante auprès de Dieu Père.

publié par Pierre-André