Message de Monseigneur Christory du 23 mars 2020
Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,
Chaque matin, au premier office des lectures, lorsque le jour se lève, nous chantons le Beneditus. C’est la prière de Zacharie, lorsque son fils tant espéré nait, qu’il est circoncis et qu’il lui donne, en tant que père, le nom de Jean. Ce prénom est inhabituel pour cette famille, mais c’est celui que l’ange lui avait indiqué alors qu’il lui révélait que Elisabeth son épouse âgée et stérile serait mère. Cette longue prière (Luc 2, 68-79) commence par « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui visite et rachète son peuple ». Chaque matin, disait saint Vincent de Paul, j’ai une certitude, la miséricorde de Dieu s’est levée avant le jour. Dieu nous regarde ouvrir les yeux sur la journée qui advient, il nous voit d’un regard aimant, il veut déjà nous dire de ne pas craindre et de mettre notre confiance en lui. Alors la belle formule de sainte Thérèse de Lisieux nous guide : « la prière c’est un simple regard vers le Ciel ». Disons lui simplement « je t’aime et te confie tout ce jour ». Ce matin, la ciel est très bleu sur l’Eure et Loir. Il fait froid dehors mais c’est le printemps. Oui, c’est le printemps depuis samedi ! Il est possible que confinés nous n’en ayons pas pris conscience.
Une nouvelle semaine de confinement arrive donc. Il a été peut-être difficile de prendre un rythme et de structurer nos premières journées. Mais nous y sommes tenus dorénavant, particulièrement ceux qui sont seuls afin de ne pas se laisser aller, mais aussi les familles avec des enfants afin que tout se déroule aimablement et que soient profitables ces journées ensemble.
« Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? » dit l’Ecriture (Ps 94,7).
Aussi, lisons plus avant le Benedictus, où nous trouvons :
« Il a fait surgir la force qui nous sauve
dans la maison de David, son serviteur,
comme il l’avait dit par la bouche des saints,
par ses prophètes, depuis les temps anciens :
salut qui nous arrache à l’ennemi,
à la main de tous nos oppresseurs,
amour qu’il montre envers nos pères,
mémoire de son alliance sainte. »
Quelle notre force ? Nous chantons parfois « Dieu fort, Dieu immortel ». Si Dieu est créateur et tout-puissant, que sa Sagesse englobe toute chose, y compris ce que les sciences de l’homme recherchent, sa force passe par sa miséricorde, par sa tendresse, par sa bonté. « Dieu seul est bon » disait Jésus (Lc 18,19). Sa force est annoncée par les prophètes, proclamée par Jean-Baptiste, transmise par Jésus. La force est en réalité l’Amour qui ne peut être vaincu : « les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour, ni les fleuves l’emporter » (Ct 8,7). Par l’annonce de cet amour et de sa force, est reçue la foi, pas seulement le fait que Dieu exista, car nous ne sommes pas des déistes, mais la certitude qu’il vient nous sauver du péché et de la conséquence funeste du péché, c’est à dire la mort. Celui qu’annonce la grande prière de Zacharie est Jésus-Christ dont Jean-Baptiste en tant qu’ultime prophète est précurseur : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale ».(Jn 1,26-27). Ainsi Jésus récapitule toutes les prophéties et répond à toutes les attentes du peuple hébreu, ici et partout, maintenant et toujours, puisqu’il vient sauver tout homme et tous les êtres humains, hommes et femmes. Avec tous les enfants ! Même ceux qui vous fatiguent en ces journées assez longues à la maison !
Alors la prière nous invite à une vie nouvelle :
« Afin que, délivrés de la main des ennemis,
nous le servions dans la justice et la sainteté,
en sa présence, tout au long de nos jours. »
En accueillant en vérité Jésus comme Seigneur et Sauveur, ce que fait Jean le Baptiste, nous entrons dans ce chemin de sainteté et de justice, c’est à dire que nous décidons de répondre à notre vocation chrétienne, que nous cherchons à ressembler à Dieu par l’Amour exprimé envers nos proches, et cela « tout au long de nos jours ». Comment vivra-t-on cette attitude en ce lundi en notre appartement ou en notre maison, seul ou avec quelques parents et enfants ? Que voudra dire cet appel pour soi ? Comment le savoir ? C’est en prenant du recul dans le silence (si cela est possible), en nous isolant des bruits ambiants et en invoquant l’Esprit Saint pour entendre interieurement un appel à poser un acte d’amour nouveau.
Dans la lecture du prophète Isaïe, de la messe de ce jour (Is 60,17) il est écrit « ainsi parle le Seigneur : oui, voici : je vais créer un ciel nouveau, une terre nouvelle, on ne se souviendra plus du passé, il ne reviendra plus à l’esprit. Soyez plutôt dans la joie, exultez sans fin pour ce que je crée. » Quelle promesse ! Quelle invitation !
Si je prends conscience du Salut qu’offre Jésus, si je choisis – car l’amour croît par la volonté en acte – d’accueillir sa présence et d’être alors un être de don aujourd’hui, oui le ciel va être nouveau et la terre sera renouvelée pour porter du fruit. La vie chrétienne s’incarne aujourd’hui. Elle ne fuit pas la réalité pour un nirvana introuvable, elle ne regarde pas ailleurs, elle découvre l’espace concret qui est celui donné pour nous aimer les uns les autres. Certes cela demande du courage, mais vous en avez, n’est-ce pas ? Et s’il venait à vous manquer, composez le numéro de téléphone d’un ami sur qui compter et qui partage la foi afin de prier ensemble, de louer ensemble, et demandez ensemble au Seigneur cette nouveauté merveilleuse de sa présence au coeur de vos activités et le don de la joie.
Dieu veut créer en France un ciel nouveau et une terre nouvelle. Il veut être avec nous assurément. Il veut que nous levions les yeux. Nous intercédons pour que nos responsables politiques cessent d’ignorer la présence de Jésus qui nous sauve. « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4).
La fin de cette grande prière du Benedictus, la voici :
« Tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins
pour donner à son peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés,
grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu, quand nous visite l’astre d’en haut,
pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort,
pour conduire nos pas au chemin de la paix. »
Dans cette finale est dit le désir de Dieu de faire connaitre sa venue, d’offrir « le salut pour la rémission des péchés », et enfin il désire illuminer ceux qui « habitent les ténèbres et l’ombre de le mort pour conduire nos pas au chemin de la paix ». Nous désirons la lumière, quitter les peurs – elles croissent en ces jours de coronavirus pour beaucoup de citoyens – et « marcher sur un chemin de paix. »
La paix a un nom, la lumière a un nom, le salut a un nom, la joie a un nom. Vous le connaissez, c’est Jésus, lui notre joie.
En ce lundi, je vous bénis au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Et nous prions comme chaque jour (matin, midi et soir, n’est-ce pas maintenant !) l’angelus :
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.
R/ Amen.
Mgr Philippe Christory
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