Homélie du Père Jean-Pierre pour le 5ème dimanche de Carême
Nous approchons de la fin du Carême. Les textes bibliques de ce dimanche nous laissent entrevoir la joie de Pâques, la victoire de la vie sur la mort. Nous sommes invités à participer à cette victoire en nous engageant au service de la paix et de la vie. Comme chaque année pendant le carême, l’ Eglise nous invite à être sensibles à toutes les souffrances et les inégalités qui marquent notre monde. Nous le voyons bien, les pauvres sont de plus en plus pauvres et de plus en plus nombreux. L’actualité internationale est dominée par la violence, les conflits, la détresse de ceux qui fuient leur terre à la recherche d’un lieu de paix, les épidémies (coronavirus, paludisme, sida…) Il est important d’être attentifs aux cris d’ici et de là-bas.
Pour ce combat, c’est vers le Seigneur que nous nous tournons. Les textes bibliques de ce dimanche voudraient nous y aider. Nous avons tout d’abord la première lecture qui nous ramène au quatrième siècle avant Jésus Christ. Le peuple d’Israël se trouve en grande détresse car il est déporté en terre d’exil. Mais le prophète Ézéchiel intervient pour raviver l’espérance des exilés. Dieu ouvrira le tombeau dans lequel ce peuple s’est englouti. Il le ramènera vers la terre d’Israël. Ce sera la victoire de la vie sur la mort. À travers ce texte biblique, nous avons déjà une approche de l’idée de résurrection.
Il y a un mot qui revient souvent dans l’Ancien Testament et dans l’Évangile : c’est le verbe « sortir ». Nous découvrons un Dieu qui fait « sortir » son peuple d’Égypte ; il lui annonce qu’il le fera sortir de ses tombeaux : « Je mettrai en vous mon Esprit et vous vivrez. » L’Évangile nous parle également d’un Dieu qui « sort ». Nous connaissons tous la parabole du semeur qui est sorti pour semer. Et nous n’oublions pas le maître qui sort pour embaucher jusqu’à la 11ème heure. Aujourd’hui, l’ Eglise nous invite à sortir de notre indifférence et de notre passivité. Comme au temps de Moïse, le Seigneur voit la misère de son peuple et il nous envoie pour le libérer de tout ce qui le détruit.
L’Apôtre Paul dans sa Lettre aux Romains, nous parle de l’Esprit qui nous fait sortir de l’emprise de la chair. Dans son langage, il s’agit des faiblesses de la condition humaine et du péché. Nous sommes appelés à vivre sous l’emprise de l’Esprit. À travers ce message, il nous revoie à la vie divine qui est semée en nous. Elle est le gage de notre résurrection. C’est la vie qui l’emporte sur la mort. Nous devenons de jour en jour plus attentifs, plus solidaires et généreux. Grâce à l’Esprit Saint, nous apprenons à ouvrir nos yeux, nos mains et notre cœur.
L’Évangile de ce dimanche nous fait assister à la sortie de Lazare de son tombeau. À travers ce geste extraordinaire, Jésus exprime pleinement son pouvoir sur la mort. Les disciples savent que cette montée vers Jérusalem est une marche vers la mort. Malgré leur incrédulité, il veut leur faire comprendre que cette route s’achèvera par la victoire de la vie.
Frères et sœurs, de cet Évangile nous devons surtout retenir la déclaration solennelle de Jésus : « Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ». Puis nous avons la réponse de Marthe : « Oui, Seigneur, je crois. » En lisant cet Évangile, nous prenons conscience d’une réalité importante : ce n’est pas seulement Lazare qu’il faut sortir de son tombeau ; c’est l’humanité tout entière qu’il faut délivrer de la mort, des épidémies. Nous sommes tous appelés à sortir de notre égoïsme, notre indifférence, notre péché. Comme pour Lazare, le Seigneur nous dit à tous : « Viens dehors ! ». Attention !!! Attendons la fin du confinement.
Un simple retour à la vie ne fait que reculer l’échéance. Le Christ veut nous faire émerger à une autre vie. Il nous appelle à une vie nouvelle. Ce sera le triomphe de la vie sur la mort. C’est une vie qui ne passera pas. Mais avant toute chose, il nous faut entendre l’appel du Christ qui veut nous faire sortir de notre tombeau. Avec lui, c’est l’événement merveilleux de la victoire de la vie sur la mort. Nous sommes invités à vivre ce carême comme un passage vers une vie plus juste, plus solidaire, plus ouverte à Dieu et aux autres.
Avec le Christ, nous pouvons toujours triompher de nos peurs, avec lui nous pourrons éradiquer toutes les épidémies ; avec lui, retrouver le courage et l’espérance de repartir en avant. C’est chaque jour qu’il nous faut ressusciter avec lui.
Aujourd’hui, le même Christ compte sur nous pour participer à cette œuvre de libération : la victoire de la vie sur toute forme de maladie.
Au delà du confinement, beaucoup de nos frères et sœurs vivent déjà un peu comme s’ils étaient enfermés dans des tombeaux. Nous pensons à tous ceux qui sont opprimés, sans travail, affamés ou malades. Oui, nous croyons que le Seigneur peut ouvrir ces tombeaux-là, et renouveler la face de la terre.
Chers paroissiens levons nos yeux vers le Très Haut et implorons sa miséricorde. Avec la prière et le respect des consignes ( hygiène de vie, gestes barrières…), nous vaincrons la maladie. Mais nous savons aussi que la parole de Dieu, tout comme son action passent par nos engagements. Donc : RESTONS CHEZ NOUS !
En appelant Lazare à venir dehors, Jésus s’adresse aussi à tous les hommes. Il les appelle tous par leur nom. Avec Le Christ, aucune épidémie, et même la mort ne peuvent avoir le dernier mot. La mort n’est qu’un passage : c’est à dire une porte vers l’éternité.
En ce 5è dimanche de carême, faisons nôtre la profession de foi de Marthe: « Je crois, Seigneur ; tu es le Fils de Dieu qui vient sauver le monde. »
Que Dieu vous bénisse !