Message de Monseigneur Christory du 13 avril 2020. Lundi de Pâques.
Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,
« Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! Alléluia »
Je désire commencer par vous souhaiter une grande joie, celle de la résurrection de Jésus, qu’elle demeure en votre cœur et votre esprit, qu’elle éclaire votre quotidien sans que les difficultés ne l’atténuent. Le Christ est ressuscité et notre foi trouve ici son fondement. Je remercie particulièrement mes frères prêtres qui ont célébré la liturgie de ces jours saints dans des conditions difficiles, avec la grande émotion d’être séparés physiquement de leurs fidèles tout en expérimentant un mode nouveau de présence spirituelle dans la prière simultanée et par les retransmissions. Jamais la messe célébrée par le Saint Père François ne fut autant suivie en France ! Oui l’église universelle était rassemblée pour adorer Dieu notre Père éternel et célébrer la résurrection de Jésus-Christ.
Bonnes fêtes de Pâques à vous les fidèles de l’église catholique qui nous portez par vos prières et toutes les manifestations de votre proximité fraternelle. Merci de tous vos messages et vidéos si sympathiques. Merci à ceux et celles qui ont continué à travailler à notre service pour que nous soyons approvisionnés, pour que les malades soient soignés. Je pense aussi aux paysans qui préparent les récoltes de demain, et s’occupent des élevages. Bientôt, nous aurons notre poulailler à l’évêché !
Curieusement la lecture de la messe de ce lundi nous projette à la Pentecôte. Grand saut puisque cette scène se déroule après l’Ascension de Jésus. Pierre est saisi par l’Esprit Saint au cénacle et il sort pour se tenir debout face à la foule des juifs à Jérusalem. Il est debout parce qu’il est certes commode d’être ainsi afin de parler à beaucoup de personnes, mais il est debout parce que depuis la résurrection, saisi par l’Esprit Saint, il n’est plus accablé ni meurtri par son triple reniement. Jésus l’a relevé au bord du lac de Tibériade par trois questions « Pierre, m’aimes-tu ? » (Jn 21, 15-17). Pierre a été capable de répondre, certes avec une profonde émotion : « Oui, Seigneur, tu sais bien que je t’aime ». Alors Jésus l’a confirmé dans sa mission « va et pais mes brebis ». Dorénavant et jusqu’à son martyre, Pierre sera debout pour annoncer la victoire de son Maître Jésus. Hier en priant le chapelet lors de ma promenade réglementaire, je croisé un couple qui me dit qu’il était bien d’être assis dans le salon pour suivre la messe par l’écran. Je me suis donc interrogé sur notre posture. Effectivement, dans nos églises, nous avons des chaises en paille plutôt inconfortables, nous nous mettons alternativement debout ou assis. Quelle est la place de notre corps dans la liturgie ? Pour illustrer cela, nous lisons saint Mathieu rapporter que les femmes venues au tombeau rencontrent Jésus, qu’elles s’approchent, lui saisissent les pieds et se prosternent devant lui. Leurs gestes expriment toute la reconnaissance, l’adoration, la gratitude, la déférence et la soumission religieuse envers Jésus. Que disent nos propres attitudes de notre foi et de notre attachement au Christ ressuscité ? Certains fidèles nous ont envoyé des photos de leur église domestique rassemblée pour la messe. Ils avaient installé un autel, avec des bougies et la Bible, certains enfants s’étaient habillés en servants portant l’aube blanche, des fleurs embellissaient le tout, pour vivre l’eucharistie le mieux possible. Que de beauté qui apporte la paix à l’âme. Le propre de notre religion est l’engagement de tout l’être, y compris le corps, car Dieu s’est fait homme avec un corps pour nous manifester l’Amour que Dieu Père nous porte; il le fait par ses gestes notamment envers les exclus et les pauvres.
Cette semaine de l’octave de Pâques, nous allons entendre les récits de la résurrection de Jésus. Savez-vous qu’il y a cinq chapitres dans les quatre Évangiles qui parlent des rencontres après la résurrection ? Un dans chaque Évangile de Mathieu, Marc, Luc et deux chez Saint Jean. C’est déjà beaucoup car l’Évangile est un texte très concentré. Mais dans les Actes des apôtres que nous lirons jusqu’à la Pentecôte, la Résurrection du Christ est mentionnée souvent comme le cœur de la proclamation de la foi. Ce mot Résurrection apparaît dans neuf récits différents des Actes, et le verbe ressusciter est utilisé 62 fois dans les Actes et les lettres. Reprenons le grand discours de Pierre après la Pentecôte : « ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoin. » Cette affirmation permanente va bouleverser les auditeurs. Elle devient chez les disciples envoyés en mission la vérité fondamentale pour laquelle ils vont offrir leur vie. De là découle la vraie source de joie car cette vérité est aussi l’affirmation de notre foi en notre propre résurrection et la promesse de vivre éternellement en Dieu. Le bouleversement qu’apporte la foi au Christ est la Résurrection, celle de Jésus et la nôtre. Si nous ne comprenons pas cela, nous ferons de la religion une morale, ce qu’elle n’est pas. Elle est une proclamation bouleversante, une nouveauté inimaginable, une promesse d’éternité, une invitation à nous tenir debout devant la face de Dieu avec un infini respect de sa Gloire et de son Etre divin.
À l’écoute de ces récits, nous serons interrogés sur leur véracité, pour soi-même et dans notre annonce au monde. Ce témoignage date de deux mille ans et il a parcouru le monde. Il a touché des pauvres et des puissants, des gens simples et des savants. Ceux qui l’ont accueilli avaient le cœur et l’intelligence ouverts pour croire ces témoins de la foi. Mais quiconque refuse de croire n’entre pas dans le Mystère. Ceux qui se disposent à écouter en vérité découvrent la puissance de l’Esprit que Jésus communique. Leur vie en est bouleversée et renouvelée. Ce fut le cas des premiers disciples venus soit du judaïsme mais souvent du milieu romain païen et polythéiste, comme Saint-Paul pourtant si opposé à Jésus dans son acharnement à faire arrêter et exécuter ceux qui le suivaient, c’est ainsi que l’Eglise s’est développée depuis 2000 ans.
Aurons-nous la même disposition du cœur pour répondre à Jésus comme Pierre lui-même : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » (Jn 6, 68-69)
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec Regina Coeli, qui est la prière traditionnelle vers Marie en ce temps pascal :
En latin :
Regina Cœli, laetare, alleluia:
quia quem meruisti portare, alleluia.
Resurrexit, sicut dixit, alleluia.
Ora pro nobis Deum, alleluia.
Reine du Ciel, réjouissez-vous, alléluia,
car Celui que vous avez mérité de porter dans votre sein, alléluia
est ressuscité comme Il l’a dit, alléluia
Priez Dieu pour nous, alléluia.
V. Soyez dans la joie et l’allégresse, Vierge Marie, alléluia
R. Parce que le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.
Prions :
Dieu, qui, par la Résurrection de Votre Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, avez bien voulu réjouir le monde, faites-nous parvenir, par la prière de la Vierge Marie, sa mère, aux joies de la vie éternelle. Par le Christ notre Seigneur. Amen.