Homélie du Père Jean-Pierre pour la Pentecôte.

Nous célébrons la fête de Pentecôte cinquante jours après Pâques. Tout au long de cette période, nous avons fêté Jésus ressuscité, vainqueur de la mort et du péché. Il nous ouvre un passage vers ce monde nouveau qu’il appelle le Royaume de Dieu. Il y a 10 jours, il s’est manifesté une dernière fois à ses apôtres le jour de l’Ascension. Le livre des Actes des Apôtres précise qu’il « s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. »

Voilà comment le Christ ressuscité d’entre les morts a disparu à leur regard. Mais il ne les laisse pas orphelins : il leur promet qu’ils vont « recevoir une force », celle du Saint Esprit qui viendra sur eux. C’est ce qui s’est passé le jour de la Pentecôte : ce jour-là, il y avait beaucoup de monde à Jérusalem. Les gens étaient venus de partout pour fêter le don de la loi à Moïse et à son peuple. À l’époque, c’était cela la Pentecôte. Mais ce jour-là, rien ne se passe comme prévu. Saint Luc nous parle d’un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent et aussi d’un feu qui se partageait en langues. C’était le don de l’Esprit Saint.

À ce moment-là, tout est changé dans le cœur des apôtres. La peur qui les paralysait est emportée. Ils se mettent à proclamer les merveilles de Dieu devant ceux-là même qui ont fait mourir le Christ sur une croix. La première de ces merveilles, c’est l’annonce de Jésus mort et ressuscité. Et ce qui est extraordinaire, c’est que chacun les entend dans sa propre langue. C’est une manière de dire que l’Évangile est pour tous, quel que soit leur pays. Il doit être annoncé à toutes les nations. C’est en vue de cette mission que l’Esprit Saint leur est donné. Le livre des Actes des Apôtres nous donne leur témoignage. En le lisant, nous découvrons que l’Esprit Saint les a précédés dans le cœur de ceux qu’il met sur leur route.

Mais pour continuer à avancer, des révisions sont nécessaires. C’est vrai pour une voiture et pour toute autre machine ayant un moteur. C’est aussi vrai dans toute vie chrétienne. Saint Paul, dans sa lettre aux Corinthiens, s’adresse à des chrétiens divisés. Il leur rappelle le rôle de l’Esprit Saint à l’intérieur de la communauté. Chacun a son charisme, ses qualités. Personne ne doit mépriser l’autre. Le fait d’être esclave ou homme libre, n’a plus d’importance. Dans l’Église de Jésus Christ, une seule chose compte : c’est notre baptême dans l’Esprit Saint. Il fait de nous des frères.

Frères et sœurs chrétiens, le rôle de l’Esprit Saint c’est de nous conduire vers la Vérité tout entière. Il nous rappelle les paroles de Jésus qui est venu nous révéler le vrai Dieu, le Dieu Amour. Oui vivre la Pentecôte, c’est accueillir ce don de Dieu et nous laisser imprégner par son amour. Cela ne se réalisera que si nous sommes humbles, entièrement ouvert à Dieu et aux autres. Si nous restons enfermés dans nos certitudes et notre orgueil, rien ne sera possible. Après l’Ascension, les apôtres ont pris du temps pour se préparer à accueillir le don de Dieu.

L’Évangile nous ramène au soir de Pâques, cinquante jours plus tôt. Les disciples restaient enfermés dans un lieu caché car ils avaient peur. Leur peur est parfois la nôtre. Dans un monde indifférent ou hostile à la foi chrétienne, il y a de quoi être inquiet. Souvent, la tentation est de nous replier sur nous-mêmes. Mais comme au soir de Pâques, Jésus ressuscité nous rejoint là où nous en sommes. Ses premières paroles ne sont pas des reproches, mais un souhait de paix. Avec lui, nous retrouvons la vraie joie.

Et malgré nos faiblesses et nos doutes, il continue à nous faire confiance : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »

Oui, chers paroissiens, cette parole adressée à ses apôtres, s’adresse aussi à nous aujourd’hui. Le Christ compte sur chaque baptisé pour être messager de son Évangile. C’est en vue de cette mission qu’il nous donne son Esprit Saint. C’est ce qui s’est passé pour nous le jour de notre Confirmation. Ainsi, comme Jésus, nous pourrons vivre dans l’amour du Père qui veut le salut de tous nos frères, les hommes.

À la suite des apôtres, l’Église est appelée à communiquer la paix et à manifester le pardon. Cette paix, ce n’est pas l’absence de conflit ; c’est d’abord la paix intérieure, c’est la miséricorde, c’est Dieu lui-même. La Pentecôte, c’est l’Esprit Saint qui vient illuminer notre nuit. Prions-le pour qu’il soit toujours avec nous ; qu’il nous donne la force, et le courage d’annoncer les merveilles de Dieu avec un zèle que rien ne saurait intimider.

Illustration : peinture de Jean Restout, La Pentecôte, 1732, huile sur toile, Paris, musée du Louvre

publié par Pierre-André