Message de Monseigneur Christory du vendredi 7 août 2020. « Si vous avez de l’amour les uns pour les autres ! »
« Je suis venu allumer un feu sur la terre, et comme je voudrais le voir déjà allumé ! » dit Jésus (Lc 12,49). De quel feu parle-t-il ?
Nous avons chaque été notre lot de feux de forêts et de moissons. La canicule, les hautes températures, tout cela attise le feu. Mais qu’en est-il du feu que désire Jésus ? Nous nous rappelons que la première manifestation de Dieu à Moïse eut lieu dans un buisson en feu. Chose extraordinaire, Moïse voit que le buisson ne se consume pas. Dieu lui parle et lui révèle son nom avant de l’envoyer en mission vers ses frères et sœurs hébreux opprimés par Pharaon. « Je suis celui qui suis », voici mon nom dit la voix (Ex 3,14). Que cela est étrange, car dans ce nom rien n’est dit. Aucun qualificatif ne nous aide à comprendre la nature divine. Rien n’est dit, mais tout est dit, car dans ce « je suis », l’homme approche le mystère de l’existence et de la vie éternelle que nous recevons chacun d’en haut. Or l’« être divin » se révèle être un pluriel, tel un « nous » qui crée, la Trinité entre le Père, le Fils et le Saint Esprit. Dieu nous partage sa vie en prenant corps dans l’humanité par le sein de la Vierge Marie. Non seulement il vient nous enseigner mais il se fait solidaire pour nous tirer de la mort et par sa résurrection nous associer à sa vie éternelle. Jésus offre les moyens pour parvenir à l’union avec Dieu, soit la Parole et les sacrements. Par-dessus tout cela, il promet de demeurer avec nous tous les jours en nous envoyant le Saint Esprit. C’est bien celui-ci qui est appelé feu. Ne s’est-il manifesté en abondance sur la Vierge Marie, les apôtres et les disciples, le jour de la Pentecôte sous l’apparence de flammes de feu posées sur chacun ? Avec l’Esprit, c’est un amour brûlant, une vive flamme d’amour dira saint Jean de la Croix, qui bouscule nos résistances et nos froideurs et qui nous embrase de charité. « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » dit Jésus aux hommes et femmes qui le suivent (Jn 13,35). « Car l’amour est fort comme la Mort, la passion, implacable comme l’Abîme : ses flammes sont des flammes de feu, fournaise divine. Les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour, ni les fleuves l’emporter. » (Ct 8,6-7). Ce mois d’août, ne passons pas à côté de tous les petits actes d’amour possibles qui allument ce grand feu souhaité par Jésus.
Ces dernières semaines la presse ecclésiale s’est fait l’écho de la demande de femmes d’être mieux considérées en accédant aux postes à responsabilité dans l’Église. Sept femmes ont même demandé à Rome d’être ordonnées prêtres. Le sujet nécessite d’être traité avec délicatesse. Nous le savons, trop souvent, les femmes voient leurs droits bafoués et sont sujettes à des violences physiques ou des paroles blessantes et insultantes. De tels actes et de telles attitudes sont inacceptables et indignes d’une culture qui se veut évoluée. La réponse à ces graves désordres est assurément l’éducation et la collaboration mutuelle. Voici quelques jours, je rencontrais au bord d’un canal à Tourcoing une quinzaine d’adolescents non chrétiens mais qui sont vite entrés en dialogue tellement surpris de rencontrer un évêque se promener, casquette sur la tête de surcroît. Nous avons échangé sur leur avenir, sur Dieu, et l’un d’eux, Enzo, est même revenu demander la prière pour son entrée en troisième. J’ai pu dire à deux jeunes filles du groupe combien elles étaient précieuses et aux garçons combien ils pouvaient être pour elles des chevaliers respectueux. Ce langage était sûrement inhabituel pour eux, mais il me semble qu’ils étaient à l’écoute. Oui, la femme est précieuse et mérite notre respect. Est-elle accueillie pleinement dans l’Église ? Nombre d’entre elles me disent leur bonheur d’y être bien à leur place. La question de l’ordination des femmes revient cependant régulièrement, notamment dans les médias. La reconnaissance des femmes consiste-t-elle à être ordonnées prêtres ? Faudrait-il cléricaliser les femmes pour qu’elles soient reconnues ? Le sommet de la vie de l’Église est-il d’accéder derrière l’autel ? Ne voit-on pas dans l’Église de nombreux laïcs, hommes comme femmes, assumer des responsabilités, au sein des diocèses, des associations et des mouvements ? Dans l’Écriture, combien de figures de femmes admirables ont joué un rôle décisif ! Aujourd’hui encore, combien de femmes se mettent courageusement au service de la foi et de l’Église ! À Chartres depuis début juillet, la nouvelle économe est une femme, Valérie Michelet. C’est une joie de pouvoir collaborer avec elle. La conduite des projets missionnaires, l’animation des paroisses et des aumôneries, l’enseignement de la foi, toutes ces missions, absolument nécessaires à la vie même de l’Église peuvent être portées par des femmes. Le sacerdoce ministériel est le propre des hommes : le Christ lui-même l’a voulu ainsi. Le prêtre est au service du peuple : sa charge est le service de la foi des fidèles par la célébration des sacrements et la prédication de la Parole. Le sacerdoce ministériel n’est donc pas un pouvoir. C’est un service. Et ce service, le prêtre le porte, pour et avec tous les fidèles, membres d’un même corps. Comme je vous ai lavé les pieds, faites de même les uns pour les autres, demande Jésus (Jn 13,14-15). Hommes ou femmes, prêtres, diacres, mariés, célibataires, jeunes ou vieux ; tous nous sommes appelés à prendre la tenue de service, dans une juste complémentarité entre les vocations et les talents. Le Seigneur a besoin de nous tous. Il attend de nouveaux disciples, hommes et femmes. Que vous soyez homme ou femme, bienvenue dans l’Église du diocèse de Chartres où tous vos talents et charismes sont espérés !
Dans quelques jours, nous serons à Lourdes (22 au 26 août), et là auprès de la Vierge Marie, nous prierons pour les malades. Beaucoup d’entre eux auraient tellement aimé vivre ces jours avec nous, mais les conditions sanitaires en ont décidé autrement. Tous, malades et bien portants, vous serez avec nous en nos cœurs. Ensemble, nous constituerons le même peuple qui vient aux pieds de Notre-Dame de Lourdes, accompagné par sainte Bernadette, et nous nous mettrons en prière, avec le chapelet, pour nous confier mutuellement à notre mère du Ciel. Lourdes est la ville du cœur de Marie et du cœur des petits. Là, les puissants apprennent le service des autres et, humblement, deviennent des personnes meilleures. Là la Vierge nous regarde « comme on regarde une personne » pour reprendre les mots de sainte Bernadette, elle qui était jugée et condamnée par tous comme la fille du voleur. Durant ces journées lourdaises, nous remercierons Valérie Gaujard qui a présidé l’hospitalité de Chartres depuis quelques années. Une belle figure de femme au service de l’Église !
En ces jours d’été, nous nous reposons physiquement et nous nous recueillons spirituellement auprès du Seigneur. Chaque voyage nous offre la chance de découvrir non seulement des églises et leur beauté, mais des communautés chrétiennes qui célèbrent l’eucharistie. Personnellement, le dimanche, j’ai toujours souhaité aller à la rencontre des paroisses, de m’y plonger dans la prière pour participer au sacrifice du Christ et à son offrande qui rachète le monde. Chanter d’autres chants, écouter une autre voix commenter les textes, être accueilli par des fidèles heureux de montrer qu’ici on vit l’esprit de communion. Cela est inspirant, cela déplace nos propres options, cela renouvelle nos regards et notre expérience. Je remercie tous les fidèles laïcs impliqués en ces lieux de vacances, particulièrement les chorales et les familles qui animent les célébrations. Nous avons ressenti si cruellement de ne pouvoir vivre ensemble la messe pendant le confinement. Nous l’avons retrouvée maintenant. Certes, dans certains lieux, il sera nécessaire de faire vingt kilomètres pour rejoindre une église. Nous parcourons souvent des distances bien plus grandes pour nous divertir. Je me remémore Antoine, catéchumène au Congo, qui marchait cinquante kilomètres à pied pour aller à ses rendez-vous de formation chrétienne. Dois-je préciser cinquante aller simple ? Restait le retour après ! Que ne ferait-on pas pour une messe quand on est un authentique pratiquant ? L’Eucharistie est la source et le sommet de la vie chrétienne. Ne l’oublions pas, en ce temps de repos, où nous changeons nos habitudes et bouleversons nos rythmes.
Avec la Vierge Marie, livrons-nous à l’Amour.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Ensemble, prions l’Angelus.
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen