Message de Monseigneur Christory du vendredi 26 février 2021. “Celui-ci est mon Fils bien-aimé.”
Nous sommes en période de vacances scolaires, une joie pour les enfants avec une belle météo à Chartres, du repos pour les enseignants, de bons moments pour ceux et celles qui sont en vacances, en montagne ou à la mer. Que tous ceux qui jouissent de cette détente méritée n’oublient pas leur rendez-vous spirituel, ce moment de recueillement à vivre par amour de Jésus. Chaque jour, recevez les textes de l’Écriture Sainte de la messe qui seront le GPS pour vous orienter.
Depuis une douzaine de jours, je suis positif au Covid que j’ai croisé lors de ma dernière visite pastorale. Me voici atteint à mon tour et par voie de conséquence solidaire des malades qui pour certains souffrent longuement des conséquences du virus. Tout un temps, je m’étais dit que je passerais à travers les gouttes. Les clercs vont souvent au-devant des gens et sont donc susceptibles de croiser le virus… Cependant, après 36 heures d’état fiévreux la semaine passée, voici que je vis sans symptômes. Est-ce ma bonne étoile ? Ai-je des prédispositions immunitaires ? C’est ce variant anglais qui m’a attrapé. La nouvelle s’est vite répandue… expression de la sollicitude des fidèles que je remercie de tout cœur. Cela a pu en rendre d’autres plus inquiets pour eux que solidaires. Nous ne maitrisons pas nos sentiments. Je suis impressionné par les services de la sécurité sociale qui m’ont appelé à peine les tests réalisés et se sont montrés pleins de sollicitude. Avec 22 000 cas quotidiens en ce moment, comment est-il possible de suivre si bien tant de personnes ? J’en rends grâce. Il me fut plus compliqué d’expliquer qu’étant évêque, avoir un arrêt de travail ne s’imposait pas ! Alors que j’écris, je vois le bout du tunnel et il m’est dit que je ne serai plus contagieux durant les mois qui viennent. Quelle bonne nouvelle ! Je remercie tous les soignants, ceux qui m’ont joint pour proposer leur aide. J’ai envie d’encourager chacun de nous à ne pas ignorer ceux qui sont malades. Comme il est aisé de mettre des distances. C’est pourquoi je fus si touché par ceux qui m’envoyèrent des fleurs. Elles sont auprès du Saint Sacrement comme rappel de leur amour fraternel. Cela me permet de prier pour eux chaque jour. Visiter, appeler, prendre des nouvelles, écrire, envoyer un cadeau, que ne pouvons-nous pas faire ? En visitant un malade, c’est Jésus que nous rencontrons. Quand un soignant administre avec amour des soins à un malade, qu’il sache que c’est Jésus qu’il soigne. Quand il touche son corps pour lui apporter l’hygiène nécessaire, c’est Jésus qu’il lave. « Tout pour Jésus » enseignait sainte Teresa de Calcutta à ses missionnaires de la charité, avec le sourire qui disait son saint désir de rendre heureux.
Ma bonne santé m’a permis de vivre trois journées en visio avec les évêques de France, des laïcs et des victimes d’actes pédophiles, des aidants et des professionnels. Dans un climat de partage fraternel, nous nous sommes écoutés et avons cherché à comprendre la notion de responsabilité. Tous nous comprenons que chaque personne est responsable de ses propres actes. C’est une question de bon sens. S’ajoutent d’autres formes de responsabilités face à ces drames, surtout la responsabilité liée à la solidarité, le fait de prendre soin des autres. L’Église, c’est-à-dire nous tous, recevons de Jésus la vocation à prendre soin de nos frères, les pauvres et les blessés de la vie. C’est une vraie responsabilité qui découle de la fraternité. Elle s’exerce vis à vis des victimes, de leurs proches, des fidèles des communautés chrétiennes, des clercs qui subissent parfois des jugements infondés, mais aussi des prêtres et des personnes qui ont commis des actes criminels. Ces derniers restent des frères et sont membres de l’Église. Le chemin est devant nous, après déjà tant de pas effectués grâce à l’écoute et l’approfondissement de ces questions. Des cellules d’écoute sont en place, des professionnels participent à la recherche, la CIASE fait une enquête à notre demande et son rapport nous sera remis en octobre. Il permettra de comprendre ce qui s’est passé. Comment ne pas remercier les membres de cette commission qui ont tant œuvré ? Nous réfléchissons à un lieu mémoriel pour éviter l’oubli. Dans les diocèses, avec tous les acteurs s’occupant de jeunes, des formations seront proposées régulièrement à tous. Il est certain que ces sujets seront approfondis avec fécondité par la participation nécessaire de tous les états de vie. Le risque serait de nous lasser et de ne plus agir. La fragilité humaine demeure. Certaines personnes auront encore des désirs pervertis. Elles doivent pouvoir parler et se faire aider en toute confiance pour ne pas répéter les crimes du passé. Il n’y a pas de point final à ce sujet puisque nous sommes en chemin. J’aimerais dire que la meilleure protection est la parole, ce qui veut dire la possibilité de trouver une écoute bienveillante. Sur ces questions ou sur d’autres, j’engage chacun à ne pas garder en lui les questions douloureuses de la vie qui deviennent alors des poids très lourds. Échanger lorsque l’on sait que l’on ne se sera pas jugé ouvre une voie de libération. L’Église est dans sa mission quand son cœur est ouvert pour écouter toute détresse. Là est la consolation.
Comme évêque, j’aimerais que nous regardions l’avenir, la mission vers ceux et celles qui nous entourent. Des prêtres font écho du retour des fidèles aux messes avec comme conséquence de devoir multiplier les célébrations pour respecter les consignes sanitaires. Chacun devra modifier ses habitudes et je compte bien sur les fidèles réguliers pour préparer le meilleur accueil envers ceux qui viendront pour les Rameaux et Pâques. Le pape cependant constate à la lecture de nombreux indicateurs la baisse dramatique de la solidarité. L’individualisme devient général et nous ne pouvons pas nous faire une raison. Ô combien la fraternité est la réponse, fondée dans notre relation au Dieu unique Père de tous, face aux défis sociaux et au besoin d’une société solidaire fondée sur l’amitié entre les personnes et les peuples ! À nous chrétiens, est confiée cette mission et une responsabilité en découle. Le temps du carême n’est-il pas une occasion merveilleuse d’y songer ?
Je ne développerai pas longtemps dans ce message un nouveau sacrement qui est, ce me semble, très profitable en ce carême : la confession encore appelé le sacrement de la réconciliation. J’entends des objections : « Moi, je me confesse directement à Dieu ! » dira telle personne. « Pas de besoin de parler avec un prêtre ! » dira un autre. Nous avons reçu la vie comme un don. Pourtant dès le troisième chapitre de la Genèse, l’homme et la femme désobéissent à Dieu. Ils veulent mettre la main sur l’arbre du bien et du mal, et perdent leur innocence originelle. Saint Paul constatera que nous portons un trésor mais dans des vases d’argile, que l’on peut traduire par fragile. Voici le drame de la condition humaine, le péché de l’homme qui le conduit à la mort. Or Jésus-Christ n’a pas voulu abandonner sa création à son état de perdition, il s’est fait homme pour donner sa vie jusqu’à mourir sur une croix par amour des pécheurs. Si Dieu seul pardonne les péchés, Jésus confia aux apôtres le soin de pardonner en son nom, de lier et de délier les âmes, de préparer ainsi les disciples pour la route du Ciel. Certes et nous en reparlerons, la forme du sacrement du pardon a évolué durant les siècles mais il est institué pour nous offrir un renouveau de la vie, il guérit nos âmes, nos cœurs et parfois aussi nos corps car en nous tout est lié. Plus que guérir leurs corps malades, Jésus a pardonné ceux qui venaient à lui. Ce fut le cas d’un homme grabataire que ses quatre amis descendirent de la toiture devant Jésus et à qui, voyant la foi des compagnons, il dit « confiance, mon enfant, tes péchés sont pardonnés ! » (Mt 9,2) N’est-ce pas merveilleux ? Prenons le temps d’y réfléchir. Pourrai-je aller voir un prêtre pour parler, et peut-être renouer avec ce sacrement ? Pourquoi ne pas y aller avec vos enfants, et au retour manger un bon gâteau pour faire la fête de la joie recouvrée ?
C’est pourquoi, pour donner le sacrement de la réconciliation demain, il nous faudra des prêtres. Prions encore avec foi et persévérance pour nos futures vocations sacerdotales. Ne faiblissons pas. Le Seigneur nous le demande. Et la Vierge Marie présente toutes les prières que nous lui adressons pour les offrir à Dieu notre Père.
Vierge Marie,
Mère du Christ Prêtre,
Mère des prêtres du monde entier,
Vous aimez tout particulièrement les prêtres,
Parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils unique.
Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre,
Et vous l’aidez encore dans le ciel.
Nous vous en supplions, priez pour les prêtres,
Priez le père des cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.
Priez pour que nous ayons toujours des prêtres,
Qui nous donnent les sacrements,
Nous expliquent l’Évangile du Christ,
Et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.
Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père,
Les prêtres dont nous avons tant besoin,
Et puisque votre cœur a tout pouvoir sur lui,
Obtenez-nous, ô Marie,
Des prêtres qui soient des saints.
Amen.
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