Message de Monseigneur Christory du vendredi 20 août 2021. « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. »
Marie, Notre-Dame, nous attire toujours à elle, par son humilité, par sa douceur et par sa fidélité à l’appel de Dieu. En cette fête de l’Assomption, une fois de plus, nous avons été réjouis de la prier de nous conduire à son Fils Jésus-Christ pour entrer plus avant dans l’adoration du Père Éternel. Nous l’avons regardée, nous l’avons priée, nous avons chanté son Magnificat, heureux de la dire bienheureuse. Comme saint Louis-Marie Grignon de Montfort l’enseignait dans ses missions paroissiales, notre dévotion mariale si elle est authentique ne peut déplaire à Dieu, au contraire elle est une juste médiation pour célébrer le Seigneur qui choisit cette jeune femme, son humble servante, pour venir à nous et partager notre condition humaine. La prier dévotement est alors le juste indicateur de notre reconnaissance envers Dieu. Marie ne cesse de nous dire de faire tout ce que Jésus nous enseigne. Elle est le modèle du disciple qui écoute la Parole et qui la garde en son cœur. Elle manifeste le courage de la foi quand elle demeure au pied de la croix. Elle se laisse totalement saisir par le Saint Esprit, depuis l’Annonciation jusqu’à la Pentecôte. Elle nous précède au Ciel dans la Gloire par son Assomption. Elle est pleine de grâces et nous accompagne en chaque instant. Aussi, comme j’ai pu le dire en cette fête, chaque renouveau missionnaire de l’Église fut marqué par un élan marial. Saint Jean-Paul II, qui a bouleversé l’Église par son infatigable zèle et ses enseignements, s’est montré un fils aimant de Marie, qui le sauva de la mort le 13 mai 1981 place saint Pierre. Sainte Teresa de Calcutta dont l’œuvre de compassion fut universelle remettait tous les projets portés par les missionnaires de la charité entre les mains de Marie.
À Chartres, fidèles à nos traditions, plus d’un millier de fidèles sont venus pour la grand’messe solennelle, le chapelet, la procession et la bénédiction de la ville, les vêpres et le salut du saint Sacrement. Ce fut une journée magnifique et très spirituelle avec de nombreux pèlerins et familles venus de l’Île de France. Dans cet élan, plaçons notre rentrée missionnaire sous la protection de la Mère de Dieu. Qu’en chaque paroisse, qu’en chaque église, des chrétiens se retrouvent régulièrement pour prier le chapelet et honorer la Vierge bénie. Nettoyons et fleurissons sa chapelle. Mettons-y de beaux cierges et une belle nappe d’autel. Faisons-lui un écrin : cela ne dépend pas seulement du clergé mais repose sur la foi et le zèle des fidèles. Au sein des familles, enseignons aux enfants cette belle prière qu’ils aiment découvrir et dire en égrenant les grains et en formulant leurs intentions. Ma génération fut souvent privée de ce magnifique patrimoine spirituel qui était alors considéré comme une dévotion désuète : lors des pèlerinages plus récents notamment ceux animés par des jeunes, le chapelet retrouve sa juste place et permet de méditer les mystères de la vie de Jésus.
Nous pouvons encore profiter de belles journées d’été, nous détendre avant la rentrée, cependant l’actualité nous enjoint de prier, encore et sans cesse et de ne pas nous mettre, sur ce point, en « vacances ». Prions ! Que ce soit pour le Liban, le pays des cèdres plongé dans une crise économique impitoyable qui désagrège davantage encore les relations déjà fragiles entre groupes politiques et religieux. Que ce soit pour Haïti, pays bouleversé par des tremblements de terre répétitifs dont les conséquences sont aggravées par l’incurie politique et les gangs violents. Que ce soit pour l’Afghanistan où le pouvoir est désormais aux mains des clans et des fanatiques islamiques. Que ce soit pour Madagascar où la famine et la pauvreté restent endémiques. Certes nous prions pour ces peuples et particulièrement pour nos frères et sœurs chrétiens qui œuvrent autant que possible afin d’y promouvoir la paix et susciter la solidarité entre tous. Peut-on faire plus ? Toujours ! Au moins en nous informant aux bonnes sources, en cherchant à comprendre les besoins, en aidant financièrement via des ONG fiables. Si vous avez quelques idées de projets à mettre en place dans votre paroisse, si vous connaissez des canaux d’entraide sûrs, surtout dites-le ! Les sœurs de Saint-Paul de Chartres sont engagées directement sur le terrain à Madagascar et peuvent recevoir des dons qui seront bien utilisés localement. L’AED œuvre en Haïti au plus près de la population avec l’Église locale. En Eure & Loir, c’est la mission de la diaconie diocésaine de relayer les besoins et de relier les acteurs de la solidarité.
Face à ces situations dramatiques, chacun voit sa propre vie selon ce qu’elle est, entre bonheur et malheur. Pour certains, c’est le deuil comme ce monsieur âgé qui pleurait ce 15 août la disparition de son épouse décédée en décembre dernier, ou comme cette famille dont une jeune fille est décédée d’une chute en montagne. En chaque eucharistie, nous faisons monter vos intentions vers Dieu notre Père. Ensemble nous sommes en chemin nous appuyant les uns sur les autres, nous marchons quelque part entre terre et Ciel. Par la prière nous nous reposons sur le cœur de Dieu. À l’écoute du Saint Esprit qui enseigne la Sagesse, nous discernons les questions suscitées par les lois civiles qui nous obligent comme celle du pass-sanitaire. Si la prudence est de mise car le virus est là et tue toujours, notre liberté est mise en cause par ces contrôles qui excluent. Convaincre sans contraindre, est-ce possible lorsque la loi n’a plus d’autorité face à la revendication individuelle ? Le slogan de 1968 « il est interdit d’interdire » s’est insinué dans notre pensée, chacun voulant décider de sa vie comme il l’entend. Nos sociétés modernes, refusant toute source transcendante pour éclairer leurs lois déconstruisent peu à peu la conscience chez beaucoup qui refusent l’idée même de la loi naturelle. L’on veut par exemple lutter contre les trafics de drogue mais rien n’est fait pour éduquer en vérité au refus de toute consommation. Pour arrêter des voleurs, on multiplie les caméras et les alarmes, mais qui enseigne encore le septième commandement aux jeunes ? Les familles sont brisées par l’adultère et le divorce mais qui parle de l’indissolubilité du mariage aux adolescents qui préfèrent se pacser plutôt que de s’engager ? Ce sujet sera porté par la « mission conjugale et familiale » du diocèse pour accompagner les couples.
Avec l’Évangile, nous avons un merveilleux chemin de vie qui touche le cœur de beaucoup de personnes même non chrétiennes. Être enseigné et enseigner pour aimer en vérité comme Jésus, voici la voie pour l’Église et aussi pour notre société. Mais tant de personnes n’ont pas accès à la Révélation. Par exemple, qui parlera de l’Évangile aux enfants scolarisés dans les écoles publiques ? Y a-t-il un texte plus riche et plus fondamental par sa sagesse dans la littérature antique ? Il semble pourtant trop chrétien à nos élites républicaines qui préfèrent ces philosophes désespérants comme Karl Marx ou Jean-Paul Sartre promoteurs d’un monde sans dieu et dont la pensée a conduit aux drames terribles du XXe siècle. Et cela continue aujourd’hui ! À nous d’être témoins de Jésus-Christ, à temps et à contre-temps, par notre vie, notre respect et notre bienveillance, notre langage et notre amour.
Mes chers lecteurs et amis, je voudrais vous laisser encore avec une prière touchante du Père Louis-Joseph Lebret (1897-1966), qui me vient d’un jeune homme rencontré à la gare Montparnasse alors que j’attendais un train. Il me l’a envoyée. Elle me bouscule un peu. Elle est un peu dans la veine des mots personnels du pape François qui disait aux jeunes du Paraguay en 2015 de mettre le bazar dans l’Église « Un bazar qui nous donne un cœur libre, un bazar qui nous donne la solidarité, un bazar qui nous donne l’espoir. »
« Ô Dieu, envoie-nous des fous, qui s’engagent à fond, qui oublient, qui aiment autrement qu’en paroles, qui se donnent pour de vrai et jusqu’au bout. Il nous faut des fous, des déraisonnables, des passionnés, capables de sauter dans l’insécurité : l’inconnu toujours plus béant de la pauvreté. Il nous faut des fous du présent, épris de vie simple, amants de la paix, purs de compromission, décidés à ne jamais trahir, méprisant leur propre vie, capables d’accepter n’importe quelle tâche, de partir n’importe où, libre et obéissants, spontanés et tenaces, doux et forts. Ô Dieu, envoie-nous des fous ! Ainsi soit-il. »