Message de Monseigneur Christory du 27 mars. Préparation des Rameaux, vendredi de carême et chemin de croix.

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Nous sommes vendredi de carême. Vous rendez vous compte que le dimanche des Rameaux sera célébré dans huit jours ? Nous vous donnerons, via vos paroisses, des indications pour vivre au mieux ce moment liturgique. Certes nous regrettons avec vous de ne pas pouvoir nous rassembler pour accompagner l’entrée de Jésus à Jérusalem et pour écouter le récit de la passion dans l’Evangile de selon Matthieu (Mt 26, 14 – 27, 66). Comment vivre la bénédiction des rameaux ? Nous proposerons à tous les fidèles de trouver des rameaux si possible dans leur jardin – si vous avez un jardin ! – ou dans la campagne, de les préparer et nous bénirons ceux-ci à distance, un peu comme le Pape bénit la ville de Rome et le monde à distance dans les grandes occasions. Ces rameaux pourront ensuite être mis sur vos crucifix comme de coutume, mais aussi faire partie de ce « jardin de Pâques » que nous proposons à tous de concevoir et de créer dans le salon, avec des cailloux, du carton, des tissus, en y mettant un calvaire et une tombe. Place à l’inventivité à laquelle, si vous êtes en famille, chacun apportera son savoir. Ce sera un beau support pour vivre chaque jour la semaine sainte et lire en famille les évangiles des célébrations. Un papa témoignait ces jours-ci qu’il lit l’Évangile tous les soirs durant trois quarts d’heure à ses enfants qui l’apprécient beaucoup, ce qui était aussi une redécouverte pour lui ! Voilà comment le foyer devient réellement l’Eglise domestique, cellule fondamentale de la vie ecclésiale. 

Chaque vendredi est un jour spécial pour commémorer la passion de Jésus, en mémoire de son arrestation par Pilate, de son jugement au matin puis sa montée vers le Golgotha où il fut crucifié. C’est ce jour-là qu’il meurt. Enfin, il est descendu de la croix et mis au tombeau à proximité, juste avant que le shabbat ne commence.

Normalement, en temps normal, chaque vendredi de carême nous revivons le chemin de croix dans nos églises. Pour moi personnellement, comment ne pas me rappeler celui que j’ai vécu avec un groupe de pèlerins à Jérusalem en novembre 2019 ? Partout il y avait du monde, on entendait des cris et nous subissions quelques bousculades, des marchands étaient installés à moitié sur la chaussée, quelques animaux comme des ânes passaient par là. Nous aurions aimé le silence d’une église pour mettre un genou à terre pour dire « nous t’adorons au Christ et nous te bénissons car tu as racheté le monde par ta Sainte Croix. » Mais là, bien au contraire, une agitation sonore nous était imposée peu propice au recueillement. Mais voici que l’Esprit Saint nous fit comprendre que Jésus a gravi ces ruelles en portant sa croix dans ces conditions la, que les marchands continuaient leurs affaires juste avant le shabbat qui serait le soir, certains curieux, certains indifférents, certains vindicatifs contre ce condamné à mort. Jésus silencieux, dans cette déréliction absolue où tous l’avaient abandonné sauf quelques unes comme Véronique qui selon la tradition lui essuya le visage avec un linge. Alors avec ces pèlerins, nous sommes montés vers le Saint-Sépulcre comme lui-même avait parcouru Jérusalem. Notre propre vie de foi se passe souvent au coeur du monde, dans son agitation, loin du silence bénédictin des abbayes. C’est là que le Christ a promis d’être avec nous, et nous ne fuyons pas ce monde, nous nous y plongeons de toute notre humanité pour l’élever alors vers Dieu le Père en intercédant pour chacun et tous, comme actuellement pour les victimes et les soignants, pour ceux et celles dont la situation de vie va être très bouleversée. 

Méditer le chemin de croix, ce n’est pas un acte de dévotion pour regarder en arrière, pour nous battre incessamment la coulpe même si nous sommes effectivement pêcheur et que le Christ a offert sa vie afin de nous délier des liens du péché et nous conduire à la vraie vie. La prière post-communion de la messe de ce jour dit : « fais-nous quitter ce qui ne peut que vieillir, mets en nous un Esprit nouveau ». N’est-ce pas une belle prière ? Celle du croyant qui a confiance dans le secours du Seigneur, dans la présence maternelle et aimante de la Vierge Marie et de tous les saints, et qui marche à la suite de Jésus dans la confiance, témoin de son Évangile au cœur de cette société, particulièrement en ces jours auprès des malades, des mourants et des familles endeuillés. 

Ce vendredi de carême, nous nous privons partiellement de nourriture. Ce jeûne a pour but une union à Dieu plus profonde et plus intime. Il n’est pas un défi physique, un exercice acétique même si parfois se priver de nourriture est un véritable effort. Nous pouvons choisir cette modération pour un plus grand élan d’amour, pour nous porter vers ceux ou celles qui attendent de nous un appel téléphonique. Nous offrons le temps libéré pour prier. Pourquoi ne pas reprendre un chemin de croix à la maison ? Pourquoi ne pas utiliser un petit livret de prière où nous parcourrons les 14 stations avec notre famille ou des amis grâce à Skype ou un autre média ?

Il est probable que pour vous qui lisez mes quelques lignes, la croix soit présente dans votre quotidien soit dans la solitude, soit la maladie et la souffrance, soit l’abandon et le rejet, ou bien par l’accompagnement d’un proche malade ou mourant, d’un autre en situation de handicap ou vivant de lourdes difficultés sociales, soit encore en soignant ceux et celles qui sont atteints par le virus. Cette croix, vous la portez courageusement en donnant le meilleur de vous-même; aussi pouvez-vous vous associer à Jésus qui continue à souffrir en sacrifice quand nous célébrons chaque jour, nous prêtres du Seigneur, l’eucharistie pour vous et avec vous, même si vous n’y êtes pas présent physiquement. Chaque eucharistie rassemble toute l’Eglise visible et invisible. Y sont particulièrement présentés à la Miséricorde du Père éternel les vivants et les défunts. 

Le chemin de croix est une prière profonde qui nous relie à l’essentiel. Il nous transforme par l’accueil de l’Amour absolu. Voulons-nous rester dans l’obscurité du petit coin que nous nous sommes fabriqués pour vivoter en ce monde ou voulons-nous nous mettre en route pour être le témoin heureux de Dieu, Lui qui nous conduira à la vie éternelle ? Levons les yeux, accueillons la lumière qui vient. Osons un acte de confiance envers Jésus qui a offert sa vie et qui demeure présent avec nous comme il nous l’a promis. Osons lui dire que nous voulons être son disciple. Osons lui dire simplement : « Jésus, je t’aime », il n’est pas de prière plus belle. 

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.
R/ Amen. 

Information complémentaire : il est prévu que la messe de 11h à la cathédrale de Chartres ce dimanche 29 mars, déjà retransmise en audio sur RadioGrandCiel, soit diffusée en video sur le site https://www.chartres.live

Mgr Philippe Christory
Evêché – 1 rue Saint Eman
28000 Chartres
Maison diocésaine 22 avenue d’Aligre
28000 Chartres
Tél : 02 37 21 19 92 / 07 85 60 80 32

publié par Pierre-André