Homélie de Monseigneur Christory du dimanche 29 mars. La résurrection de Lazare

« Je suis la résurrection et la vie, crois-tu cela ? »

Or Lazare est mis au tombeau, il est mort ! En ce dimanche de carême, au coeur de ce temps de confinement, la mort est là, tous ou presque nous connaissons quelqu’un qui a le virus, beaucoup de personnes en meurent, sans être entourées, à peine accompagnées au cimetière. Est-ce la fin de l’histoire ? Pour celui qui n’a pas la foi, probablement. Mais voici que le Christ nous fait entrer dans l’Espérance de la vie plus forte que la mort. 

« Je suis la résurrection et la vie, crois-tu cela ? »

Le passage de la résurrection de Lazare tiré de l’Évangile selon Saint Jean est habituellement l’occasion du troisième scrutin que vivent les catéchumènes avant leur baptême. Un scrutin est une prière de délivrance pour que tout ce qui est encore mort dans leur être quitte les ténèbres et vienne à la lumière par grâce de Dieu. C’est une longue péricope tellement émouvante car Lazare est le véritable ami de Jésus tout comme ses deux sœurs Marthe et Marie. Jésus est loin de leur maison, loin de Béthanie où il aimait faire halte, là où ils habitent et il va même arriver après la mort de Lazare pour que ses disciples croient en voyant la puissance divine à l’oeuvre en Lui.

Nous y découvrons la très grande sensibilité de Jésus dans l’amitié qu’il porte à ces trois personnages. L’Évangile rapporte que Jésus pleura quand ll fut conduit à la tombe, que tous y sont très émus. Parce que Dieu s’est fait homme, alors Dieu, en Jésus, peut exprimer sa compassion par ces beaux sentiments humains de peine et d’affliction. 

Il s’en suit alors le beau dialogue entre Marthe et Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ! Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » 

Combien d’entre nous n’ont pas dit cela à Dieu ? Si tu avais été là ! Où étais-tu ? Dieu paraît souvent lointain quand nous faisons face à la mort d’un proche. Et comment ne pas faire mention de tous les morts de nos familles, particulièrement en ces jours où certains décèdent à cause du Covid-19 ?

Jésus encourage Marthe sur son chemin de foi : « Ton frère ressuscitera » et « Moi je suis la Résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois tu cela ? » Marthe encore hésitante lui répond « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »

Puis Jésus demande d’ouvrir le tombeau, de délier le mort de toutes les bandelettes qui enferment le corps, et appelle Lazare à sortir : « Lazare, viens dehors ! ». Et le mort sortit ! Tout est tellement simple avec Jésus. Quelques mots suffisent à résumer ce fait totalement mystérieux. Lazare est vivant et il sera son disciple, selon la Tradition en Provence, il ira jusqu’en Gaule à Marseille où il y deviendra le premier évêque.

Quel est le projet de Jésus à travers ce récit et sa prédication ?

Il nous faut lire les textes de cette messe pour approfondir cette question, la première lecture tirée du livre d’Ezéchiel et le passage de l’épitre aux Romains de Saint-Paul. Ils parlent de la vie dans l’Esprit. Ils parlent d’une vie nouvelle. Ils parlent de vivre de l’Esprit Saint et d’accueillir la vie éternelle. Ils promettent que Dieu ouvrira nos tombeaux : « Je mettrai en vous mon Esprit, et vous vivrez ; je vous donnerai le repos sur votre terre. Alors vous saurez que je suis le Seigneur : j’ai parlé et je le ferai. » (Ez 37, 14)

Le projet de Dieu est de manifester que la mort n’aura pas le dernier mot. La mort est vaincue par la Vie, dès avant la passion et la Résurrection de Jésus. Les proches de Lazare en voient ici les prémisses. Nous sommes des êtres humains et nous découvrons plus avant notre fragilité à travers l’épreuve de l’épidémie. Mais voici qu’est explicitée par la Résurrection du Christ notre destinée à la Vie. Aussi chacun peut faire aujourd’hui le choix libre de suivre le Christ, ou de demeurer dans les ténèbres de la mort. Certains en ces jours, peu nous l’espérons, profitent et trafiquent en abusant des autres pour l’argent; ils prennent en réalité le chemin de la mort éternelle. Le pape saint Jean Paul II parlait d’une « culture de mort ». Tandis que beaucoup, des soignants mais aussi tant de personnes de bonne volonté souvent discrètes, offrent de l’Amour à ceux qui vivent cette pandémie dans la peur et la solitude. Puisse leur élan d’amour être récompensé un jour au Ciel ! 

Face à cette maladie, l’Évangile annonce la promesse de la Vie. Cette vie concerne aussi nos pauvres corps mortels. En effet nous croyons à une vie après la mort et nous croyons à la résurrection de la chair, car Jésus lui-même est monté avec son corps rejoindre Dieu le Père. C’est bien sûr un grand mystère mais cela n’en demeure pas moins vrai. En tant qu’humains, nous pouvons affirmer que nous sommes aussi un corps, que celui-ci n’est pas un objet marginal. Au contraire, nous prenons soin de notre corps, nous ne le méprisons pas, et Dieu créateur de toutes choses nous rendra nos corps glorieux à la fin des temps. Ici encore remercions les soignants qui prennent soin du corps des malades qu’ils accueillent avec délicatesse : ne vous découragez pas, ce que vous faites est grand !

Le chemin pour les catéchumènes, comme pour nous, est d’accueillir l’Esprit Saint comme principe de Vie. Il nous fait voir Jésus-Christ vivant, lui la source de la Vie. Je voudrais vous laisser l’image du verre soufflé qui reçoit sa forme d’un souffle qui l’emplie et le gonfle. Ainsi œuvre de l’Esprit Saint en notre cœur : il nous envahit et nous habite. C’est un souffle qui communique la tendresse de Dieu, qui révèle sa promesse pour notre vie. Il nous redonne notre forme originelle, c’est à dire notre ressemblance d’avec Dieu bon et miséricordieux. 

Ensuite, la vie nouvelle donnée à Pâques aux catéchumènes et au peuple de Dieu par la puissance de l’Esprit nous invite à témoigner de l’Évangile. Comme Lazare le fera, nous irons parcourir les forums de ce monde pour annoncer que Jésus est vivant et qu’il donne sa vie à tous ceux qui le choisissent comme Maître et Seigneur. Sans lui la mort a le dernier mot et l’espérance disparaît. Avec lui le ciel s’ouvre et nos vies sont alors un chemin lumineux vers l’éternité.

« Je suis la résurrection et la vie, crois-tu cela ? »
Amen
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 
Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’Angelus :
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.
R/ Amen. 

Cette homélie est donnée à Chartres en la cathédrale et retransmise sur le site chartres.live. Il vous est dorénavant possible de donner à la quête en ligne, soit depuis l’application smartphone la Quête, soit sur le site https://jedonnealeglise.fr/9543f879-0216-41e0-9001-6ec1d7f02831, où vous indiquerez votre paroisse et le montant. Simple et tellement important pour les paroisses qui ont vu leurs ressources tomber presque à zéro. Bon dimanche et à demain. 

Mgr Philippe Christory
Maison diocésaine 22 avenue d’Aligre
28000 Chartres

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publié par Pierre-André