Message de Monseigneur Christory du lundi 30 mars. La Joie et le Pardon.
Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,
Nous entrons dans la troisième semaine de confinement. Vous êtes nombreux à vivre la messe grâce à Radio Grand Ciel ou par video. Oui, la vie ecclésiale continue avec Jésus-Christ, à l’écoute de sa Parole, en présence de Marie notre Mère céleste. Aujourd’hui, laissez moi vous dire un mot de la joie et du pardon.
Dans son exhortation apostolique « La Joie de l’Évangile » le Pape François commence par : « la joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. » (EG 1)
Voici que ce lundi, lors de la messe, nous contemplons une des scènes les plus touchantes de l’Évangile : la femme adultère libérée par le pardon de Jésus. (Jn 8, 1-11) Qui d’entre nous dans la vie habituelle n’a pas entendu quelqu’un dire l’expression « je ne lui jette pas la pierre ». Cette péricope de l’Écriture Sainte nous place devant la violence de ceux qui accusent, convaincus que la loi de Moïse est inaliénable et que cette femme adultère mérite la mort par lapidation. C’est aussi un piège tendu à Jésus. Or son silence, son attitude abaissée et humble, exprime toute la tendresse d’un Dieu qui se penche sur l’homme pêcheur. Les accusateurs ne comprennent pas cela. La femme le ressent mais que peut-elle espérer ? « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » (Jn 8, 7) Jésus met chaque personne devant la vérité de sa vie. Oui nous sommes tous pêcheurs. Nous avons besoin du pardon de Dieu.
En ces jours avant Pâques, beaucoup de vous aspirent à pouvoir se confesser. Quelle conscience avons-nous de notre péché face à Dieu ? Pour beaucoup de catholiques, la confession n’est plus pratiquée. On ne voit plus son péché, ou on le considère comme banal, pas si grave. Cependant certains apprécient aller voir un prêtre et disent « cela me fait du bien » de me confesser. Mais la confession n’est pas d’abord une libération psychologique. C’est un acte de justice devant la grandeur de Dieu et devant mes frères et sœurs car mon péché abaisse l’Humanité et me détourne du projet divin. Surtout, le Christ a dit aux apôtres : « À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » (Jn 20, 23). Quelle belle promesse de savoir que l’Eglise a reçu mission de pardonner au nom de Dieu. Et nous n’en ferions pas cas ? Le pardon est la voie vers la sainteté de l’Eglise.
L’église, consciente que l’exigence du confinement ne peut pas être diminuée par charité vis à vis de ceux qui attraperaient ce virus et en deviendraient les transmetteurs auprès de personnes vulnérables qui en mouraient, demande de repousser la démarche sacramentelle du pardon à des jours plus propices. L’exigence est de se confesser au moins une fois par an, sauf en cas de péchés graves. Le saint Père François rappelle que « l’impossibilité physique ou morale dispense d’une telle confession » (CEC 1484) et qu’en nous mettant en présence de Dieu, en lui disant ainsi la vérité, en lui demandant pardon, avec un « acte de contrition bien fait », la « grâce de Dieu » agira et « notre âme redeviendra blanche comme la neige ». Puis nous pourrons faire acte de pénitence, par exemple en lisant un chapitre de l’Évangile ou en récitant un chapelet pour confier à Dieu par Marie votre profond désir de conversion.
L’épidémie que nous subissons peut impulser un vrai désir de conversion de vie, c’est-à-dire de nouveaux rapports humains faits de générosité, de partage et d’attention aux autres. Il n’est pas sûr néanmoins que les hommes de ce temps y arrivent. La tentation de l’égoïsme et de la consommation demeurera forte après ce drame sanitaire. Nous devons trouver auprès du Seigneur, par la prière et la vie ecclésiale partagée, la force pour opérer ce changement en vue d’une vie nouvelle. « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » dit Jésus à la femme (Jn 8, 11) Nous savons d’expérience qui n’est pas facile de changer de vie. Des choix s’imposent mais il faut les nommer, décider ce que mon quotidien sera dorénavant d’abord avec le conjoint pour celui ou celle qui vit en couple, avec les enfants et tous les proches, avec les personnes avec qui nous travaillons. Il nous faut opter pour des temps réaménagés afin de mettre l’essentiel au premier plan. N’est-ce pas un merveilleux projet qui appelle notre décision responsable ? Que ferons-nous ?
C’est un chemin difficile que la conversion. Le pardon est une force. Il est cette lumière qui ouvre le Ciel et qui donne l’espérance que nos efforts ne sont pas vains. C’est un chemin de sainteté. La sainteté consiste à toujours plus ajuster notre vie au projet de Dieu, à sans cesse tendre vers la ressemblance et l’image du créateur. Interrogeons-nous en vérité sur le juste chemin à emprunter. La vie chrétienne ne consiste pas en une simple coloration spirituelle comme on répandrait un coulis de framboises sur une charlotte, la sainteté c’est laisser l’Esprit Saint infiltrer de ses dons tous les lieux de ma vie intérieure et extérieure. Cela implique de ne pas se décourager devant ses propres fragilités et imperfections : « Dieu ne se fatiguent jamais de pardonner, c’est nous qui nous fatiguons de demander sa miséricorde… Il nous permet de relever la tête et de recommencer, avec une tendresse qui ne nous déçoit jamais et qui peut toujours nous rendre la joie ». (Pape François EG 3)
Voici que la joie de l’Évangile alors rayonnera dans nos vies. Le pape, dans le même texte, dit encore : « j’invite chaque chrétien, en quelques lieux et situations où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus-Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. » (EG 3)
Choisissons de vivre aujourd’hui une journée de joie spirituelle, encouragé par le pape (EG 6) : Jésus promet aux disciples : « vous serez tristes mais votre tristesse se changera en joie » (Jean 16, 20) et il insiste : « je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera » (Jean 16,22).
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.
R/ Amen.
Je confie à vos prières les défunts atteints par le virus, particulièrement les prêtres, dont le père Marc Frasez, 74 ans, qui exerçait dans les Yvelines dont les funérailles sont ce lundi à Chartres. Demandons au Seigneur en famille des vocations sacerdotales, pour que de jeunes garçons s’ouvrent à ce bel appel. Bonne journée.
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Mgr Philippe Christory
Maison diocésaine
22 avenue d’Aligre
28000 Chartres.
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