Message de Monseigneur Christory du mardi 31 mars 2020

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Hier, nous commencions à relire l’exhortation apostolique « La joie de l’Evangile » (Evangelii Gaudium) écrite par le Pape François en 2014, et j’aimerais vous redonner cette belle parole de Jésus « Vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie » (Jn 16,20). Cela va être vécu par la Vierge Marie, par les saintes femmes qui servaient Jésus, par les apôtres et tous les disciples en ces jours de la passion, mais la joie leur sera donnée le jour de la Résurrection. Pour nous c’est ainsi. Nous apprenons le décès de personnes proches de nous, dans le diocèse, dans notre paroisse ou notre famille. Puisse votre tristesse se changer en joie, par la lumière que donne la foi, lorsque le Ciel s’ouvre pour accueillir nos défunts et réentendre de manière personnelle la voix du Père « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. ! » (Mt 3, 17)

Nous nous rapprochons des fêtes pascales précédées par le dimanche des Rameaux. La lecture de « l’Évangile de la Joie » du Pape François nous fait percevoir le contraste entre un chemin de croix douloureux pour Jésus et la joie du Salut qu’il nous offre et nous demande de partager, en commençant par tous nos actes de charité du quotidien.

L’Évangile selon saint Jean est celui qui donne à méditer les profondes considérations de Jésus avant son arrestation, notamment le chapitre 17 que l’on appelle la prière sacerdotale de Jésus qu’il formule vers son Père, dans laquelle nous pouvons retenir comme idées importantes « le Père et moi sommes UN » et « que tous soient un, comme toi et moi sommes UN » (Jn 17, 20-26). Jésus n’a de cesse de se mettre en présence du Père et de nous rapprocher les uns des autres dans un véritable amour. Quand les soignants servent les malades, ils participent à cette oeuvre de salut et d’unité. Quand ils peuvent en plus, parce qu’ils sont chrétiens, prier en soignant et présenter chaque malade à la miséricorde de Dieu, même si cela se fait discrètement dans le coeur, ils appellent la consolation divine sur chacun et les unissent spirituellement à Dieu. C’est une grande oeuvre, qui donne courage pour ceux qui sont alités, et qui prépare à la Rencontre avec le Seigneur ceux et celles qui mourront. 

En ce mardi, l’Evangile est tiré du chapitre 8 de saint Jean duquel était extrait hier le récit de la femme adultère et du pardon octroyé par Jésus. Ici la controverse avec les pharisiens continue et il leur répond de manière énigmatique : « Jésus leur déclara : Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, JE SUIS, et que je ne fais rien de moi-même ; ce que je dis là, je le dis comme le Père me l’a enseigné. Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. » (Jn 8, 28-29)

L’expression «JE SUIS » nous reporte à l’expérience de Moïse dans le désert face au buisson ardent qui brûle et dans lequel la voix de Dieu se fait entendre : JE SUIS. (Ex 3, 1-7) C’est le nom même de Dieu, un nom imprononçable pour les juifs de l’époque. Une affirmation de sa divinité. Ici nous sommes prévenus que la révélation de sa nature divine passera par son élévation, mot qui signifie sa crucifixion. Dans cette abaissement total, Jésus « lui de condition divine s’abaissant jusqu’à mourrir » (Ph 2, 6) par cette atroce torture et cette mort ignominieuse, remet son Esprit au Père, passe par la mort et la mise au tombeau, puis par sa résurrection il manifeste sa gloire, « gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jn 1, 14)

La croix est un châtiment terrible. Parfois nous préférerions une religion du gentil bonheur. Mais le Christ nous dit que c’est par elle que se rétablit la communion entre l’humanité et Dieu le Père, par elle que le péché du monde est racheté, par elle que nous sommes sauvés. La croix devient le signe de la Bonne Nouvelle du salut. Elle devient dorénavant le signe de l’Amour divin livré pour nous, l’Amour divin qui nous est remis pour que « nous nous aimions les uns les autres » comme le Christ le fit : « Vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, s’offrant en sacrifice à Dieu, comme un parfum d’agréable odeur. » (Cf Eph 5, 2). La Croix demeure un scandale incompris pas beaucoup de personnes, pourtant nous pouvons y contempler le don de Jésus. J’ai en mémoire cette femme musulmane d’une quarantaine d’années qui, entrant dans une église, voit un calvaire suspendu à la voute présentant un grand Christ douloureux, et tombe sous le choc en disant « Mais pourquoi t’ont-ils fait cela ? »; elle se convertit et reçoit le baptême. Ainsi la foi en Jésus-Christ nous fait comprendre que la vie croît à mesure qu’elle est donnée aux autres, comme Jésus l’offrit, et que la joie de l’Evangile est dans cette découverte « qu’il y a toujours plus de bonheur à donner qu’à recevoir. » (Act 20, 35)

Le Pape François constate que le bonheur n’a de cesse de se communiquer : « Chaque expérience authentique de vérité et de beauté cherche par elle-même son expansion, et chaque personne qui vit une profonde libération acquiert une plus grande sensibilité devant les besoins des autres. » (EG 9) Aussi « l’Amour du Christ nous presse » (2Co 5, 14) et nous sommes encouragés à partager la foi qui nous habite et nous réjouit. Tirons parti du temps présent pour communiquer la Vie, celle qui a pour nom Jésus, à ceux et celles qui sont avec nous, présents en notre coeur. La joie du Christ grandit en étant partagée :  « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » (Mt 28, 19)

J’aimerais ajouter que nous sommes heureux de recevoir vos intentions de prière et pour quotidiennement les présenter au Seigneur lors de la Sainte eucharistie. N’hésitez pas à les adresser au curé de votre paroisse, ou à moi-même. De manière invisible et bien réelle, se forme une chaîne de prière magnifique en ces jours de confinement. Quelle joie de voir tant de fidèles prendre ce temps de la prière reliés aux amis, aux personnes âgées tellement isolées dans les maisons de retraite ou à domicile, aux familles et aux enfants. Chaque appel que nous pouvons donner ou recevoir manifeste le soin que nous prenons les uns pour les autres. Quelle est belle notre Eglise ! Elle se rassemble auprès du Seigneur d’un même cœur et d’une même âme.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’angelus :
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.
R/ Amen. 

Mgr Philippe Christory
Maison diocésaine
22 avenue d’Aligre
28000 Chartres

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publié par Pierre-André