Dimanche de Pâques. Homélie du Père Jean-Pierre

Après une période d’hiver et quarante jours de Carême, nous voici parvenus à la célébration de Pâques, très particulière cette année. C’est une fête qui se renouvelle d’année en année. Il est important pour nous de tout faire pour en comprendre la signification. Au départ, Pâques c’est la fête du passage. Elle nous rappelle qu’à l’époque de Moïse, le peuple hébreu a été libéré de l’esclavage d’Egypte. Il a « passé » la mer rouge pour s’acheminer progressivement vers la terre promise. Et au matin de Pâques, nous fêtons le Christ qui est « passé » de la mort à la Vie.

Des passages, il y en a beaucoup dans notre existence. Ils sont parfois célébrés par une belle fête. Ainsi le passage de l’enfance à l’adolescence puis à l’âge adulte. Certains sont appelés à des examens de passage. Plus tard, il y aura des passages qui mèneront d’une vie de célibataire à une vie conjugale ou une vie religieuse. Plus tard encore, ce sera le passage d’une vie active à la retraite. Puis, arrivés au terme de notre vie terrestre, la mort marquera notre envol vers la Maison du Père, vers la Vie définitive. Nous avons toute une vie pour nous préparer à ce grand passage.

La fête de Pâques nous éclaire sur tous ces passages qui marquent notre existence. Le grand passage de Jésus nous ouvre le chemin qui nous permettra d’aller plus loin. Célébrer la résurrection du Christ, c’est passer avec lui de la mort à la vie, c’est passer du pays de la servitude à la libération et au salut. Par notre baptême, nous sommes ressuscités avec le Christ. Avec lui, nous sommes entrés dans une vie nouvelle et rien ne peut nous séparer de son amour. Alors oui, nous pouvons en famille, ou seul, chanter Alléluia et rendre grâce au Seigneur qui fait des merveilles. Il est présent avec nous tous les jours et jusqu’à la fin du monde.

Les quatre évangiles nous disent que ce sont des femmes qui furent les premiers témoins de la résurrection du Christ. Certains se demandent peut-être pourquoi elles et pas les apôtres. Pour comprendre cela, il faut revenir au récit de la Passion. Alors que les apôtres s’étaient enfuis, elles sont restées jusqu’au bout au pied de la croix. Aujourd’hui, saint Jean nous donne le témoignage de Marie Madeleine. Elle fut la première à voir le tombeau vide. Pour elle, c’est vraiment le choc. Elle court prévenir les apôtres. A leur tour, Pierre et Jean arrivent sur les lieux. Jean est plus rapide, mais il laisse entrer Pierre qui regarde sans comprendre. Quand nous sommes accablés par le malheur, quand nous voyons toutes ces guerres et ces violences dans le monde, nous avons du mal à reconnaître la présence du Christ ressuscité.

Pour Jean, c’est différent : Il voit et il croit. Cette attitude vient de son lien  privilégié avec Jésus. L’évangile le désigne comme étant « le disciple que Jésus aimait ». C’est l’amour qui le lie à Jésus qui le fait courir plus vite. C’est par cet amour qu’il croit à la bonne nouvelle de Jésus ressuscité. C’est très important pour nous. Cet évangile nous révèle à quel point l’amour peut stimuler notre foi. Trop souvent, nous en restons à des discussions qui n’en finissent pas. L’important ce n’est pas de parler de Jésus mais d’avoir une vraie relation avec lui. Il nous aime tels que nous sommes et il ne demande qu’à être présent dans toute notre vie : les moments de joie familiale, les temps d’épidémie, de désespoir… Rien de ce que nous vivons ne peut lui être étranger.  Il nous arrive de chanter : « Tu es là au cœur de nos vies… » Le problème c’est que bien souvent, nous sommes ailleurs, loin de lui. Mais il ne cesse de nous appeler car il veut nous associer à sa victoire sur la mort et le péché.

L’apôtre Pierre a eu beaucoup de mal à croire. Il lui faudra des rencontres personnelles avec le Christ ressuscité. C’est à la suite de ces rencontres qu’il a pu devenir un témoin audacieux de sa victoire sur la mort. Son témoignage est clair : « Nous avons mangé et bu avec lui ». Après la Pentecôte, tout ira très vite. Le souffle de l’Esprit Saint va pousser Pierre et les apôtres à sortir du Cénacle pour annoncer la bonne nouvelle du Salut. Désormais, ceux qui croiront au Christ ressuscité recevront le pardon des péchés.

Depuis la Pentecôte, cette bonne nouvelle a été transmise de génération en génération jusqu’à nous.

A notre tour, Chers paroissiens, nous sommes envoyés pour transmettre le flambeau, dire notre foi en Jésus ressuscité. Ce n’est pas facile pour les hommes de notre temps. Nous vivons dans un monde imprégné par l’incroyance et l’indifférence. Mais l’évangile doit à tout prix être annoncé aux hommes de notre temps. Nous pouvons faire nôtre cette parole de Paul : « Malheur à moi si je n’évangélise pas ». Et nous pensons aussi à celle de Bernadette de Lourdes : « Je ne suis pas chargée de faire croire mais de dire ». Le principal travail, c’est l’Esprit saint qui le fait dans le cœur de chacun.

Cette fête de Pâques va durer 50 jours. C’est pour nous l’occasion de retrouver l’audace, de laisser mourir ce qui doit mourir et d’appeler à la vie ce qui doit vivre. Le Christ ressuscité nous invite à choisir la vie et à nous laisser envahir par l’amour de Dieu. C’est ainsi que nous pourrons faire reculer la guerre, la violence, la haine, le mépris des autres. N’ayons pas peur des forces du mal et de la mort. Dieu a ressuscité Jésus d’entre les morts et il nous donne le désir de vivre en ressuscités avec lui.

En ce jour, nous te prions, Seigneur ressuscité ; viens enlever de nos cœurs la pierre qui nous enferme dans les ténèbres, la peur de l’épidémie du coronavirus. Fais-nous retrouver le sens de la vie fraternelle, et des valeurs cardinales. Que la lumière de Pâques brille sur le monde entier. Tu demeures avec nous dans le mystère de ton Eucharistie. « Gloire à toi qui étais mort ! Gloire à toi qui es vivant ! Viens Seigneur Jésus. »

publié par Pierre-André