Message de Monseigneur Christory du 14 avril 2020.

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Le président de la République a confirmé un prolongement du confinement. Nous ne sommes pas si surpris mais nous sommes invités à approfondir notre relation au Christ ressuscité durant le temps pascal. Celui-ci est encore plus important que le carême et je vous encourage à lire les Actes des Apôtres, un chapitre par jour, pour y voir l’oeuvre de l’Esprit qui conduit l’Eglise naissante. C’est merveilleux d’accompagner les premiers disciples dans la folie du message de la Résurrection qui va atteindre des hommes et des femmes de toutes conditions et apporter une Espérance incroyable.

L’Evangile de saint Jean raconte plusieurs récits magnifiques des rencontres qui adviennent après la résurrection et qui apportent des messages profonds : l’arrivée de Pierre et Jean au tombeau vide, la rencontre de Marie de Magdala et Jésus quand elle le prend pour le jardinier, la venue de Jésus parmi les disciples le soir au Cénacle, la rencontre de Jésus et l’apôtre Thomas qui voulait toucher ses plaies, l’affirmation par l’évangéliste que Jésus « a opéré sous les yeux de ses disciples bien d’autres signes qui ne sont pas consignés dans ce livre » (Jn 20, 30), et l’apparition de Jésus au bord du lac de Tibériade lorsque les apôtres sont repartis à la pêche avec la mission redonnée à Pierre d’aller paître les brebis du Seigneur.

Dans le récit de la messe de ce jour, nous voyons Marie-Madeleine au tombeau qui le découvre vide et qui, « en pleurs, voit deux anges vêtus de blanc, assis à l’endroit même où le corps de Jésus avait été déposé, l’un à la tête et l’autre aux pieds » (Jn 20, 11-12). Ils lui demandent pourquoi est-ce qu’elle pleure ? Et voici la rencontre, une de plus avec une femme affligée – rappelons nous la femme adultère, la samaritaine, la cananéenne, la femme hémorroïsse, la femme dont le fils est mort, Marthe devant la mort de son frère, Marie en larmes aux pieds de Jésus, et d’autres encore ! – , où Jésus exprime toute la délicatesse de son coeur qui se met à l’écoute, qui se fait doux et humble : « Femme, pourquoi pleures-tu ? qui cherches-tu ? » Quelle question essentielle aussi pour chacun de nous. Qui est ce Jésus que nous recherchons ? Qui est-il pour vous personnellement ? Pleurons-nous son absence ? Bien entendu tous les auteurs spirituels se sont toujours demandés pourquoi Marie ne le reconnait pas. Or dans son esprit, il est mort sous les coups. Dans son coeur elle est effondrée à cause du mal, de l’injustice, de la perte de celui qui passait en faisant le bien et qui relevait les êtres les plus abattus. Il y a comme un rideau de deuil qui enveloppe de noir la vision de Marie-Madeleine, faite de larmes et de tristesse. C’est dans l’échange des noms que le lumière apparaît, qu’un rayon de soleil illumine le coeur de cette femme. « Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître. » (Jn 20, 16) Marie tout à sa joie doit alors entrer dans une nouvelle relation au Christ glorieux, car il s’est offert à tous pour le salut de chacun, sa mission va se déployer, « ne me retiens pas » ce qui peut signifier que dorénavant chaque disciple et ami de Jésus comprend que Jésus vient pour toutes les nations et tous les peuples, que le salut sera communiqué largement à ceux et celles qui le suivront : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 19-20)

Bien entendu, avec ce récit de saint Jean, nous sommes sensibles à l’échange entre Marie-Madeleine et Jésus par ces mots délicats. Le texte est chargé d’émotion. Mais Jésus donne un message clair à Marie-Madeleine « Va trouver mes frères » (Jn 20, 17). Elle est donc envoyée par ce mot « va ». Cette demande est déjà venue plusieurs fois sur les lèvres de Jésus parfois au pluriel « allez ». Elle fut adressée aux apôtres et aux disciples choisis par Jésus qui l’ont accompagné trois années durant. Mais ici il s’agit d’une femme, d’une amie. Dans ce « va trouver » se dit la nouvelle condition de l’Eglise, une Eglise en mouvement, une Eglise en sortie, une Eglise qui communiquera aux périphéries vers ceux et celles qui sont à sa marge, les pauvres comme les riches souvent sans espérance. Partir trouver les hommes et les femmes de notre société devient le coeur de la raison d’être de nos paroisses, de nos assemblées et de notre fraternité. L’Eglise existe pour évangéliser. Elle détient un trésor, que l’Esprit Saint a condensé dans les évangiles : « Quant à nous, il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu. » (Act 4, 20) diront les apôtres.

Jésus complète un point important : qu’est-ce que Marie-Madeleine doit leur annoncer ? Jésus lui dit de dire : « Je monte vers mon père et votre père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20, 17). Voici ce qu’il faut découvrir plus profondément car après la résurrection, les paroles de Jésus prennent une valeur inestimable, chacune est précieuse. Elles sont l’ultime héritage de Jésus avant son ascension prochaine. Que veut dire ce message ? Jésus affirme à nouveau sa condition de Fils. « Jésus lui répond : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? » Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. » (Jn 14, 9-10) Jésus monte vers son Père et il affirme que ce même Père est notre Père. Nous, hommes et femmes, avons un Père au Ciel, qui nous communique sa vie, nous a créés à son image et sa ressemblance, c’est à dire capables d’aimer et de communion. Jésus reformule ce qu’il a dit quand il expliquait aux apôtres comment prier : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. » (Lc 11, 2) Dieu est un Père pour chacun de nous, cela veut dire qu’il nous engendre, que nous sommes ses fils et que nous recevrons le même héritage, c’est à dire la Vie éternelle auprès de Lui. Et pour confirmer la grandeur du Père, Jésus ajoute « Vers mon Dieu et votre Dieu. » Il n’y a plus de doute, ce même Dieu, vers qui Jésus en croix criait encore quelques heures plus tôt « mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » tellement la passion l’avait conduit à l’extrême solitude, ce même Dieu redonne à Jésus la place glorieuse qu’il avait auprès de Lui avant sa descente dans le sein maternel de Marie. La grande nouveauté est que les disciples découvrent que le Dieu Père de Jésus est vraiment le Dieu Père de chacun de nous. Avec Jésus, Dieu s’est fait proche pour que nous recevions la place que le Père nous a préparée en Lui, sur son sein, dans l’Amour pour un éternel présent.

Comment s’y préparer ? Dieu paraît souvent lointain et abstrait pour nous. Mais nous le connaissons par le Fils : « le Père et moi, sommes UN » (Jn 10, 30). C’est par la méditation de l’Évangile que nous entrons peu à peu dans une intimité d’amour avec Jésus et que nous comprenons qu’il est la parfaite icône du Père. Jésus incarne l’Amour du Père avec perfection. Chrétien, nous le devenons toujours plus par notre connaissance intime de Jésus. Voici le projet à prendre à bras le corps.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec Regina Coeli, qui est la prière traditionnelle vers Marie en ce temps pascal. Nous lui confions tout particulièrement le père Raymond Stephan qui est sur le point de rejoindre Dieu le Père.

En latin :

Regina Cœli, laetare, alleluia:
quia quem meruisti portare, alleluia.
Resurrexit, sicut dixit, alleluia.
Ora pro nobis Deum, alleluia.

Reine du Ciel, réjouissez-vous, alléluia,
car Celui que vous avez mérité de porter dans votre sein, alléluia
est ressuscité comme Il l’a dit, alléluia
Priez Dieu pour nous, alléluia.

V. Soyez dans la joie et l’allégresse, Vierge Marie, alléluia
R. Parce que le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.

Prions :

Dieu, qui, par la Résurrection de Votre Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, avez bien voulu réjouir le monde, faites-nous parvenir, par la prière de la Vierge Marie, sa mère, aux joies de la vie éternelle. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

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publié par Pierre-André