Message de Monseigneur Christory du 15 avril 2020. « Au nom de Jésus, lève-toi et marche. »
Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,
En ce temps pascal, soit les quarante jours après Pâques, nous lisons les Actes des apôtres, livre écrit par saint Luc à son jeune ami Théophile pour présenter la croissance de l’Eglise après la Pentecôte. Nous aurons un passage à la messe quotidienne. Ce mercredi, c’est un épisode émouvant, la rencontre d’un homme handicapé de naissance à la Belle-Porte du Temple de Jérusalem, et sa guérison opérée par Dieu par l’audace de l’apôtre Pierre.
Cet homme estropié voyait une foule de personnes venues de partout pour les fêtes de Pentecôte, qui elle ne le regardait pas malgré peut-être ses demandes répétées et ses cris. Il me rappelle l’aveugle Barthimée à la porte de Jéricho que la foule voulait faire taire quand il interpelait les gens avec vigueur. Qu’a-t-il vu dans l’attitude et le regard des apôtres ? Comment l’Esprit Saint les éclairait de sa grâce ? A-t-il pressenti qu’ils étaient des envoyés de Dieu ? C’est bien vers eux que ce pauvre se tourne à cet instant pour demander de l’aide. Il faut réentendre la merveilleuse réponse que Pierre lui fait : « De l’argent et de l’or, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche. » (Act 3, 6)
Lors des funérailles de Patrick Giros décédé en 2002, le fondateur de la belle association « aux captifs la libération » qui accompagne la vie de nombreuses personnes pauvres et sans-domicile-fixe, un de ses compagnons s’est mis devant le cercueil pour lui dire : « Patrick, tu nous as appris que certains parmi nous demeureraient toute leur vie à la marge et ne pourraient pas réintégrer le texte, mais tu nous as dit aussi que bien que restant à la marge, ils avaient le droit de connaître Jésus-Christ ! » Oui, les droits de l’homme incluent le droit fondamental de connaitre Jésus ressuscité et vivant avec nous.
Comment Pierre appelle-t-il l’Esprit Saint sur cet homme ? Il le fait « Au nom de Jésus ». Quelle belle expression, le Nom de Jésus ! Aujourd’hui il est possible qu’elle nous semble un peu traditionnelle. Saint-Vincent de Paul et Sainte Louise de Marillac ont fondé un grand hôpital près de l’actuelle Gare du Nord à Paris qu’ils appelèrent l’hôpital du Nom de Jésus. En son nom les malades étaient accueillis et soignés. La république française a confisqué cet hôpital et lui a donné plus tard le nom d’un médecin fameux de la fin du XIXème siècle et début XXème, Fernand Widal.
Quelle audace de laisser pleinement Jésus vivant agir ! Voilà l’attitude authentique du disciple. Se laisser habiter par Jésus comme l’exprime Saint-Paul : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. » (Gl 2, 20) Nous pensons cette expression étrange et assez théologique; or comme chrétiens, nous devenons des christ, oints par le baptême. Nous parlons de chrismation lors de la célébration du sacrement de confirmation. Nous sommes des christs c’est-à-dire des hommes et des femmes en qui l’Esprit Saint peut déployer ses dons et les appliquer aux personnes qui sont autour de nous, telle la bonté ou la confiance. L’attitude de Pierre face au pauvre peut-elle être la nôtre ? En aurons-nous l’audace ? Aurons-nous une foi suffisante pour ne pas craindre le ridicule ? Quand l’un de nous est interpellé dans la rue pour une pièce et que bien souvent nous cherchons à partir au plus vite soit en nous déchargeant de quelques monnaies soit en répondant simplement que nous n’avons rien, pourquoi ne pas demeurer un instant avec cette personne, l’écouter et lui proposer de prier au Nom de Jésus pour sa vie ? Certes elle a le droit de refuser mais nous avons le droit de lui proposer. Or souvent avouons que nous n’osons pas car monte en nous une inquiétude, qui s’appelle combat spirituel.
« Au nom de Jésus » n’est-ce pas une belle entrée en matière quand nous nous rencontrons ? Par exemple « Au nom de Jésus, je te salue et je te souhaite du bonheur. » La Bible nous dit : « Ce Jésus est la pierre méprisée de vous, les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle. En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. » (Act 4, 11-12) D’ailleurs le mot Jésus indiqué par l’ange Gabriel veut dire « Dieu sauve. » Le seul fait de prononcer ce mot nous fait rentrer dans un mystère de compassion et de salut. L’expression court-circuite toutes les arabesques que nous pourrions être tentés d’utiliser pour mettre des formes à une parole hésitante quand il s’agit de parler de la guérison par Jésus à upersonne gravement malade. Reprendre la parole de Pierre à la Belle-Porte face à un malade, n’est-ce pas au fond se simplifier le chemin ? Pourquoi ne pas aller voir des proches fatigués et malades, leur proposer de prier pour eux et d’oser dire dans la prière « au Nom de Jésus soit guéri » ? Rappelons-nous Jésus disant à ses apôtres qu’il leur souhaitait une foi grande comme un grain de moutarde : « vous direz à cette montagne : “Transporte-toi d’ici jusque là-bas”, et elle se transportera ; rien ne vous sera impossible. » (Mt 17, 20)
En Eure et Loir, il existe des lieux où des personnes merveilleuses souvent bénévoles donnent le meilleur de ce qu’elles peuvent offrir : le Bercail c’est un abri pour des femmes en détresse, le 115 propose des logements pour une nuit, les restos du cœur de la nourriture, le Foyer Accueil Chartrain un espace de vie pour des gens à la marge, les couloirs humanitaires un logement pour des familles étrangères, le Secours Catholique un accompagnement et des vêtements, Saint Vincent de Paul une proximité et de l’aide, la diaconie diocésaine met en relation les acteurs chrétiens de la solidarité, et d’autres personnes encore. Des membres de l’église catholique y sont engagés avec d’autres. Cela est merveilleux spécialement dans ce temps de confinement et d’isolement. Nous portons « un trésor dans des vases d’argile » (2Co 4, 7) et ce trésor se nomme Jésus dont nous pouvons révéler le Nom. Catholiques, nous n’annonçons pas un humanisme fut-il chrétien, nous ne proclamons pas des valeurs fussent-elles évangéliques. Notre source est une personne vivante, Jésus. Nous conduisons à cette source ceux que nous rencontrons pour qu’ils puissent s’y désaltérer.
Le fruit de la guérison pour cet homme est de recouvrer une liberté nouvelle. Il entre dans la louange. La louange est une belle prière parce qu’elle nous décentre de soi pour nous tourner vers Dieu et le remercier. Elle témoigne du salut. La joie de la louange est attractive, elle donne une saveur nouvelle à notre vie avec Dieu. Pas étonnant qu’en ce temps troublé par le désespoir, beaucoup de groupes de chant chrétiens, catholiques et évangéliques, ont un vrai succès particulièrement auprès des jeunes. Ces chants chantent la Parole de Dieu et le Nom de Jésus.
Pourquoi ne pas louer Dieu à pleine voix, beaucoup de chants de louange s’écoutent sur Youtube et ils nous aident à exprimer notre reconnaissance joyeuse. Le psaume du jour nous dit : « Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits ; chantez et jouez pour lui, redites sans fin ses merveilles. » (Ps 104, 1-2)
Je vous souhaite une journée emplie de cette louange et de la joie de l’Esprit. Je remercie Dieu de m’avoir appelé à votre service dans ce diocèse voici deux années, consacré évêque le 15 avril 2018 ! Priez pour mon ministère afin que j’y réponde avec fidélité. Merci.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec le Regina Coeli, belle prière traditionnelle vers Marie en ce temps pascal.
En latin :
Regina Cœli, laetare, alleluia:
quia quem meruisti portare, alleluia.
Resurrexit, sicut dixit, alleluia.
Ora pro nobis Deum, alleluia.
Reine du Ciel, réjouissez-vous, alléluia,
car Celui que vous avez mérité de porter dans votre sein, alléluia
est ressuscité comme Il l’a dit, alléluia
Priez Dieu pour nous, alléluia.
V. Soyez dans la joie et l’allégresse, Vierge Marie, alléluia
R. Parce que le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.
Prions :
Dieu, qui, par la Résurrection de Votre Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, avez bien voulu réjouir le monde, faites-nous parvenir, par la prière de la Vierge Marie, sa mère, aux joies de la vie éternelle. Par le Christ notre Seigneur. Amen.