Message de Monseigneur Christory du 16 avril 2020. « En chemin vers la Miséricorde ! »

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Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Nous méditions hier sur la guérison d’un homme estropié de naissance qui fut guéri par Dieu à la Belle-Porte du Temple grâce à la foi audacieuse de Saint Pierre qui en appelle à la puissance de l’Esprit par le saint Nom de Jésus. Saint Luc, qui nous rapporte cet événement, écrit qu’ensuite l’homme ne lâchait plus les apôtres ! Nous pouvons le comprendre. Quelle joie pour cet homme, quelle aventure pour lui, passer d’une vie d’errance et de mendicité au fait de pouvoir sauter de joie sur ses deux jambes, même s’il y a perdu son gagne-pain !

Mais comme cela arrivera plusieurs fois, la crédulité, la culture de la magie, la superstition font que les gens reportent sur les apôtres une gloire qui ne revient qu’à Dieu. Aussi doivent-ils s’en défendre et orienter vers Jésus le regard de ceux qui viennent chercher du sensationnel : « Nous en sommes témoins. Tout repose sur la foi dans le nom de Jésus Christ : c’est ce nom lui-même qui vient d’affermir cet homme que vous regardez et connaissez ; oui, la foi qui vient par Jésus l’a rétabli dans son intégrité physique, en votre présence à tous. » (Act 3, 16) Il fut souvent difficile pour les apôtres d’expliquer que la cause première de leurs actions n’était pas leur propre pouvoir mais bien celui que Dieu manifestait par son fils Jésus. Pierre a été éprouvé dans son orgueil quand, affirmant qu’il suivrait son maître jusqu’à donner sa vie pour lui, par trois fois l’a renié devant les accusations d’une servante durant la passion, avant d’être pardonné et restauré dans sa mission par la triple demande d’amour de Jésus : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » (Jn 21, 16)

C’est donc la Miséricorde divine qui vient sauver Simon, dorénavant nommé Pierre. Si le Christ a demandé aux apôtres de pardonner soixante dix fois sept fois, Lui a donné sa vie pour nous pardonner définitivement du péché, que nous continuons pourtant à commettre, afin de nous réintroduire dans le projet du Père soit nous faire participer à sa vie divine. Quel péché pourrions nous nous demander ? Celui de nous faire dieu, celui de rechercher notre propre volonté au lieu de faire la volonté du Père, celui de réussir par nous-mêmes notre vie sans Dieu et souvent sans les autres !

Au XXème siècle, époque du déploiement des grandes idéologies et des grands espoirs technologiques, nous avons vu l’oeuvre la plus noire que l’homme ait réalisée, causant la mort de dizaines de millions de personnes. En cause la folie des hommes pris dans une puissante logique de violence, de privation de liberté, de condamnation d’autrui, d’orgueil humain poussé à son paroxysme, surtout d’athéisme qui ôte toute barrière aux comportements humains quand on considère que l’autre n’est plus un frère puisqu’il n’y a plus de père en commun et que les relations entre les êtres humains sont emplies de peur. Dans « Les frères Karamazov » Dostoïevski fait dire à Mitia : « Que faire si Dieu n’existe pas, si Rakitine a raison de prétendre que c’est une idée forgée par l’humanité ? Dans ce cas l’homme serait le roi de la terre, de l’univers. Très bien ! Seulement, comment sera-t-il vertueux sans Dieu ? Je me le demande. […] Alors tout est permis ? » On rapporte les derniers mots de Manon Roland montant en 1793 vers la guillotine « O liberté, que de crimes on commet en ton nom ! » Certes une liberté révolutionnaire sans Dieu. Mais nous sommes chrétiens, et grâce à la révélation de la Miséricorde divine, nous avons foi en Dieu Père et nous désirons vivre librement l’Evangile pour rendre aux hommes l’image originelle perdue de leur nature humaine créée par Dieu, c’est à dire une nature faite pour un grand Amour dans la communion avec Dieu et entre nous tous.

Alors en ce même XXème siècle, Dieu a agit de manière extraordinaire pour dire son Amour et exprimer qu’il est Miséricorde. Un lieu symbolique du mal est Auschwitz. Or c’est juste à côté de ce camp de la mort qu’une soeur polonaise, sainte Faustine Kowalska, religieuse de Notre-Dame de la Miséricorde décédée à 33 ans en 1938, reçoit de Jésus lui-même des messages sur la Miséricorde divine qui sont proposés aux hommes disposés à l’accueillir. Et c’est aussi là, à Cracovie, que sera nommé évêque un prêtre dont la vie elle-même fut terriblement éprouvée, Karol Wojtyla qui deviendra le pape Saint Jean-Paul II. En ce lieu du sud de la Pologne, Dieu préparait l’annonce de la Miséricorde là où les nazis assassinèrent tant d’innocents et Il trouva en la personne du saint Père l’homme providentiel pour accueillir ces messages dictés par Jésus à sainte Faustine qui demandent que soit instituée la fête de la Divine Miséricorde. Nous disons souvent que Dieu peut faire sortir d’un mal un bien plus grand. Saint Paul dit : « là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé. » (Rm 5,20) Ce lieu est donc devenue une source de Vie pour tous. On y voit le signe que Dieu fait avancer le Salut malgré la résistance des hommes face à l’Evangile.

Nous sommes au coeur de la neuvaine préparatoire de la fête de la Divine Miséricorde qui aura lieu ce dimanche 19 avril. Ce parcours est un chemin à l’écoute de textes que Jésus a transmis à sainte Faustine. Je vous encourage à préparer vos coeurs comme votre foyer. Décorez un espace face auquel vous serez heureux de vous poser et de méditer la Parole, pour y continuer la lecture des Actes des apôtres car, là aussi, nous voyons comment l’Esprit fait oeuvre de Miséricorde pour les païens qui découvrent le message de la Résurrection de Jésus. Chaque jour si possible à 15h, priez le chapelet de la Divine Miséricorde. Soyez comme la Vierge Marie dans la silence de l’écoute intérieure. L’Eglise a reçu la Vierge Marie comme figure maternelle, humble et écoutante. Marie nous garde de l’orgueil qui peut toujours jaillir et qui consiste à s’appliquer à soi-même les mérites de l’œuvre des autres et surtout de celle de Dieu. Il est étonnant de remarquer que, dans tous ces récits de résurrection alors que nous savons qu’elle y participe, elle n’est plus mentionnée. Des traditions anciennes parlent de l’apparition de Jésus à sa mère et pourtant cela n’est pas raconté par les Évangiles. Peut-on imaginer que Jésus ressuscité, avant son ascension, n’ait pas pris le temps d’une visite à sa propre mère ? Dans son grand âge pour l’époque, Marie accompagne et prie l’Eglise naissante. Elle croit et sa foi est une inspiration pour les disciples comme pour nous aujourd’hui.

En ce temps pascal, je vous demande d’ouvrir le plus possible nos églises, de les fleurir pour que les passants qui y feront halte pour une visite au saint Sacrement ou pour une prière mariale, s’y sentent accueillis. On pourrait y disposer sur une jolie table un grand livre pour y écrire son intention. Vous y respecterez les distances dues au confinement car les rassemblements n’y sont pas autorisés, sauf les funérailles avec le cercle restreint des proches. Beaucoup de personnes cherchent le repos de l’âme face à la mort, la maladie et la peur. Que ces lieux soient habités de votre prière, dans l’adoration de Jésus. Chaque paroisse peut organiser un tour de veille priant au long des jours.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec le Regina Coeli, belle prière traditionnelle vers Marie en ce temps pascal.

En latin :

Regina Cœli, laetare, alleluia:
quia quem meruisti portare, alleluia.
Resurrexit, sicut dixit, alleluia.
Ora pro nobis Deum, alleluia.

Reine du Ciel, réjouissez-vous, alléluia,
car Celui que vous avez mérité de porter dans votre sein, alléluia
est ressuscité comme Il l’a dit, alléluia
Priez Dieu pour nous, alléluia.

V. Soyez dans la joie et l’allégresse, Vierge Marie, alléluia
R. Parce que le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.

Prions :

Dieu, qui, par la Résurrection de Votre Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, avez bien voulu réjouir le monde, faites-nous parvenir, par la prière de la Vierge Marie, sa mère, aux joies de la vie éternelle. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

En ce temps de confinement, vous pouvez participer à la Quête de nos célébrations en utilisant l’appli La Quête sur un smartphone, ou le site jedonnealeglise.fr.Vous pourrez aussi demander une messe sur ce même site au curé de votre paroisse. Merci de tout coeur. Nous avons besoin de votre générosité !

publié par Pierre-André