2ème dimanche de Pâques. Homélie du Père Jean-Pierre
Chrétiens mes frères et sœurs, chers paroissiens,
Ce deuxième dimanche de Pâques, l’Eglise célèbre la Divine Miséricorde. Avec l’Evangile de ce jour, nous sommes invités à contempler la miséricorde de Jésus à l’égard de Thomas.
Jeter la pierre, Accuser, enfoncer l’autre…sont des attitudes non-chrétiennes. C’est ce que nous fait comprendre l’Évangile de ce jour : nous y retrouvons Jésus ressuscité face à ses amis qui l’avaient abandonné ; Pierre l’avait même renié ; devant une simple domestique, il avait affirmé qu’il ne le connaissait pas. Mais Jésus n’a pas cherché à leur faire des reproches. Bien au contraire, il les rejoint pour leur donner la paix : c’est la paix de la résurrection, la paix de la miséricorde qui pardonne, la paix qui touche le cœur et envahit toute leur existence. Il a pour eux un regard vraiment miséricordieux. Tout au long des Évangiles, nous le voyons relever ceux et celles qui étaient tombés. Il vient les libérer de ce mal dans lequel ils étaient tombés.
Dans un deuxième temps, il leur montre les stigmates de la crucifixion et du coup de lance. Par-delà sa mort, c’est le Crucifié qui s’est montré vivant aux siens. Les plaies qu’il leur montre ne sont pas un reproche mais une preuve d’amour. C’est en contemplant ses blessures que nous comprenons mieux à quel point il nous aime. Et en même temps, il vient changer le regard que nous portons sur ceux qui sont éprouvés par les souffrances. Transfiguré par la lumière de Pâques, l’homme des douleurs nous apprend à voir dans les crucifiés d’aujourd’hui des ressuscités en puissance. Nous n’aurons jamais fini de rendre grâce pour cet amour qui est en lui.
L’Évangile de ce dimanche nous rapporte une chose encore plus incroyable : ces hommes qui avaient abandonné leur Maître reçoivent une mission : ils sont envoyés par celui-là même qu’ils ont trahi. Il aurait pu se dire qu’il ne pouvait pas compter sur eux, qu’ils ne sont pas fiables. Or voilà que, malgré leur trahison, il leur redit toute sa confiance. Il va même jusqu’à leur confier le ministère du pardon. Tout au long des siècles, nous voyons bien que les grands témoins de la foi ont été des pécheurs pardonnés. La vraie miséricorde ne connait pas de méfiance. Elle espère contre toute espérance.
Les apôtres ont répondu à l’appel de Jésus. Ils se sont mis à annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile. Leur message a été transmis de génération en génération. Il nous appartient de l’accueillir et de le rayonner dans le monde d’aujourd’hui. La 1ère lecture nous montre le témoignage d’une communauté chrétienne qui a accueilli cette miséricorde de Jésus. Toute la vie de ces chrétiens en a été transformée ; leur vie chrétienne est soutenue par quatre piliers : l’enseignement des apôtres qu’ils suivaient assidûment, la charité qui se manifestait dans le partage fraternel des biens, la fraction du pain (l’Eucharistie) source et sommet de toute vie chrétienne, la prière dans les maisons mais aussi au temple. Que nos familles s’inspirent du modèle de ces premières communautés chrétiennes.
Ces communautés ne sont pas repliées sur elles-mêmes ; elles accueillent chaque jour des nouveaux membres. Il ne s’agit pas de personnes endoctrinées ou embrigadées mais de personnes qui ont répondu librement à l’appel du Christ Sauveur. C’est vraiment la miséricorde pour tous, y compris pour ceux qui ne font pas partie de son peuple. C’est important pour notre monde d’aujourd’hui. Le pape François ne cesse de nous rappeler ceux et celles qui sont aux périphéries.
Dans la 2ème lecture, saint Pierre nous adresse une bénédiction qui est également centrée sur la miséricorde. Il nous annonce que la résurrection nous est promise ; mais ce ne sera pas sans épreuve. C’est là que se vérifie la qualité de notre foi. Mais au cœur de nos douleurs, le Christ crucifié et ressuscité nous rappelle que nous ne sommes pas seuls. Il veut nous associer tous à sa victoire.
Pour y arriver, la route est parfois longue. La longue marche d’Israël dans le désert, avant la terre promise. L’enfant confiné dans le ventre de sa mère avant la naissance. Les Apôtres confinés au cénacle avant la Pentecôte.
« Heureuse faute, qui nous valut un tel Rédempteur » disait Saint Ambroise. Le temps du confinement n’est-il pas ‘’une main tendue’’, un temps favorable à relire de sa propre vie, à faire son propre examen de conscience… ? Dans ses exhortations, Saint Paul encourage les Thessaloniciens à rester éveillés, car « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit » (1 Thes 5,2).
Ouvrons nos cœurs, restons dociles aux appels de Dieu en désirant profondément sa miséricorde.
En célébrant cette Eucharistie, nous demandons au Seigneur qu’il nous rende accueillants à ce don qu’il nous fait ; qu’il fasse de nous des vrais témoins de la miséricorde offerte à tous, même à ceux qui ont commis le pire. La foi que nous sommes invités à proclamer est source de paix, de joie et d’amour. Le nom de Dieu est miséricorde. Qu’il soit toujours avec nous pour annoncer au monde qu’un pardon est toujours possible.