Message de Monseigneur Christory du 24 avril 2020. « Habiter ta maison, Seigneur, tous les jours de ma vie ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Peut-être ai-je surpris certains de vous par mon insistance pour la louange, mais si nous en prenons la bonne habitude, notre vie spirituelle en reçoit une joie qui alors contamine la vie normale et nos relations. Cependant comme pour le sport, nous devons nous entraîner et nous faire des petits muscles spirituels pour chanter et bénir Dieu en tout temps. Avez-vous pu commencer à prier avec la louange ? Comment votre cœur s’élève-t-il vers Dieu alors ? Avez-vous pu lever les mains pour entraîner votre âme vers les biens d’en-haut ? Continuez sans vous décourager, car le découragement est assurément l’arme du démon qu’il affectionne, avec cette petite phrase « A quoi bon ! ». Si cela nous vient consciemment, alors entendons-la comme un avertissement qui désire nous piéger. Et reprenons la route vers la lumière avec l’Esprit de louange.

Comme je vous le disais déjà, en ce temps pascal, lors des messes de semaine que beaucoup suivent sur Radio Grand Ciel chaque matin à 8h22 ou sur d’autres réseaux par video, nous déroulons le livre des Actes des Apôtres. En fait, si les premiers apôtres sont connus par leur nom lors de l’appel que fit Jésus, ensuite nous ne savons pas toujours ce qu’ils sont devenus. Thomas est parti vers l’Est, la Perse jusqu’en Inde. Philippe est remonté vers l’actuelle Turquie et fut martyr à Hiérapolis, Jacques aurait pélégriné jusqu’à la péninsule ibérique, etc. Dans les Actes, nous suivons surtout Pierre et ses disciples, puis Paul qui fit quatre grands voyages sur toutes les côtes du nord de la Méditerranée, surtout la Grèce, jusqu’à Rome. Continuez-vous à lire les Actes des Apôtres ?

Nous lisons aujourd’hui le chapitre cinq qui, à lui seul, décrit une étonnante aventure. Cela commence par un épisode touchant mais dramatique. Les nouveaux chrétiens partagent leurs ressources et donnent leurs biens à la communauté. Or un couple, Ananie et son épouse Saphira, vend un champ mais cache le prix réel pour ne donner qu’une partie. Comme le leur dit Pierre, ils auraient pu disposer librement de leur argent, mais ce mensonge atteint Dieu lui-même et les deux meurent ! Dieu les a-t-il tués ? Comment comprendre ? Ce qui est au coeur de cette histoire est que le péché conduit à la mort que la vérité nous rend libre. Puis c’est un long récit dont les protagonistes sont Pierre et d’autres apôtres que les foules cherchent à voir car les malades sont guéris par eux et que leur enseignement les bouleversent. Ils annoncent la résurrection de Jésus. Cela fâche les autorités qui les font mettre en prison, de laquelle ils sont libérés miraculeusement pour être retrouvés au petit matin dans le Temple où ils prêchent la Bonne Nouvelle. Ils sont de nouveau arrêtés. Que faire d’eux ? La foule les bénit à cause des miracles. Un sage Gamaliel réussit à convaincre le Conseil Suprême que si cette oeuvre vient des hommes, elle disparaitra d’elle-même, mais que si c’est de Dieu, alors il ne faudrait pas entrer en guerre contre Dieu. Du coup, choix est fait de les libérer non sans les avoir fait fouetter et leur avoir interdit de prononcer le nom de Jésus, ce que les apôtres ne se priveront pas de faire dès leur liberté recouvrée : « sans cesse, ils enseignaient et annonçaient la Bonne Nouvelle : le Christ, c’est Jésus. » (Act 5, 42)

Dans ce récit, nous trouvons l’expression « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ». (Act 5, 29) Peut-être que nous penserions cette affirmation comme un droit à nous situer librement devant la loi civile, mais tout d’abord cela concerne notre propre obéissance à la Parole de Dieu dans notre vie. Sommes-nous si sûrs d’obéir à Dieu quand les tentations nous séduisent, quand nous pensons d’abord à nous-mêmes, quand nous prétendons que l’on a le droit de vivre de sa liberté personnelle pour justifier des choix et ou des comportements pas si justifiables ? Mais il est vrai aussi que cela touche nos actions dans la société civile. Par exemple, la loi civile peut autoriser des actes interdits par la loi divine, comme l’avortement ou des relations sexuelles impropres. Alors nous devons garder nos coeurs et nos intelligences afin qu’ils ne soient pas influencés par ce mal et refuser les compromis.

Le psaume du jour décrit l’attachement du psalmiste à la maison de Dieu : « J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour admirer le Seigneur dans sa beauté et m’attacher à son temple. » (Ps 26, 4) C’est là le beau désir de l’homme croyant, juif pour ce psalmiste et chrétiens pour nous, d’être en présence du bien-aimé, dans sa maison, qui seul peut le combler. Dans les actes des apôtres, malgré les vicissitudes et la persécution permanente, les apôtres vont au temple, la maison du Seigneur, pour prêcher la Bonne Nouvelle. Le Temple est la maison essentielle de la vie du peuple juif, la « Maison de mon Père » dira Jésus. C’est là que les apôtres proclament prioritairement la nouvelle alliance de Dieu par Jésus. Mais la maison de Dieu est aussi notre propre coeur, où réside sa présence. Là, chez soi, il est possible d’entrer intimement en relation avec Jésus, non pas sensiblement mais spirituellement. Nous y ruminons la Parole, la laissons nous surprendre. Nous appelons la fine pointe de l’âme cet espace spirituel où nous rencontrons Dieu. Notre conscience est la voix intérieure qui nous dit les motions que l’Esprit inspire de la part de Dieu. Etre dans sa maison qu’est l’église est important, être présent à Jésus-Christ qui vient faire sa demeure en nous l’est encore plus et cela peut se faire à tout moment et en tout lieux.

Actuellement, nous ne célébrons pas publiquement la messe dans les églises. C’est une grande contrainte qui nous est imposée. Beaucoup de vous ont pris conscience du manque et par contraste de l’importance de ce rendez-vous hebdomadaire voire quotidien avec la communauté catholique. Vous attendez de pouvoir revenir au sein de l’assemblée vivre l’eucharistie. A ce jour, les informations restent floues. Il est clair que si les écoles rouvrent le 11 mai mais pas nos assemblées, cela serait scandaleux. Les enfants auront bien du mal à vivre le confinement entre eux. Quand l’un d’eux tombe, la maîtresse le console et cela ne se fait pas à deux mètres ! La France est un pays très centralisé dans sa mentalité, ce qui contribue à nous donner des aides considérables, mais cela cultive une mentalité de citoyens assistés et l’on peut en ressentir une certaine infantilisation. Sommes-nous capables de nous discipliner par nous-mêmes face au virus ? Sommes-nous considérés comme des citoyens responsables ? L’Etat peut-il comprendre que dans nos églises, nos communautés peuvent tout à fait organiser des règles de rassemblement qui éviteront la promiscuité ? Les catholiques sont conscients de la gravité de la pandémie et beaucoup prennent soin des autres, des pauvres, des femmes en danger, sans pour autant ignorer ces règles de prudence. L’Etat peut-il nous faire confiance ? Sommes-nous dignes de confiance ? J’ose le penser, et je souhaite que dès que possible nous nous retrouvions dans nos églises pour louer Dieu comme pour accompagner ceux et celles qui vivent la mort d’un proche. La vie spirituelle, la communion ecclésiale, le corps du Christ sont essentiels à la vie de l’homme chrétien pour qu’il se donne à tous dans son engagement en vue du bien commun. Prions pour que nos décideurs soient lucides sur cela et que les catholiques engagés en politique sachent expliquer notre attente avec vérité et conviction.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

Donnez au Denier de l’Eglise

Avec le confinement, notre diocèse voit ses ressources s’effondrer. Le Denier demeure LA ressource de l’Eglise nécessaire à la mission ! Merci car nous vous savons attacher à l’Eglise en Eure & Loir. 

publié par Pierre-André