Message de Monseigneur Christory du dimanche 26 avril 2020. « C’est bien par lui que vous croyez en Dieu »
Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,
Un nouveau dimanche de Pâques ! Ma joie, Christ ressuscité ! Un beau soleil sur l’Eure et Loir, une pensée pour les paysans qui espèrent la pluie, et une action de grâce pour nos églises illuminées de la lumière du printemps. Cependant toujours pas d’assemblée dominicale pour nous retrouver, écouter ensemble la Parole de Dieu, adorer le Christ présent dans l’eucharistie et communier à son précieux corps. Ne sommes-nous pas comme les pèlerins d’Emmaüs à repartir chez nous tristes d’être sans le Maître ? Tristes de ne pas pouvoir constituer la communauté paroissiale, jeunes et aînés, familles comme personnes isolées, ensemble pour chanter la louange du Peuple de Dieu, tournés vers la Lumière qui vient nous visiter ? Il y a un peu de cela. Et pourtant, nous allons vivre encore ce dimanche un « jour du Seigneur » original, en suivant une messe par Radio Grand Ciel ou retransmise par le Web depuis Saint Pierre de Rome, ou sur la page de votre paroisse ou encore depuis la Cathédrale Notre-Dame de Chartres. Jésus promet d’être au milieu de ceux qui sont réunis en son Nom. Le Père donne son Esprit à ceux qui le lui demandent.
Une famille témoignait que son rythme de vie durant ce confinement n’était la succession des repas, mais des prières. Chaque jour messe à 7h sur KTOTV, louange à 8h, chapelet à 18h, bénédictions de la table; viennent les enfants qui le désirent mais ces moments sont dédiés à la communion familiale avec Jésus-Christ en présence de la Vierge Marie aussi le calme est demandé à tous dans la maison. Si aujourd’hui est le jour du Seigneur, il peut être différent des autres pour donner l’occasion de se retrouver, à l’auberge comme sur le chemin vers Emmaüs, à la table commune. C’est là que les disciples, aveuglés par leur affliction, reconnaissent enfin le Christ présent quand il rompt le pain. C’est bien aujourd’hui que nous pouvons prendre le temps de nous retrouver d’un seul coeur, de se dire les uns aux autres ce que avons apprécié de la semaine écoulée, pour exprimer les désirs que nous avons pour la suivante, expliciter ce qui permettrait d’être plus heureux ensemble, nous demander pardon, fêter dans la joie notre amour malgré nos limites et nos rebuffades, nous remercier mutuellement pour toutes les petites attentions qui colorent chaque journée, chanter et bénir le Seigneur.
Le soir, à l’auberge, les deux disciples, qui jusque là vivaient dans la crainte de la nuit, alors qu’ils viennent de réaliser que Jésus est vivant et qu’il marchait avec eux sans qu’ils l’aient reconnu, se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (Lc 24,32) Cette prise de conscience les remplit de joie, les sort de la peur, les fait se lever et repartir à pied vers Jérusalem d’où ils venaient pour aller prévenir les apôtres qu’il l’ont vu vivant. Ils réalisent que leur compréhension des Ecritures n’étaient pas aboutie, qu’ils devaient découvrir que les promesses de l’Ancien Testament, soit pour eux les écrits de la Bible juive, trouvent maintenant leur réalisation en Jésus-Christ par sa vie, son enseignement, les actes qu’ils posaient, les signes qu’étaient ses miracles. Soudainement le puzzle se constitue. Ils le rassemblent dans la personne de Jésus. L’Ecriture est accomplie.
Chrétiens et croyants, nous avons toujours à nous interroger sur notre lien à l’Ecriture, notre connaissance des textes, notre discipline à les lire et à les méditer, à prendre du temps gratuitement pour approfondir le message du Saint Esprit à travers prières, poésies, récits, exhortations, lois et prophéties que véhiculent ces livres. L’Esprit inspira les écrivains, Dieu était l’auteur de l’ensemble, et c’est dans l’Esprit que nous pouvons, pour notre époque et dans notre culture, décrypter le message et la révélation qu’il dévoile. L’amour des Ecritures et l’amour du Christ sont une même chose. Loin d’elles, nous sommes perdus et notre foi n’aura pas la force nécessaire pour rendre compte de l’Espérance qui est déposée en nous. Le Christ pourrait nous interpeler comme pour ces deux disciples « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24, 25-26) Trop de catholiques ont du mal à témoigner car leurs connaissances demeurent trop partielles, avec des acquis simplistes, et la Parole n’est pas le fondement de leur sagesse, elle ne vient pas à l’esprit quand ils discernent leurs projets humains. Regardez comment nous sommes à l’écoute du JT, ou de France-info, et d’autres médias qui nous envahissent chaque jour de leur vision de la réalité, souvent bien loin de la pensée de Dieu. Inconsciemment nous ingurgitons tout cela, pensant que nous sommes encore libres mais nous voilà pollués par la bien-pensance médiatique. Le Seigneur nous a pourtant bien prévenus, mais même cela ne l’avons-nous pas oublié ? Pour mémoire, voici ce qu’il dit : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » (Is 55,8-9) Par contre, avec la connaissance intime de la Parole de Dieu, nous irons sur les chemins de la vie comme disciples portant la Bonne Nouvelle, et je cite saint Paul « vivant dans la vérité de l’amour, nous grandirons pour nous élever en tout jusqu’à celui qui est la Tête, le Christ. » (Eph 4,15) Comme Saint Pierre devant la foule à Jérusalem, nous pourrons dans nos villes et villages être témoin et dirent : « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité; nous tous, nous en sommes témoins. Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous, ainsi que vous le voyez et l’entendez. » (Act 2,33)
En ce dimanche, nous avons la promesse de Dieu. Entrons plus avant dans un Esprit de louange même si nous ne sommes pas physiquement rassemblés. Nous le sommes cependant comme membres d’un même corps animé par un même Esprit et la Parole de Dieu ne passera pas : « Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses ! Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle. (Is 55,2-3) Sa Parole est notre vraie nourriture. En lui est la source de la vie, la vraie vie.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen