Message de Monseigneur Christory du lundi 27 avril 2020. « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Nous sommes cartésiens et nous ne comprenons vraiment que ce que nous expérimentons nous-mêmes. Ceci est vrai pour la foi. Le pape François dit : « seul Dieu peut nous donner le vrai bonheur : c’est inutile que nous perdions du temps à le chercher ailleurs, dans les richesses, les plaisirs, le pouvoir. » Comment comprendre cela ? Ce n’est pas l’expérience de la majorité des personnes. Et nos tentations internes ne nous encouragent pas vers ce choix, mais plutôt à nous attacher aux choses d’en-bas. Quand saint Paul demande de rechercher les choses d’en-haut, cela semble lointain, abstrait, difficile, exigeant et presque vain. Nous avons tant à faire ici pour gérer notre vie quotidienne en relation avec nos proches que cette recherche semble un luxe ou un passe-temps, or nous n’avons pas le temps !

Pourtant des personnes chrétiennes témoignent de leur rencontre du Christ, non pas de telle bénédiction mais d’une vraie rencontre personnelle. Nous sommes attirés voire fascinés par leurs dires mais la question qui monte alors est « pourquoi lui et pas moi ? » Nous ne connaissons pas le chemin. Seul Dieu peut nous donner le vrai bonheur, comment le croire vraiment ? Avons-nous fait l’expérience de Dieu qui donne le bonheur ?

Par ailleurs, l’esprit du monde est puissant et juge sans connaître. Son jugement commence toujours par le doute et la remise en cause. Les médias assènent régulièrement des contre-vérités sur l’Eglise et la foi chrétienne qui entrent dans notre inconscient et suscitent peu à peu un rejet. C’est un peu comme le dragon de Komodo qui mord un gros buffle sachant que sa morsure transmet des microbes qui l’empoisonneront en quelques jours jusqu’à ce que mort s’en suive; ensuite son repas est prêt. Combien de fois n’avons-nous pas entendu l’expression « c’est pas possible ! » dites par des personnes même de bonne volonté ou encore cette voix intérieure négative qui nous détourne de l’espoir que quelque chose peut changer. Nous avalons le poison du doute et vient le désespoir. Nous baissons les bras et idolâtrons le propos commun « A quoi bon ? »

Or certains personnes optent pour une vie radicale, comme une jeune femme dont je connais bien les parents, jolie, intelligente, de belles études, comment comprendre son bonheur à être moniale et cloîtrée chez les soeurs de Bethléem, ermite au sein d’une communauté retirée en pleine nature ? Comment comprendre le bonheur d’un homme qui choisit d’être prêtre et qui se donne totalement parmi les plus pauvres dans un bidonville philippin alors qu’il avait fait en France les plus hautes études possibles et qu’il pouvait embrasser une belle carrière lucrative ? En moyenne, l’école polytechnique donne trois vocations religieuses par an ! Etonnant pour ces personnes qui sont destinées aux plus hautes fonctions de l’Etat. Mais le monde ne comprend pas qu’un homme ou une femme puisse quitter son emprise consumériste.

Quelle est la proposition de Jésus ? « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. » (Jn 6,25) Quelle est cette nourriture qui ne se perdra pas ? Saint Paul nous aide dans l’hymne à la charité : « L’amour ne passera jamais. » (1Co 13,8) Le corps humain peut se passer quelque temps de nourriture, mais notre âme, notre coeur profond a besoin d’amour, et espère un Amour profond. Dieu est Amour Agape. Soit un Amour de don parfait, qui ne retient rien pour lui, qui ne cherche que la joie d’autrui, qui comble les aspirations de l’être humain. Là est la vraie nourriture, Dieu lui-même.

Cette semaine nous sommes en prière pour les vocations, pour dire à Dieu notre foi en sa sollicitude. La vie consacrée dans le célibat témoigne que l’être humain trouve dans son don total à Dieu cet Amour profond qui comble son besoin d’amour. Certes, la personne consacrée offre à Dieu tout son désir de tendresse et son potentiel sexuel pour une autre liberté, celle de tout recevoir de Lui par la prière, les sacrements, la méditation de la Parole et la charité en acte. Se crée une communion profonde qui comble le coeur. Certes ce choix n’est pas sans sacrifice ni souffrance. Mais ceux-ci sont offerts jour après jour pour la rédemption des âmes perdues, pour l’Eglise et sa mission, pour que la société elle-même ne vacille pas par la violence toujours possible des hommes. Notre monde ne serait pas ce qu’il est sans la prière fidèle des consacrés. Ils sont les gardiens aimants de l’humanité qui s’offrent et souffrent car, pour reprendre l’expression de saint François d’Assise, l’amour n’est pas aimé. Tant de personnes se déchirent et se font tellement souffrir dans les familles et les lieux de travail. Les consacrés sont dans les tranchées les plus avancées face à l’ennemi. Ils guettent et luttent pour que le Bien ait la victoire, pour que la Vie soit accueillie en abondance.

Dieu ne laisse pas tomber son Eglise, il la conduit par l’Esprit, il lui apporte de nouveaux charismes, il la prépare à aborder une culture liquide et changeante, il lui propose d’ouvrir la porte à chacun surtout les pauvres. Il demande que nous ayons foi en Lui, pas pour être des catholiques bien sous tout rapport, mais des « disciples-missionnaires » pour reprendre une expression favorite du pape François. Le Christ n’a pas besoin de fidèles figés dans leur bonne moralité, mais d’hommes et de femmes qui ne craignent pas d’aller se crotter dans la boue d’une humanité perdue par le péché, l’injustice et la violence. Comme ils sont beaux ces jeunes couples ou ces célibataires qui partent un ou deux ans en coopération dans des lieux perdus et pauvres, parfois dangereux, au nom du Christ, avec leur amour. Ils osent et reviennent riche d’avoir tant reçu et le sentiment d’avoir si peu donné.

Jésus à Paray-le-Monial, quand il apparaît à Sainte Marguerite-Marie, dit : « si tu crois, tu verras la puissance de mon coeur. » L’acte de croire demande une mise en route et un changement de vie. Aux disciples de Jean-Baptiste, Jésus dit « venez et voyez. » Au jeune homme riche qui cherche à avoir la vie éternelle, Jésus dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au Ciel. Puis viens, suis-moi. » (Mc 10,21) Ces appels exigent un pas pour ensuite recevoir le fruit de ce pas. Là est la foi. Nous le faisons car nous connaissons comment Jésus a tout donné par amour, qu’il est mort et ressuscité, qu’il est avec nous. Avons-nous fait la rencontre de Jésus vivant ? Certains peuvent se remémorer telle retraite spirituelle, une session lors de laquelle ils ont vécu ce moment de grâce qui leur fit toucher sa présence. D’autres sont encore en attente et peuvent dire à Jésus : « viens dans ma vie, je te la donne, je veux te suivre, envoie sur moi ton Esprit et manifeste ta grandeur maintenant ».

Je vous invite à prier intensément pour que de jeunes hommes et jeunes femmes donnent leur vie dans le célibat pour le Royaume, que cela fasse la joie de leurs parents et de leurs proches, qu’ils se sentent soutenus dans leur réponse à l’appel et que l’Eglise les accueille avec respect et bienveillance.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

publié par Pierre-André