Message de Monseigneur Christory du jeudi 30 avril 2020. « Exercez la charité, mais exercez-la avec enthousiasme ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Ce jeudi, l’Eglise honore plusieurs saints importants. Ce n’est malheureusement pas la part de l’histoire que nos enfants découvrent en classe, mais ces personnages ont souvent marqué leur époque et infléchi le cours de la vie des hommes soit localement soit au niveau de l’humanité. Certains apportent toujours une grande inspiration au XXIème siècle. J’aimerais évoquer la figure de saint Joseph-Benoît Cottolengo. Je vous imagine dire « qui est-ce ? ». Et c’est normal car l’Esprit Saint a suscité tellement de saints que nous les ignorons pour la plupart. Si vous voulez préparer votre propre dossier en vue de votre canonisation, sachez qu’à Rome au moins 5000 dossiers sont en attente d’étude et souvent d’un miracle comme signe et preuve de l’action du saint auprès de Dieu, donc faites bien avancer votre cause en choisissant radicalement la sainteté dès maintenant. Il ne s’agit pas tant d’être gentil, même si c’est heureux de vivre auprès de personnes gentilles, que de faire pleinement la volonté de Dieu, ce qui signifie aimer Dieu. Et sa volonté est que nous aimions notre prochain en nous oubliant nous-mêmes. A l’école du maître Jésus, « être pauvre de coeur, c’est cela la sainteté » (pape François, GE 70)

C’est ainsi que fit Giuseppe-Benedetto Cottolengo – en italien c’est si beau à prononcer et à entendre – au XVIIIème siècle. On a pu l’appeler le Saint Vincent de Paul italien. Né en 1786 à Bra, ainé de douze enfants dont six mourront en bas âge, enfant il avait l’habitude de partager sa nourriture avec les pauvres et les mendiants. D’un milieu simple, il entre au séminaire où sa vive intelligence et son éloquence lui valent le surnom de Cicéron. En haut de chaque cahier, il écrit « je veux être saint ». Brillantes études à Turin, à peine diplomé et prêtre, toute son ardeur le porte vers les indigents pour qui il va ouvrir des centres de vie communautaire, comme « la Petite maison de la Providence » dans le faubourg de Val-d’Occo à Turin où vivront 7000 malades, orphelins, simples d’esprit, estropiés.

Comment cela a-t-il ainsi germé dans son coeur ? Un événement lui déchire le coeur de jeune prêtre : il fut bouleversé par la mort prématurée d’une jeune mère. Cette femme venait de France. Le pape Benoît XVI en fit le récit en 2010 : « Provenant de Milan, une diligence plus pleine que jamais arriva à Turin, dans laquelle s’entassait une famille française tout entière, dont la femme, avec ses cinq enfants, se trouvait dans un état de grossesse avancée et avec une forte fièvre. Après s’être rendue dans plusieurs hôpitaux, cette famille trouva un logement dans un dortoir public, mais la situation de la femme s’aggrava et plusieurs personnes se mirent à la recherche d’un prêtre. Par un mystérieux dessein, il croisèrent le père Cottolengo, et ce fut précisément lui qui, le cœur lourd et opprimé, accompagna cette jeune mère vers la mort, entourée du désespoir de toute sa famille. Après avoir accompli ce douloureux devoir, continue le pape, la mort dans l’âme, il se rendit devant le Très Saint Sacrement et éleva cette prière : « Mon Dieu, pourquoi ? Pourquoi as-tu voulu que je sois témoin ? Que veux-tu de moi ? Il faut faire quelque chose ! ». Se relevant, il fit sonner toutes les cloches, fit allumer les bougies et, accueillant les curieux dans l’église, dit : « La grâce est faite ! La grâce est faite ! ». A partir de ce moment, Joseph-Benoît Cottolengo fut transformé : toutes ses capacités, en particulier ses talents de gestion et d’organisation furent utilisés pour donner naissance à des initiatives de soutien aux plus nécessiteux ».

Modèle de charité en acte, Joseph-Benoît encourage ses auxiliaires : « Ceux que vous devez le plus chérir, ce sont les plus abandonnés, les plus rebutants, les plus importuns. Tous sont des perles précieuses. Si vous compreniez bien quel personnage vous représentent les pauvres, vous les serviriez à genoux. ». Ne retrouve-t-on pas là le regard d’un Saint Vincent qui disait « les pauvres sont nos maîtres » ? Il fonde de nombreuses oeuvres apostoliques et contemplatives, car il a bien conscience de l’importance de prier pour les âmes perdues, pour ceux qui sont accueillis après des vies errantes faites de mauvais comportements, c’est là une grande oeuvre de miséricorde, généreuse et lucide. Il sait que le Christ désire habiter ces coeurs qui ont besoin de lui. Le Salut de l’âme est plus important que la santé du corps : « Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ? » car « celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. » (Mc 8, 35-36). Joseph Benoît confie tout à la Providence divine. Ses besoins d’argent sont immenses pour tant de secours mais Dieu lui apporte jour après jour les aides nécessaires. Quand il entre au Ciel le 30 avril 1842, on écrivit que sa vie fut « une intense journée d’amour ».

Dans notre diocèse, vous êtes fort nombreux à agir envers des personnes nécessiteuses. Si l’accès aux malades en hôpital et EPHAD reste restreint, n’hésitez à solliciter l’aide des aumôneries qui peuvent alors venir visiter, écouter et apporter la communion eucharistique si cela leur est demandé. Il y a aussi ces actes de vraie charité qui sont simples mais qui, comme chaque perle du chapelet, forme la couronne de gloire que nous présentons au Christ. Faire entrer le Christ dans les maisons, voici ce que la pandémie a suscité, et vos habitats sont devenus autant d’églises domestiques. Certains de vous m’ont dit combien cette expression était nouvelle pour eux et pleine de sens. Le Christ est présent là où deux ou trois sont réunis au Nom de Jésus. Il est présent quand l’Evangile est partagé entre tous. Faites-vous un vrai partage chaque semaine ? Nous savons que vous êtes nombreux à vivre confinés et seuls, célibataires. Si l’on peut s’organiser avec le sport, le télétravail, des formations sur le Net, des échanges téléphoniques ou en visio, il manque le partage « en présentiel » (pour reprendre ce drôle de terme) entre amis. Les adolescents aspirent à retrouver leur groupe d’amis. La patience est de mise, et cette situation est une occasion unique de vivre un temps certes reclus mais riche d’union à Dieu. Vous désiriez un jour une retraite en monastère voici que le monastère est venu à vous, par les offices suivis en direct, la messe et le chapelet, bref un rythme monacal. Il est probable que l’un ou l’une de vous y trouvera une joie qui deviendra un appel à entrer en religion, comme on disait dans le passé, en embrassant la vie monastique ou en devenant prêtre. Nous espérons la messe ensemble. Saint Joseph-Benoît disait : « Il faut toujours avoir confiance en Dieu. Ayez Foi ! » et aussi « « la prière nous rend agréables à Dieu; priez donc, priez toujours. » Oui, la prière est le terreau des grandes oeuvres.

C’est encore ce jour que nous fêtons un autre saint, Saint Pie V, pape et homme de grande finesse, modeste et intelligent, proche des plus pauvres, il prit soin d’oeuvrer à la formation des prêtres et de restaurer la liturgie pour qu’elle soit célébrée à la plus grande gloire de Dieu. C’était au XVIème siècle, époque mouvementée mais temps d’un jaillissement nouveau de sainteté. Ainsi ce jour, c’est la sainteté que nous pouvons tous demander pour soi et pour l’Eglise par l’intercession de ces saints et de la Vierge Marie. Notre mère du Ciel est toujours présente et nous pouvons lui chuchoter simplement « je vous salue Marie ». Le mois de mai s’ouvre à nous. C’est le mois de Marie. Vous trouverez sur le site du diocèse une page consacrée à elle et dans vos églises la porte ouverte pour aller prier et mettre une bougie pour vos proches malades ou défunts.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

publié par Pierre-André