Message de Monseigneur Christory du lundi 4 mai 2020. « Nous, ses serviteurs, nous allons nous mettre à reconstruire »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Voici un nouveau message pour une nouvelle semaine de confinement. C’est le 50ème message et j’aimerais vous partager mon enthousiasme à écrire; c’est pour moi un cadeau de prier pour vous tôt le matin pour recevoir du Seigneur le thème de ma rédaction. Ouvrir la Bible, soit dans le livre soit sur l’écran ce qui est pratique pour retrouver une citation, relire tel écrit spirituel pour synthétiser un peu ma pensée, tout concourt à reprendre les fondamentaux de la foi. Ainsi, jour après jour, apparaît le visage de Jésus, dans ses deux natures, humaine et divine, qui dévoile Dieu Trinité comme Amour divin livré aux hommes par le don du Saint Esprit. Accueillir la grâce que Dieu fait à chacun quand il est là vivant parmi nous, non pas à travers un enseignement ou un livre, mais en personne. Nous chrétiens ne sommes pas membres d’une religion du livre, mais disciple de Jésus, Verbe divin fait homme. Nous l’approfondissons par la contemplation, ce qui nous demande une lecture assidue et méditative de l’Evangile, de la vie de Jésus à la découverte de ses mots, ses actes, sa présence, sa proximité avec les pauvres et les malades, sa détermination face aux erreurs, son regard sur ceux que personne ne voit plus, son rejet du mal, sa recherche de la vérité, sa soif de communion… « Qui m’a vu a vu le Père ! » résume bien cela (Jn 14,9). Saint Jérôme, traducteur de la Bible en latin à la fin du IVème siècle, disait que l’ignorance des Ecritures c’est l’ignorance du Christ. Mathilde, une fiancée, me disait sa joie de découvrir maintenant les textes sur Jésus. C’est souvent le cas des catéchumènes. Certains se disent éblouis et lisent chaque jour longuement les évangiles. Aussi puis-je reformuler le constat que fait avec bonheur saint Paul : « voici pourquoi nous ne cessons de rendre grâce à Dieu : quand vous avez reçu la parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous l’avez accueillie pour ce qu’elle est réellement, non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu qui est à l’œuvre en vous, les croyants. » (1Th 2,13) Ensemble, dans nos communautés paroissiales, pouvons-nous faire mutuellement ce pas les uns vers les autres et rendre grâce ? « Oui, c’est vous qui êtes notre gloire et notre joie. » ajoute Saint Paul (1Th 2, 20).

Cette nouvelle semaine se vivra au sein de nos églises domestiques. Avez-vous par exemple mis en place le bénédicité au début de chaque repas, en remerciement pour la nourriture et celle ou celui qui l’a préparée ? Certains expriment leur lassitude de ne pas être en communauté paroissiale. Suivre la messe à la télévision, certes une grâce pour les personnes âgées habituées au Jour du Seigneur sur France 2, mais pour nous qui venions à l’église le dimanche voire en semaine, cela devient difficile. Nous risquerions même tout en nous lassant de nous habituer à une formule si décontractée. Il faut une volonté certaine pour se préparer et y mettre tout son coeur afin de se relier les uns avec les autres quand on ne se voit pas. Il est vrai que les efforts pour retransmettre des messes locales ou celle de la cathédrale ont permis de nous relier avec le lieu que nous fréquentions habituellement. Mais l’Eglise souffre car elle ne peut pas se passer d’être ensemble. Il a pu arriver d’entendre que l’on peut être chrétien sans pratiquer. Cela voudrait dire que nos « valeurs » chrétiennes peuvent exister dans la vie d’une personne baptisée sans qu’elle n’aille à l’église. Soit, mais la foi n’est pas d’avoir des valeurs, mais de suivre Jésus, et d’être ensemble son Corps, l’Eglise convoquée par l’Esprit. Pour nous catholiques, l’Eglise fait l’eucharistie et l’eucharistie fait l’Eglise. Cette formule du père Henri de Lubac dit clairement le besoin de célébrer ensemble pour répondre à l’espérance de Jésus « que tous soient un comme toi et moi, Père, sommes un. » (Jn 17,21) Etre ensemble pour puiser l’énergie afin de nous aimer, servir et nous donner, pour nous pardonner mutuellement et faire jaillir l’Espérance. Aussi l’auteur de la lettre aux hébreux dit : « Ne délaissons pas nos assemblées, comme certains en ont pris l’habitude, mais encourageons-nous, d’autant plus que vous voyez s’approcher le Jour du Seigneur. » (Hb 10,25) Nous voyons bien que la tentation d’une religion à la carte, en fonction de ses humeurs, est bien là. Mais si nous délaissions nos assemblées, alors il est fort probable que notre attachement à l’Evangile pâlirait, que notre prière disparaitrait peu à peu, et qu’un jour nous renierions Jésus-Christ lui-même. En ces jours, persévérons encore, en unissant deux mots : patience et providence. Patience toujours pour demeurer en paix dans nos attentes tant matérielles que spirituelles; providence car là est l’oeuvre du Saint Esprit qui pourvoit à nos besoins, n’en doutons pas !

Ce lundi, nous continuons la lecture des Actes des apôtres et nous est lue lors de la messe une histoire étonnante que vit Saint Pierre et qui sera déterminante pour l’ouverture de l’Eglise primitive aux nations païennes, à un moment où les disciples pensent encore que la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ, en tant que fruit du judaïsme, est destinée aux seuls juifs. Pierre fait un rêve troublant, comme un songe car il n’est pas fugace mais bien tenace, d’un repas où la nourriture est composée de viande sauvage donc impure à consommer. Pierre dans son rêve résiste à l’idée de la porter à la bouche, mais Dieu lui parle alors « Ce que Dieu a déclaré pur, toi, ne le déclare pas interdit. » (Act 11, 9). Peu de temps après, s’étend éveillé, Pierre reçoit la demande pressante de se rendre chez un païen Corneille, ce qui lui est interdit par sa loi car cela le rendrait impur. Poussé par l’Esprit, il découvre que la grâce du Christ l’a précédé et que toute la famille est ouverte à la parole de Salut. La famille est baptisée par Pierre, enfants et adultes. A son retour, on interpelle Pierre pour avoir enfreint la loi, mais Pierre explique comment l’Esprit l’a poussé en avant : « Si Dieu leur a fait le même don qu’à nous, parce qu’ils ont cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je, moi, pour empêcher l’action de Dieu ? » (Act 11, 17) Par son témoignage, Il convainc l’assemblée que Dieu attire chacun pour découvrir son projet destiné aussi aux païens. « En entendant ces paroles, ils se calmèrent et ils rendirent gloire à Dieu, en disant : « Ainsi donc, même aux nations, Dieu a donné la conversion qui fait entrer dans la vie ! » (Act 11,18)

C’est avec cette conviction que les missionnaires sont partis vers des peuplades souvent inconnues afin d’annoncer la Bonne Nouvelle et enseigner comme suivre Jésus par les sacrements institués par lui. Comme nous annonçons une personne vivante, Jésus, aucune culture humaine ne peut être brimée par l’ignorance de sa présence. Chacune d’elles a été préparée par l’Esprit Saint pour cette rencontre, même si d’autres moeurs y étaient ou sont encore très éloignés d’un art de vivre chrétien, comme la polygamie, le cannibalisme ou les sacrifices humains. Notre culture occidentale, pourtant bien nourrie du christianisme, n’est pas exempte des structures de péché qu’il faut évangéliser à nouveaux frais. La culture de mort y est bien implantée. Les injustices sociales sont toujours fortes. L’homme contemporain doit désarmer son coeur pour reprendre la formule du pape François. Faute de cette conversion radicale de chacun et des structures, notre culture restera très fragile et menacée par des tempêtes qui ne manqueront pas de l’assaillir. Notre maison commune est aujourd’hui bâtir sur le sable, car nos gouvernants ne mettent pas en pratique la Parole de Dieu. Ce temps pascal permet de demander avec force la lumière de l’Esprit Saint que Jésus promet. Invoquons-le pour ne pas nous endormir dans la torpeur spirituelle ambiante mais pour reconstruire la Jérusalem spirituelle comme lorsque le prophète Néhémie exhortait le peuple au retour d’exil : « C’est le Dieu du ciel lui-même qui nous fera réussir. Nous, ses serviteurs, nous allons nous mettre à reconstruire. » (Ne 2, 20). Aujourd’hui, cette reconstruction se fera en ouvrant les portes pour aller vers le monde, heureux et fier de notre foi, car nous avons un Dieu de Miséricorde manifesté par Jésus-Christ.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Donnez au Denier de l’Eglise

Avec le confinement, notre diocèse voit ses ressources s’effondrer. Le Denier demeure LA ressource de l’Eglise nécessaire à la mission ! Merci car nous vous savons attachés à l’Eglise en Eure & Loir. Soyez bénis !

Mai, le Mois de Marie

Traditionnellement ce mois est pour la Vierge Marie. Allez dans votre église la prier avec le chapelet, mettez y un cierge. Dans nos familles, tournez vous avec confiance vers elle. Sa prière est puissante auprès de Dieu Père.

publié par Pierre-André