Message de Monseigneur Christory du mercredi 6 mai 2020. « Celui qui me voit voit Celui qui m’a envoyé »
Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,
Quelle joie ce fut de regarder « Secret d’Histoire » produit et animé par Stéphane Bern qui a révélé l’histoire et la figure de l’auteur de l’« Histoire d’une âme », Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face. Vous trouverez l’émission en replay sur le site de France 3, et vraiment prenez sans tarder les deux heures consacrées à retracer sa vie avec le cadeau de la visite en détail du Carmel de Lisieux où les visiteurs n’entrent pas, clôture oblige. Personnellement, j’ai beaucoup lu ses manuscrits autobiographiques qui constituent ensemble l’« histoire d’une âme » mais aussi ses poèmes, ses pièces de théâtres, ses correspondances notamment avec l’abbé Bellière emplies d’une maturité spirituelle extraordinaire, et toutes les notes de ses soeurs, carmélites avec elle, qui nous rapportent ses derniers propos. Le 30 septembre 1897, Thérèse agonisait dans une souffrance indicible, étouffait, mais continuait dans son épuisement à s’offrir pour le salut des âmes et les prêtres. « Je ne me repens pas de m’être livrée à l’Amour… Oh ! non, je ne m’en repens pas, au contraire ! »… et quelques instants après ses dernières paroles « Eh bien !… allons !… allons !… Oh ! je l’aime ! Mon Dieu, je vous aime ! » et Thérèse entrait dans la Vie. Elle avait promis de passer son Ciel à faire du bien sur la terre. Que n’a-t-elle pas fait depuis ? Combien de guérisons, de miracles, de conversions, d’élans missionnaires ? Comme le psalmiste le dit « La terre a donné son fruit ; Dieu, notre Dieu, nous bénit. Que Dieu nous bénisse, et que la terre tout entière l’adore ! » (Ps 66,7-8) Fruit de la terre, merveilleuse icône de la sainteté, Thérèse fit un parcours digne des géants et elle nous enseigne que la sainteté est faite de mille choses simples et cachées, ordinaires et réalisées avec un amour extraordinaire comme saint Paul le dit « je vous exhorte donc à vous conduire d’une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. (Eph 4,1-3) Il est magnifique de voir comment la Providence s’est saisie du visage de cette religieuse si simple pour que soit connue, par les manuscrits, l’oeuvre de la grâce durant les vingt quatre années de sa vie si brève, et de voir comment l’Eglise universelle, sur tous les continents, a été inspirée par son histoire sainte. Elle demeure l’incontournable sainte Thérèse de Lisieux, et je réalise que depuis que je suis évêque de Chartres, je n’ai pas pris le temps d’aller la remercier par une messe en son Carmel. Vivement la fin du confinement pour que j’aille lui demander pardon de l’avoir ainsi négligée ! Et merci à vous Stéphane Bern d’avoir osé vous saisir d’une telle histoire mystique pour la rendre accessible au grand public !
Thérèse est née dans une famille où l’amour pour Dieu avait la première place. Ses parents Louis et Zélie avaient tous les deux pensé devenir consacrés. Finalement c’est tardivement qu’ils se marièrent. Thérèse fut la neuvième de neuf enfants, fruit de la générosité de ses parents dont la vocation fut beaucoup éprouvée par la mort de quatre enfants en bas âge. Thérèse est donc celle que Dieu a offert non seulement à cette belle famille aimante mais à l’Eglise comme un cadeau ultime et si précieux. Cependant c’est ce bain de vraie sainteté familiale qui fut l’espace où elle grandit, pour passer par des étapes psychologiques difficiles et finalement se donner à Jésus au Carmel alors qu’elle a à peine quinze ans. Un peu comme le jeune prophète Daniel encore adolescent surprend les anciens de son clan par sa sagesse, Thérèse voulait avancer vers l’union à Jésus car le temps pressait. Devenir vite sainte, tout son désir, et l’Esprit Saint était là, car il nous fallait ce fruit merveilleux pour faire face à nos médiocrités et à notre attachement servile à l’esprit du monde. Son bonheur était Jésus, et la Vierge Marie la mère de Jésus qui devint réellement sa mère. Marie lui présentait son Fils : « Celui qui me voit voit Celui qui m’a envoyé » (Jn 12, 45). Saint Jean, en cette péricope lue lors de la messe du jour, rapporte ces paroles si puissantes de Jésus, pour que nous comprenions que Lui seul révèle le visage du Père du Ciel. Ce visage est tout spirituel car Dieu est pur esprit, mais nous en parlons ainsi pour tenter de dire quelque chose de compréhensible sur la tendresse et la bienveillance de Dieu. Curieusement ces mots sont les derniers de Jésus avant la passion. Son arrestation au dû avoir lieu le soir même. Ce visage que nous contemplons sera battu de coups, et pour reprendre Isaïe « il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme » (Is 52,14). Thérèse sera profondément attachée à son petit crucifix qu’elle tient en main quand elle meure. Elle a fait le choix de s’unir dans ses douleurs si terribles à la souffrance de Jésus offerte pour notre Salut.
Il est bien compliqué de parler de la souffrance. Monseigneur François Marty, alors archevêque de Paris, conseillait aux jeunes prêtres de n’en rien dire car ils ne savent pas de quoi ils parlent. Saint Paul écrivit : « Maintenant je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous ; ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma propre chair, je l’accomplis pour son corps qui est l’Église. » (Col 1,24). Le Christ a pourtant tout racheté par sa passion et sa mort. Que manque-t-il ? En réalité rien mais les membres de son corps sont associés mystérieusement à son offrande, certains plus encore comme saint Padre Pio en recevant les stigmates de la passion. Sainte Thérèse dans son agonie vit cela dans son corps mais plus encore dans son âme qui passe par le tunnel de l’obscurité spirituelle, appelée nuit de la foi, et compatit avec les non-croyants qui ignorent voire qui ont rejeté Jésus. Voici pourquoi le démon, l’Antichrist, cherche par tous les moyens à masquer le visage de Jésus, à l’interdire dans les lieux de vie et les écoles, à proposer des satisfactions mondaines qui ne pourront pas répondre aux questions fondamentales des hommes mais qui les occupent jusqu’au jour de la mort. Car si l’homme est coupé de Jésus, il est séparé du Père et devient orphelin et abandonné.
Avec sainte Thérèse, encouragé par Saint Jean, comprenons que notre chemin est là avec Jésus : « Lui qui est si riche en gloire, qu’il vous donne la puissance de son Esprit, pour que se fortifie en vous l’homme intérieur. Que le Christ habite en vos cœurs par la foi ; restez enracinés dans l’amour, établis dans l’amour. Ainsi vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur… Vous connaîtrez ce qui dépasse toute connaissance : l’amour du Christ. Alors vous serez comblés jusqu’à entrer dans toute la plénitude de Dieu. » (Eph 3, 16-19) Ne vous découragez pas. Nous sommes devant nos faiblesses quand nous voyons une jeune sainte monter si haut les marches de la sainteté. Rappelez vous que l’arme du mauvais est souvent ce découragement qui nous terrasse dans nos bonnes intentions. Avancez pas après pas, aujourd’hui, car à chaque jour suffit sa peine, en faisant le bien avec discrétion. Un jour nous nous verrons face à face, au Ciel, avec Thérèse et nos amis célestes et comme elle, nous entrerons dans la vie et la joie qui va avec. Alléluia !
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Et, en ce mois de mai, mois de Marie, nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen
Donnez au Denier de l’Eglise
Avec le confinement, notre diocèse voit ses ressources s’effondrer. Le Denier demeure LA ressource de l’Eglise nécessaire à la mission ! Merci car nous vous savons attachés à l’Eglise en Eure & Loir. Soyez bénis !
Mai, le Mois de Marie
Traditionnellement ce mois est pour la Vierge Marie. Allez dans votre église la prier avec le chapelet, mettez y un cierge. Dans nos familles, tournez vous avec confiance vers elle. Sa prière est puissante auprès de Dieu Père.