Message de Monseigneur Christory du samedi 9 mai 2020. « Marie, première Eglise, notre Mère du Ciel »
Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,
Nous sommes samedi et à nouveau nous aimons nous tourner vers la Mère de Dieu pour être conduits par elle vers Jésus dont nous fêterons dimanche la Résurrection. Pour aller vers Dieu, comme pour entrer dans une vaste maison, il y a parfois un narthex où les invités sont accueillis. Marie est là pour cet accueil. Nous pouvons lui déposer nos valises, soit nos peines et nos souffrances; elle nous ouvre ses bras sans jugement, mère bienveillante et aimante, elle nous prend par la main et nous accompagne vers le Roi des rois, son fils Jésus. Certains me disent qu’ils ont du mal à prier le chapelet. Comprenons que ce n’est pas une obligation. Cependant, dans la belle tradition spirituelle qui s’est développée depuis le Moyen-Âge et même avant, la place de Marie est magnifique et la prier avec le chapelet est un chemin d’excellence spirituelle, une voie d’union à Dieu, comme par exemple chez les cisterciens. Au monastère de Sept-Fons, on trouve des images de Marie un peu partout et souvent un moine est là silencieux et priant à ses pieds. Elle ne peut pas abandonner les enfants que Jésus lui a confiés.
Marie, dont je vous ai parlé il y a quelques jours en commentant le beau titre de « Marie porte du Ciel », est le modèle le plus éminent du disciple. Elle écoute la Parole, elle l’accueille, elle acquiesce à la volonté de Dieu, elle enfante Jésus Parole éternelle du Père, elle éduque son enfant puis encourage les disciples à faire ce que Jésus dit, elle vit la souffrance de la passion et son coeur est transpercé d’un glaive à la Croix conformément à la prophétie de Syméon trente années plus tôt; néanmoins elle demeure confiante, elle est remplie de l’Esprit à la Pentecôte et sa joie peut éclater comme dans son Magnificat « Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur car il s’est penché vers son humble servante ». Il ne lui manque rien. Elle a tout donné pour tout recevoir de Dieu.
A la Croix, elle fut confiée à saint Jean comme mère spirituelle et devint ainsi Mère de tout disciple et Mère de l’Eglise. Ce titre contemporain, formulé par le pape saint Paul VI, exprime le sentiment des catholiques qui voient en elle un modèle permanent et la figure de l’Eglise elle-même. Saint Paul affirme la maternité de l’Eglise quand il écrit aux Galates : « vous que j’enfante à nouveau dans la douleur jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous. » (Gl 4,19). Il existe un mystère maternel dans l’Eglise qui se dévoile et se précise, au contact de Marie. Marie est comme une bonne terre qui reçoit la semence, puis il en sort un arbre magnifique sous lequel tous trouvent un abri. Elle s’offre en apportant par son corps la vie et la nourriture à l’enfant qu’elle porte. Marie devient mère en accueillant en elle la Parole et en la gardant précieusement. Il en est de même pour l’Eglise. Le Concile Vatican II le dit explicitement : « En contemplant la sainteté mystérieuse de la Vierge et en imitant sa charité, en accomplissant fidèlement la volonté du Père, l’Église, grâce à la Parole de Dieu qu’elle reçoit dans la foi, devient à son tour Mère : par la prédication en effet, et par le baptême, elle engendre à une vie nouvelle et immortelle des fils conçus du Saint-Esprit et nés de Dieu. » (LG 64) Avec Jésus, Marie recevait par grâce une maternité dans l’ordre naturel; avec nous c’est une maternité dans l’ordre surnaturel de la grâce, élargie à toute l’humanité. Marie est la première Eglise.
Vous écrivant cela, je vois le labyrinthe de notre cathédrale à Chartres, dans ce lieu sacré tout dédié à Notre-Dame, placé au premier tiers de la nef comme sur le ventre de Marie, le lieu de l’enfantement sur le chemin vers le choeur. L’itinéraire proposé grâce à l’imagination et surtout à la théologie de ses concepteurs conduit jusqu’au centre tout pèlerin qui le parcourt, et le centre c’est bien le Christ. Les deux cent soixante dix pierres blanches rappellent le nombre de jours d’une gestation dans le sein maternel. Ainsi le labyrinthe fait écho à la conversation entre Jésus et Nicodème que saint Jean rapporte dans le troisième chapitre de son évangile quand Jésus l’invite à naître de nouveau de l’Esprit Saint : « Ne sois pas étonné si je t’ai dit : il vous faut naître d’en haut. » (Jn 3,7) Nicodème ne comprend pas pourquoi et comment un adulte pourrait retourner dans le ventre de sa maman. Jésus lui affirme alors la nécessité de la vie nouvelle dans l’Esprit : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » (Jn 3,5) Notre vie de foi est simultanément un enfantement qui n’est pas achevé et un chemin illuminé dans les ténèbres du monde afin que nous gardions l’espérance et que nous devenions pleinement adulte dans la foi, en vue de la vie éternelle.
Pour chacun de nous être l’enfant de Marie est un don incroyable. Après la Croix, il est dit que « dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez lui. » (Jn 19,27). Un beau chant dit « je te prends chez moi, Marie ma mère, car dans ton humble condition, et dans ta très pure virginité, Dieu s’est fait homme ». Chers amis, avez-vous offert à Marie toute la place qu’elle mérite « chez vous » ? En votre coeur et votre prière ? L’avez-vous prise chez vous ? Dans la culture ambiante, c’est souvent le « faire » qui domine. La technique promeut des biens de consommation qui feront tout pour nous ou encore à notre place, comme ces aspirateurs autonomes qui se promènent seuls dans vos pièces, ou encore ces appareils de cuisson programmables. La voiture que nous aimons conduire se conduira bientôt toute seule. Nous serons pris en charge par des robots humanoïdes disponibles H24 et surtout toujours gentils. Mais la vie est-elle dans le « faire » ? Marie nous indique le chemin de « l’Être ». Avec elle, il s’agit de demeurer en prière en famille ou auprès d’un malade, accompagner le monde et ses attentes, vivre dans le recueillement, le chapelet en main, la paix en soi. Marie est la gardienne de notre douceur et du silence paisible. Elle « rassemble tous les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52) et elle promeut l’unité de l’Eglise.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Et, en ce mois de mai, mois de Marie, nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen
Donnez au Denier de l’Eglise
Avec le confinement, notre diocèse voit ses ressources s’effondrer. Le Denier demeure LA ressource de l’Eglise nécessaire à la mission ! Merci car nous vous savons attachés à l’Eglise en Eure & Loir. Soyez bénis !
Mai, le Mois de Marie
Traditionnellement ce mois est pour la Vierge Marie. Allez dans votre église la prier avec le chapelet, mettez y un cierge. Dans nos familles, tournez vous avec confiance vers elle. Sa prière est puissante auprès de Dieu Père.