Homélie du Père Jean-Pierre pour le 5ème dimanche de Pâques
Ce dimanche la Parole de Dieu nous invite à contempler le Christ, qui conduit son peuple. La première lecture, avec le récit des Actes des Apôtres, nous avons le témoignage de la communauté chrétienne de Jérusalem. Celle-ci est encore jeune mais en pleine effervescence. Les effectifs ne cessent d’augmenter : on y compte désormais des frères et des sœurs de langue grecque ; ces derniers se plaignent du mauvais fonctionnement de l’assistance aux veuves. Les apôtres redéfinissent alors les priorités.
C’est ainsi qu’est mis en place le groupe des sept. Leur mission sera le service des tables mais aussi le service sous toutes ses formes à la communauté. Nous découvrons que la croissance de l’Église entraine des problèmes nouveaux, des conditions nouvelles d’évangélisation. Sous la conduite de l’Esprit Saint, elle s’efforce de rejoindre le monde dans ce qu’il vit. Aujourd’hui comme autrefois, l’important c’est que la Parole ne soit pas bloquée. Une Église qui n’aurait pas le souci des plus pauvres ne serait pas l’Église de Jésus Christ.
Dans la deuxième lecture, l’Apôtre Pierre s’adresse à des communautés chrétiennes affrontées à de grandes difficultés : les chrétiens y sont persécutés et déshonorés par l’environnement païen. Le temple de Jérusalem vient d’être détruit. Pour les juifs, ce lieu était le signe de la présence de Dieu au milieu de son peuple. Mais avec Jésus, tout est changé : il se présente lui-même comme le vrai Temple, demeure de Dieu parmi les hommes. Ce temple spirituel se prolonge par le peuple chrétien. Cette communauté est fondée sur le Christ : il est la pierre angulaire du nouvel édifice. Cette communauté accomplit ce que le Judaïsme ne pouvait réaliser : le véritable sacrifice qui permet aux hommes de rencontrer Dieu, source de vie et de lumière.
Et l’Évangile de ce dimanche quant à lui, nous ramène au soir du Jeudi Saint. Jésus annonce à ses disciples son départ vers le Père. Mais son enseignement se veut rassurant. Ce départ n’est pas un abandon ni une fuite : Jésus leur annonce qu’il leur prépare une place dans la Maison de son Père. Cette annonce est une bonne nouvelle, un appel à vivre dans l’espérance. Les épreuves ne manqueront pas : dans quelques heures, ce sera la Passion et la mort de leur Maître ; par la suite, ils connaîtront le temps des persécutions.
Mais rien ne doit troubler l’espérance des chrétiens : le Christ reste bien présent au milieu d’eux. Il est « le chemin, la Vérité et la Vie ». C’est en passant par lui que nous allons au Père. Jésus n’est pas un simple chef religieux qui enseigne dans une synagogue. Son enseignement s’est répandu sur les routes de Galilée, de Samarie et de Judée.
Frères et sœurs chrétiens, ce qu’il faut bien comprendre c’est que ce chemin n’est plus un lieu ni une destination, mais une rencontre, une parole partagée avec Jésus. C’est en lui que nous trouvons la plénitude de la vérité. En dehors de lui, nous allons à notre perte.
Oui avec le Christ ressuscité, notre vie devient un chemin d’espérance, un chemin de confiance. Notre vie se trouve transformée par l’amour qui est en Dieu. Sa Parole nous met en mouvement. Elle nous appelle à une conversion de nos vies, à une conversion de nos raisonnements, à une conversion de nos mentalités. Oui c’est très nécessaire, si nous voulons que l’amour de Dieu habite et rayonne dans nos vies. Aujourd’hui comme autrefois, l’appel du Christ se fait entendre : « Croyez en moi. »
Ce Jésus qui s’adressait à ses apôtres est « Dieu avec nous » ; chaque jour, c’est lui qui vient à nous comme lumière dans la nuit ; il n’a jamais cessé de nous aimer. Et quand nous tombons, il vient nous dire : « Reprends confiance en toi ; remets-toi en route ; tu vaux plus que ce que tu crois ; je suis avec toi pour te prendre par la main quand tu risques de flancher. »
Frères et sœurs chrétiens, croire en Jésus veut dire : renaître chaque jour à l’espérance, à la confiance et au courage de vivre. Cela ne devient possible que si nous le fréquentons assidument par la prière, la méditation de l’Évangile et l’Eucharistie, que nous espérons célébrer bientôt avec la communauté rassemblée.
Jésus termine son discours par une prédication solennelle : « Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. » Ce mot « œuvre » nous renvoie à la grande œuvre de Dieu qui est de libérer son peuple. Nous y sommes tous associés : le même Dieu veut libérer l’humanité de tous ses esclavages. Comme les apôtres, nous sommes envoyés pour être les messagers de cette bonne nouvelle.
En ce dimanche, nous rendons grâce pour cette lumière de la foi qui nous a été donnée. Par elle, c’est le Christ qui éclaire nos pas plus ou moins hésitants en direction du Royaume de Dieu. Nous le prions les uns pour les autres : qu’il nous rende plus disponibles pour témoigner de son amour qui vient sauver tous les hommes. MAI est le mois de Marie, mettons-nous sous son ombre par la prière.