Message de Monseigneur Christory du jeudi 14 mai 2020. “Laudato Si” du pape François – Méditation sur l’écologie intégrale. « Regards sur la détérioration de notre maison commune »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Carole marchait devant moi, je ne la connaissais pas, il était sept heures du matin, son chien en laisse, et je la vis soudain se pencher pour ramasser deux canettes vides, les mettre dans son sac plastique. Je lui ai dit que je la remerciais, nous avons fait connaissance et tout au long du chemin, elle continuait à récupérer les détritus sur la montée des Charbonniers. Bravo. Pour elle une démarche normale, était-ce cela l’écologie ? Ne pas polluer, ôter les déchets, manger bio ? Disons que cela fait partie d’une vision écologique, mais l’écologie ne peut se réduire à manger des carottes bio. L’écologie dite intégrale est une approche globale des relations, entre les personnes, avec soi-même, avec la nature et aussi entre nous et Dieu. Et si nous sommes solidaires de fait, nous ne le sommes pas dans les faits.

Le pape François dans l’encyclique « Laudato Si » dont je continue la lecture, commencée hier, avec le premier chapitre appelé « Ce qui se passe dans notre maison », porte un regard lucide sur la situation mondiale et sur la grande détérioration de notre maison commune, notre soeur la Terre. Certains vont dire qu’il ne faudrait pas être si pessimistes, que le confinement a permis de réduire fortement les émissions de CO2, que l’homme fait des efforts. Mais la faiblesse des réactions sur les drames en cours et les conséquences présentes et à venir sur les personnes est réelle.

Passons donc en revue, trop brièvement et je m’en excuses, les données mentionnées par le Saint Père. Tous nous voyons le monde changer, l’accélération de la vie et les transformations irréversibles. On nous parle ces jours-ci du retour et même de la victoire du plastique, car la pandémie a relayé à l’arrière plan les questions de pollution : que vont devenir ces masques, ces gants, ces visières, ces blouses que nous produisons pour un usage si éphémère et que nous jetons ? Les ordures s’accumulent en montagnes bien réelles, dans les pays pauvres où les pays riches expédient leurs rejets, globalement il y a une véritable culture du déchet. Cela impacte fortement les éco-systèmes car tout est polluant. Le recyclage concerne une part si réduite de ces déchets. Le réchauffement accélère un cercle vicieux de production de CO2, l’acidité des mers avec la mort d’immenses récifs de coraux, la migration des pauvres qui ne peuvent plus pêcher, travailler et donc manger. L’eau devient une richesse commercialisable et des sociétés en prennent possession même en France, la valorise et la vende cher. Or dit le pape « l’accès à l’eau potable et sûre est un droit humain primordial, fondamental et universel, parce qu’il détermine la survie des personnes. » Le monde a une grave dette sociale vis à vis des plus pauvres qui n’ont pas accès à l’eau potable. Certains d’entre eux nous font remarquer que nous vidons nos cuvettes des toilettes avec l’eau potable. Que vaudrait une simple bouteille de cette eau dans certaines villes africaines ? L’accélération dont parle le pape touche tous les éco-systèmes et les scientifiques constatent la disparition de milliers d’espèces animales et végétales, d’insectes et autres corps vivants, qui pourtant vivent en harmonie. Leur préservation n’intéresse pas grand monde, puisque leurs espaces vitaux sont considérés comme des lieux de ressources économiques et financières à exploiter. Or beaucoup d’entre nous sommes des témoins muets voire indifférents.

Quel est la place de l’homme ? Certains l’accusent de tous les maux et l’homme devient un ennemi de la nature, l’homme à condamner. Si cette transformation est bien l’oeuvre des humains, l’homme est aussi un participant à cette nature et une victime de ce cercle déréglé et fou. Dans des mégapoles géantes, la vie est entourée de béton, le bruit est incessant, la lumière artificielle est partout, c’est souvent un chaos urbain et humain. Aussi nous ne sommes pas surpris de la dégradation sociale qui s’opère, des tensions que l’on peut appeler communautarismes, de la violence croissante. Curieusement alors que la densité de population atteint des sommets avec plusieurs dizaines de milliers d’habitants au kilomètre carré, on découvre une solitude incroyable, une absence de relations humaines que les réseaux Internet ne peuvent pas compenser car le virtuel ne remplace pas la rencontre. Le mal-être devient si commun que bien des personnes vivotent entre antidépresseurs et suicides. Alors les experts qui commandent cette société reprennent à nouveaux frais l’adage romain « du pain et des jeux », comme durant ce confinement où les magasins d’alimentation sont ouverts et les plateformes des GAFA et autres sociétés du divertissement vendent de l’illusion. Mais tous les lieux de rencontre et d’humanisation sont fermés. On tolère que les églises sont ouvertes mais sans se rassembler, et pas plus de dix personnes comme en la cathédrale pourtant plus vaste qu’un hypermarché où la cohue est acceptée. Il nous faut appeler de nos voeux un renouveau de la fraternité, face au constat que « se développe une profonde et mélancolique insatisfaction dans les relations interpersonnelles, ou un isolement dommageable. »

Nous comprenons que l’écologie intégrale veut réfléchir aux relations entre tous, à l’entraide et au soutien entre riches et pauvres. Pour l’Eglise qui encourage « l’option préférentielle pour les pauvres », le soin des populations pauvres doit conduire des options politiques fortes, car ils sont nos frères et leur vie est terriblement impactée par les conséquences de la pollution. Ils paient le prix fort pour notre vie occidentale aisée. Ils nous donnent ce que nous consommons. Il est immoral que perdure « le modèle de distribution actuel où une minorité se croit le droit de consommer dans une proportion qu’il serait impossible de généraliser, parce que la planète ne pourrait pas contenir les déchets d’une telle consommation ». Il y a une véritable dette écologique entre les peuples, qui s’est accumulée dans l’histoire moderne.

Cette partie assez sombre de la situation peut faire réagir les jeunes générations vers qui j’adresse cette conclusion. Travaillez dur pour vous former afin d’être demain les acteurs du bien commun. Avec votre entrain et votre enthousiasme, nous renforcerons la conscience que nous formons une seule famille humaine. Vos pères ont souvent construit des murs et certains en ajoutent de monstrueux. Soyez de ceux qui réaliseront des ponts. Si la science et la technologie peuvent être réellement au service de l’humanité, faites qu’elles soient des outils et non pas nos maîtres, car tous nous y laisserions notre liberté, notre bonheur et nos vies. Demain nous continuerons cette lecture avec l’Evangile de la création.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, prions :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Donnez au Denier de l’Eglise

Avec le confinement, notre diocèse voit ses ressources s’effondrer. Le Denier demeure LA ressource de l’Eglise nécessaire à la mission ! Merci car nous vous savons attachés à l’Eglise en Eure & Loir. Soyez bénis !

Mai, le Mois de Marie

Traditionnellement ce mois est pour la Vierge Marie. Allez dans votre église la prier avec le chapelet, mettez y un cierge. Dans nos familles, tournez vous avec confiance vers elle. Sa prière est puissante auprès de Dieu Père.

publié par Pierre-André