Pentecôte. Message de Monseigneur Philippe Christory du samedi 30 mai 2020. « Livrons-nous à l’Amour, au Feu de l’Esprit ! »

Je voudrais vous remercier de vos mots enthousiasmants pour ce que notre Eglise a fait durant le confinement. Personnellement, je me propose de vous faire un message chaque semaine. Cela veut être un lien entre nous et un encouragement pour une abelle vie spirituelle. Allons de l’avant, joyeux, dans la lumière de l’Esprit Saint ! Merci de toutes vos prières pour notre mission. 

Ce dimanche, fête de la Pentecôte soit le don de l’Esprit reçu par les disciples, nous prions pour une nouvelle effusion de l’Esprit sur l’Eglise en Eure & Loir et en France. Mardi 26 mai, nous fêtions Saint Philippe Neri, mon saint patron de coeur. On l’appelle souvent le saint de la joie, celle du Saint Esprit. Grande figure du XVIe siècle, Florentin même s’il vécut à Rome. Comment cet homme, qui arrive jeune adulte dans la ville éternelle mise à sac par les armées de Charles Quint, lieu aux mœurs dépravés, là où l’Eglise est remise en cause par un néo-paganisme et où les chrétiens se cachent pour éviter les moqueries, comment Philippe Néri enracine sa vie dans le Christ et devient un missionnaire extraordinaire ? D’un optimisme inébranlable, cet homme de foi, plein d’humour, audacieux dans la mission, rassembla des disciples pour louer Dieu, les enseigner et faire des pèlerinages. Sa présence rendit l’Évangile contagieux particulièrement à travers la confession et l’adoration eucharistique.

Il rassembla, construisit la magnifique Chiesa Nuova, là il fonda l’Oratoire. Qu’est-ce donc que cet Oratoire Saint Philippe Néri ? C’est une vie sacerdotale qui se définit comme une vie familiale sous le même toit, unissant les membres par le seul lien de la charité fraternelle proposée comme but et moyen de sanctification. Cette vie commune est au service d’un apostolat commun qui participe à l’œuvre d’évangélisation de la ville où est implantée la maison.

Comment peut-il nous inspirer au sein de notre société athée qui non seulement ignore Dieu mais lui oppose une culture païenne ? Saint Philippe nous encourage à nous ouvrir à la puissance de l’Esprit, en nous laissant conduire par lui pour devenir un peuple de louange et une communauté fraternelle. Il ne s’est pas laissé arrêter par les difficultés. Un éleveur mongole disait lors d’un très beau reportage télé : « plus nous avons de problèmes, plus nous avons de solutions ! ». Saint Philippe a accueilli le réel de la vie romaine de son époque, il a abordé un problème à la fois dans la lumière du Seigneur. L’Esprit Saint ne dénonce pas le monde mais nous guide, nous protège et nous donne à voir la lumière extraordinaire de l’Amour de Dieu pour chaque pas à faire.

La fête de la Pentecôte conclue le temps pascal et notre lecture liturgique du livre des Actes des Apôtres qui racontent comment l’Esprit Saint a conduit les apôtres aux quatre coins de l’Empire Romain pour annoncer la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ. Nous avons lu que les refus et les épreuves ne manquèrent pas mais aussi comment les églises locales se sont constituées autour des anciens, les épiscopos que l’on appelle aujourd’hui évêques, et comment les oeuvres du Seigneur furent manifestées par des miracles et des conversions.

Est-ce que ce temps de folie est révolu ? Certes nous pouvons comprendre que le Seigneur se manifestait avec puissance à une époque où rien n’existait encore, et nous pourrions penser que dorénavant nous sommes des personnes sages, posées et sensées, que nous avons des bibliothèques entières de bons livres spirituels, des universités catholiques et même des écoles, que le XXIème siècle est celui de la raison. Et pourtant l’Esprit continue à forcer nos intelligences à se plier face à sa puissance, nous demandant un saut dans la foi, pour l’invoquer souvent afin de recevoir ses charismes, pour oser aller avec audace vers les périphéries, quitte à se faire traiter de fou ou passer pour des personnes pleines de vin doux, comme les premiers apôtres.

Notre belle Eglise ne peut pas se purifier de son péché sans se laisser remplir par Dieu. Rappelez-vous cette parabole somme toute étrange où Jésus parle d’un esprit chassé d’une maison et voilà que sept autres plus méchants reviennent occuper l’espace rendant la vie pire encore (Cf. Mt 7,45). Notre âme ne peut laisser le mal entrer car elle est créée comme demeure de l’Esprit Saint. Pour nous tous, ceci n’est pas une option. Ce n’est pas un choix spirituel individuel. Ce n’est pas l’expression d’une sensibilité charismatique. C’est une nécessité vitale. Sans le Saint Esprit en soi, non seulement nous ne pouvons rien faire, mais en fait nous sommes morts. Le Christ repart vers le Père pour que nous puissions recevoir la force venue d’en haut, le Saint Esprit, le défenseur, le Paraclet, notre avocat et notre consolateur. Se laisser remplir par l’Amour qui est l’Esprit, voici notre voie spirituelle. Ainsi de l’intérieur, l’Esprit nous consolera, nous inspirera et nous conduira.

Comment serons-nous témoins comme les apôtres qui témoignent à Jérusalem ? Comment l’Esprit Saint peut-il, à travers notre vie, faire voir aux non croyants que la vérité, c’est le Christ ? Non pas tant par de belles paroles, ni par une attitude droite parfois un peu austère, ni encore par notre bonne morale. Il est entendu que Dieu peut toucher le coeur d’un homme isolé sans médiation quelconque. Mais ce n’est pas la voie habituelle qu’il emprunte. Le grand saint Paul, converti face à la porte de Damas, avait déjà été atteint sans s’en rendre compte par la foi du diacre saint Etienne lapidé devant lui. Etienne était lumineux, certes un peu fol en Christ, tout sauf raisonnable dans ses propos. On le choisit pour s’occuper des tables or il prêche aux juifs la Résurrection. Etienne aimait passionnément son Seigneur et il témoignait. Comment aimer comme saint Etienne ? En devenant un intime de Jésus par la connaissance de l’Evangile, en vivant des sacrements, en se laissant saisir et remplir par les charismes de l’Esprit, en étant frère de ses frères et soeurs chrétiens. Alors l’amour nous saisissant, nous serons portés à sortir vers le monde et lui dire combien il est aimé, combien chacun a de la valeur aux yeux de Dieu, combien nous pouvons avoir confiance car la Providence divine est à l’oeuvre. Je rêve d’une Eglise qui lève les bras au Ciel pour louer, qui fasse monter vers Dieu des chants et des cantiques inspirés, qui accueillent fraternellement ceux et celles qui tapent à notre porte. Je rêve d’écoles catholiques où tous y prient ensemble, faisant monter vers Dieu leurs demandes pour l’éducation des enfants. Je rêve de Cénacles de prière où hommes et femmes accueilleraient le feu de l’Esprit. Je rêve de familles rassemblées autour de Jésus, en présence de la Vierge Marie, où l’on dise que l’on s’aime. Je rêve que l’Esprit Saint donne à certains de se pardonner leur infidélité pour retrouver une profonde communion. Je rêve d’une communauté ecclésiale où hommes et femmes déploient librement leurs charismes et leurs talents. Je rêve, mais c’est déjà là en train de germer, de fruits merveilleux. Si tous nos rêves deviennent réalité, alors le Royaume de Dieu sera manifesté et les êtres humains se retrouveront tous d’un même coeur, formant la grande famille des enfants de Dieu. Saint Philippe Néri ne s’est pas arrêté à l’immense tâche qui était à vue humaine impossible à réaliser. Il a mis toute sa confiance en Dieu, et a fait des pas vers les autres. A sa mort en 1595, Rome n’était plus la même ville, l’Eglise vivait une nouvelle Pentecôte.

Livrons-nous à l’Amour.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Entre mars et mai, nos paroisses ont eu un manque de 260.000 euros. Merci de votre générosité pour les aider. L’appli La Quête et le site jedonnealeglise.fr sont deux moyens excellents d’y contribuer.

publié par Pierre-André