Message de Monseigneur Christory du vendredi 12 juin. « Barnabé, un homme de bien, rempli d’Esprit Saint et de foi. »

En commençant ce message, je pense à chacun de vous, en ce 11 juin, jour de la fête de saint Barnabé. Il fut disciple, ami et compagnon de mission de saint Paul. Cette histoire est relatée dans les Actes des Apôtres. Paul et Barnabé furent missionnaires à Antioche sur l’Oronte, aujourd’hui ville turque du nom d’Antakya, où pour la première fois on nomma « chrétien » les disciples de Jésus ; puis ils partirent poussés par l’Esprit Saint vers Chypre. Barnabé est un beau prénom qui mériterait d’être donné plus souvent à des enfants. De lui on disait « C’était un homme de bien, rempli d’Esprit Saint et de foi. » (Act 11,24).

Quelle reconnaissance ! Cela ferait une belle épitaphe, mais il faudrait en être digne. Qu’est-ce qu’un homme de bien ? De saint Joseph, l’évangile dit qu’il est un homme juste, c’est à dire pleinement ajusté à la justice divine. En effet Dieu fait justice en communiquant la vie à tout être et en faisant miséricorde aux hommes qui font le mal et qui s’en repentent. Être un homme juste consiste à vivre toujours dans l’espérance que l’amour reçu excède le mal que nous faisons. Certaines traductions écrivent que Joseph est un homme de bien. Cela voudrait-il signifier qu’il agit bien ? Un psaume dit : « Fais confiance au Seigneur, agis bien, habite la terre et reste fidèle ; mets ta joie dans le Seigneur : il comblera les désirs de ton cœur » (Ps 36,3-4). Or la plus haute action est de marcher à la suite du Seigneur et de vivre en sa présence. Agir bien consiste donc à faire la volonté du Père, dans l’obéissance à sa Parole. C’est la fidélité envers le Seigneur qui en jeu. N’est-ce pas là l’attitude qui exprime le mieux l’amour ? Un homme peut toujours offrir un bouquet de fleurs à sa bien-aimée. Est-il fidèle cependant ? Si oui, là sera le signe de son amour. Non pas seulement fidèle dans sa vie intime et sexuelle, mais fidèle dans ces milles choses de la vie que l’on fait humblement et qui apportent la joie et la paix. Dieu se souvient de celui qui est fidèle et « l’homme de bien gagne la faveur divine » (Pv 12,2). Dieu bénit son serviteur fidèle qui devient témoin de Dieu pour ses amis. A Dieu, l’homme de bien offre le meilleur de soi, son temps pour le prier et méditer sa Parole, qui sont autant de fleurs. Durant le confinement vous êtes nombreux à avoir pris du temps pour prier et lire les textes de la messe quotidienne. Continuez et décidez de garder ces temps spirituels. Le suite de ce confinement dépend de chacun de nous. Qu’allons-nous garder pour fortifier notre maison intérieure ? Personnellement j’ai éprouvé la joie de me lever tôt pour marcher autour du centre historique de Chartres en priant le chapelet avant l’oraison et les laudes. Mais je vois que la condition est de dormir le soir plus tôt, ce qui veut dire accepter d’achever tout dîner et tout travail tôt ! Exigence, mais source de paix car qui sauve sa prière le matin sauve sa journée. Chrétiens, nous ne pouvons pas vivre au rythme du monde ! C’est un choix à reprendre souvent dans la force de l’Esprit.

Cette semaine, comme évêque, j’ai suivi trois jours d’assemblée des évêques de France en visio-conférence. Heureuse technique cependant qui permet cela. Normalement nous sommes à Lourdes et pouvons échanger librement autour d’un repas, prier et célébrer ensemble l’eucharistie. Nous avons fait face aux difficultés consécutives aux interdits gouvernementaux pour préserver les gens de la contagion d’un virus qui, s’il n’affectait pas trop la majorité des personnes atteintes, a fait des victimes et laisse aujourd’hui de nombreuses personnes en grande faiblesse physique pour une longue durée. Chacun peut donner sa propre vie pour les autres, comme le firent bon nombre de saints soignants les pestiférés, mais personne n’a le droit de prendre le risque en connaissance de cause de contaminer les autres. Nous acceptons toujours les distances et les bonnes attitudes pour cette raison qui se nomme l’amour-agapé, c’est à dire la charité comme Dieu la donne. Entre évêques, nous avons échangé sur de nombreux sujets, sur les finances éprouvées par l’absence de quêtes durant ces mois, sur les relations avec les autorités publiques, sur la grâce du Renouveau dans l’Esprit que le pape François souhaite pour toute l’Église, sur le besoin d’approfondir encore la grave question des abus sexuels, avec l’accompagnement des victimes et la prévention. Sur ce sujet, si beaucoup de catholiques ne sont pas coupables, comme Corps du Christ donc comme Église, nous sommes responsables ensemble de ce que nous ferons demain pour prévenir toute forme d’abus. C’est à l’écoute, en Église, de l’Esprit Saint que pourront se dessiner les chemins de la mission. Ensemble, c’est à dire en associant dans une même communion tous les états de vie, avec leur diverses sensibilités et expériences ecclésiales et humaines. C’est bien ma joie de rassembler des équipes d’hommes et de femmes, avec les clercs prêtres et diacres, pour prier, réfléchir et mettre en œuvre les champs de mission que nous avons identifiés. Ainsi le Conseil épiscopal inclut cinq laïcs sur huit membres, deux hommes et trois femmes. Chez celles-ci, j’apprécie leur sens de la vérité, leur intuition et leur écoute, l’équilibre de leur jugement, leur capacité à promouvoir ce qui contribue à la paix. Le pape François comme ses prédécesseurs cherche à valoriser les places des laïcs. Saint Jean-Paul II écrivit en 1988 son exhortation apostolique « Les fidèles laïcs du Christ » et le pape François dans sa merveilleuse encyclique « La joie de l’Évangile » dit : « Je vois avec joie combien de nombreuses femmes partagent des responsabilités pastorales avec les prêtres, apportent leur contribution à l’accompagnement des personnes, des familles ou des groupes et offrent de nouveaux apports à la réflexion théologique. Mais il faut encore élargir les espaces pour une présence féminine plus incisive dans l’Église. » (N° 103) S’il est question de manière récurrente de la place des femmes dans l’Église, et que cela reste à creuser plus encore, je me réjouis de voir combien de femmes sont en responsabilité auprès de moi dans le diocèse de Chartres. À vous laïcs, hommes et femmes, sont donnés des charismes qui, associés à vos talents, doivent se déployer dans la liberté pour l’annonce du Royaume.

Ensemble est donc un maître mot pour l’Église d’aujourd’hui surtout dans un contexte philosophique et sociologique tellement éloigné des fondements anthropologiques inspirés par l’Écriture et la nature. Par exemple la négation de la centralité de la biologie du corps pour qualifier l’être humain afin de promouvoir la théorie du genre remet en cause l’union même de l’homme et de la femme pour fonder une famille et enfanter. Lors du confinement, les promoteurs de l’avortement ont fait rallonger les délais légaux de deux semaines, dans la discrétion digne des complots, prétextant les difficultés pratiques des femmes pour arriver aux blocs opératoires. Dans le même temps de nombreux enfants nés sous GPA attendaient sans affection des parents adoptants qui ne pouvaient plus venir prendre possession de ces petits commandés et payés à cause de l’arrêt des vols d’avion. Chez nous, la règle absolue du strict confinement a privé durant des mois des personnes âgées de voir leurs enfants ou petits-enfants, certains choisissant de se laisser mourir de tristesse. Nos aumôniers d’hôpital ou de maison de retraite (sauf quelques exceptions qu’il faut saluer et remercier) se voyaient interdire d’accéder aux malades, puisque la vie spirituelle était ignorée des autorités politiques et reléguée comme réalité privée et secondaire. Quand la laïcité devient promotrice de la sécularisation militante, telle une marionnette agitée par des fils que tiennent certaines mains invisibles, alors voilà privé de tout réconfort face à la mort celui dont la vie lui échappe, et ainsi meurt-il seul et oublié. Durant ces trois mois, la mort a été enfouie, les défunts ont disparu et leurs proches ont tenté de faire leur deuil sans secours. Que de souffrances !

L’Église continue son chemin sensible à ceux et celles qui espèrent la consolation. Si certains veulent l’écarter, sa place est auprès des petits et des pauvres. Des pauvres et des petits en richesses matérielles, mais aussi de tous ceux qui vivent une réelle pauvreté du cœur et connaissent la douleur de la solitude, de l’isolement, de l’ignorance. Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, dans son discours final de la Conférence épiscopale, le 10 juin disait : « La liberté de l’Église est avant tout la revendication de la liberté de vivre l’amour de Dieu et l’amour du prochain, de servir tout être humain, quelle que soit sa condition sociale, de choisir la chasteté ou la fidélité conjugale, de préférer la pauvreté à la richesse, de s’efforcer de transmuer l’exercice de l’autorité en service de la vie des autres, et elle revendique de pouvoir annoncer à tout être humain qu’il est appelé à être, avant toute autre détermination, un fils ou une fille du Dieu vivant, et de l’insérer, autant qu’il ou elle y consent, dans une communauté qui est avant tout une communion. »

Dans la lumière de la Pentecôte, soyons des hommes et des femmes de bien, des personnes justes, à l’écoute de la Parole qui nous envoie écouter nos frères et sœurs, pour les conduire à Jésus. Le confinement nous a donné des occasions d’être meilleurs dans l’amour, cela continuera par la grâce de Dieu.

Avec la Vierge Marie, livrons-nous à l’Amour.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Ensemble, prions l’Angelus.

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

publié par Pierre-André