Homélie du Père Jean-Pierre pour le 13ème dimanche du temps ordinaire

La Parole de Dieu de ce dimanche nous adresse un message fort sur l’accueil. Tout au long de cette période d’été, nous aurons l’occasion d’accueillir ou d’être accueillis en famille. Nous rencontrerons des personnes différentes venues d’ailleurs. La première lecture nous parle du prophète Élisée qui est accueilli par la Sunamite. Cette femme se montre très généreuse envers lui car elle a reconnu en lui un homme de Dieu. Mais elle porte en elle une souffrance dont elle ne parle pas : elle n’a pas de fils et son mari est âgé. Avec beaucoup de délicatesse, Élisée lui promet ce fils qu’elle ne comptait plus avoir.

Frères et sœurs chrétiens, en écoutant ce texte, nous comprenons qu’accueillir l’autre c’est écouter ses confidences, partager ses joies et ses peines. Ce qui est important ce n’est pas la quantité et le luxe mais les qualités de l’accueil. Nous chrétiens, nous avons appris qu’à travers ces personnes que nous rencontrons, c’est Dieu qui est là, c’est lui que nous accueillons ou que nous refusons d’accueillir. N’oublions jamais que c’est par rapport à nos qualités humaines (d’amour et d’accueil) que nous serons reconnus comme disciples du Christ.

Saint Paul, dans sa lettre aux Romains nous parle du jour le plus important de notre vie, celui où nous avons été accueillis dans la grande famille des chrétiens. Nous l’avons compris, c’est du baptême qu’il s’agit. Actuellement, nous avons un peu de mal à nous en rendre compte. Mais il faut savoir que dans l’Église primitive, les nouveaux baptisés venaient d’un monde sans Dieu. Pour eux, la vie n’avait aucun sens. Mais Dieu les a rejoints et les a accueillis. Le baptême était pour eux une nouvelle naissance ; c’était une rupture radicale avec l’existence qu’ils avaient connue jusque-là. Au jour de notre baptême, nous avons été immergés dans cet océan d’amour qui est en Dieu, Père Fils et Saint Esprit. Désormais nous choisissons d’accueillir le Christ et de le mettre au cœur de notre vie.

Dans l’Évangile de ce dimanche, il s’agit encore de l’accueil. Mais il précise avec beaucoup de force que notre amour pour Jésus doit passer avant tous les liens familiaux : « Celui qui aime son père, sa mère, ses frères, ses sœurs et ses enfants plus que moi n’est pas digne de moi.

Comprenons bien : il est tout-à-fait normal que des enfants aiment leur père et leur mère plus que tous les autres hommes. Il n’y a pas de liens plus forts que ceux qui existent entre parents et enfants. Nous sommes tous très attachés à nos parents ; c’est tout à fait naturel. Et quand ils ne sont plus là, c’est une souffrance pour nous.

Mais en y regardant de près, nous voyons que Jésus ne s’adresse pas à la grande foule ; c’est à ses apôtres que ses paroles sont destinées. Il les a appelés à marcher à sa suite. Mais ils doivent comprendre que Jésus n’est pas un maître parmi d’autres ; il est le Fils de Dieu. Il est donc au-dessus de l’homme. C’est lui seul que nous pouvons et devons aimer plus que les personnes qui nous sont chères.

Oui, le Seigneur nous appelle tous à être « disciples et missionnaires ». Le disciple c’est celui qui marche à la suite du Christ. Le missionnaire c’est celui qui va l’annoncer. Notre accueil du Christ et notre attachement à lui doivent passer avant tous les liens familiaux. Nous savons que cela n’est pas facile ; nous aurons à nous affirmer aux yeux du monde et même devant la famille. Nous serons affrontés à l’indifférence, à l’hostilité. Pour beaucoup c’est la persécution. Jésus lui-même a connu ces difficultés ; mais il est allé jusqu’au bout de sa mission, jusqu’à la mort sur une croix.

Accueillir la Christ, le préférer à tout, être habité par lui, voilà ce qui nous est proposé au début de cet été. Nous apprendrons à le reconnaître à travers les personnes que nous rencontrerons. Le rôle de l’Église, notre rôle à tous, c’est précisément d’accueillir tous ceux et celles qui se sentent attirés par lui. C’est à ces qualités d’accueil que nous serons reconnus comme disciples du Christ.

Dimanche est le jour du Seigneur, nous sommes réunis pour célébrer l’Eucharistie ; c’est Dieu qui nous accueille en sa maison. Il nous invite à son festin. Et à la fin de chaque messe, il nous envoie pour témoigner dans le monde de cet amour gratuit toujours offert. Les occasions ne manquent pas où nous pouvons rendre les autres plus heureux. Ne les manquons pas. A travers eux, c’est le Seigneur qui frappe à notre porte.

publié par Pierre-André