Message de Monseigneur Christory du vendredi 28 août 2020. « Heureux êtes-vous, si vous le faites » (Jn 13, 17)
« Heureux êtes-vous » dit Jésus aux apôtres alors qu’il va les quitter pour subir sa passion. De quoi parle-t-il ? Du geste du lavement des pieds qu’il vient de faire aux douze, si surpris de son abaissement. Être envoyé par Lui signifie vivre au service de nos frères, dans le partage de leurs joies et de leurs peines, avec humilité. Quand on va en pèlerinage à Lourdes, c’est l’expérience merveilleuse qui est faite et qui ouvre les cœurs desquels sortent toutes sortes de bienfaits : la gentillesse, la bonté, la joie et le partage.
Nous revenons de Lourdes, belle cité pyrénéenne où la Vierge Marie est venue rencontrer la jeune Bernadette en 1858. A la suite de ces apparitions si touchantes, le lieu est devenu un grand sanctuaire mondialement connu : il suffit de voir combien de copies de la grotte de Lourdes ont pu être édifiées aux quatre coins du monde par des communautés catholiques. Normalement des millions de pèlerins viennent chaque année. En 2020, suite à la crise sanitaire, tant de groupes ont annulé leur venue. À Chartres, nous avions misé sur une accalmie de l’épidémie, nous avions osé penser qu’il serait possible de vivre quatre jours ici tous ensemble. Et effectivement l’hospitalité chartraine fut la première à venir avec treize malades âgés et assez autonomes. La météo s’est faite douce et propice au recueillement. Nos pèlerins ont pu vivre la messe chaque jour avec la belle animation assurée par la chorale de l’hospitalité, particulièrement mardi dernier à la grotte avec le diocèse de Rouen. En ce lieu où Marie est apparue et a parlé à Bernadette, nous avons célébré Jésus-Christ, le fils de Marie. Nous avons écouté sa Parole. Nous avons communié à son corps précieux. Il est touchant de voir tant de visiteurs étrangers. Ils sont nombreux, comme les indiens et les tamouls toujours vêtus de belles robes et de saris. Ou encore les espagnols ou les italiens dont la langue chantante se fait forte pour dire le chapelet. Nous voyons quelques familles musulmanes qui doivent aussi aimer Marie que le Coran nomme la plus belle femme. Elle les attire à son fils Jésus qui est là pour leur donner l’Évangile de la vie. Je suis heureux de voir combien les adolescents et les jeunes sont aussi au rendez-vous de Lourdes. Leur groupe comptait plus de quarante personnes, toujours pleines d’énergie. L’hospitalité rassemblait une centaine de membres dont une trentaine de jeunes adultes. Certains sont maintenant désireux de devenir des membres fidèles de l’hospitalité au service des malades, que ce soit à Lourdes ou dans leur vie habituelle. N’est-ce pas merveilleux de constater leur désir de se donner ? Maÿlis âgée de 19 ans me disait « « Voir la fragilité de la personne, voir Jésus dans les malades, cela a changé ma vie radicalement à Lourdes » et Emeric ajoutait : « Si maintenant je réfléchis à des études dans la santé, c’est grâce à cela. » Lourdes nous transforme. Lourdes façonne les cœurs de tous ceux qui viennent ici, et nous espérons que 2021 se fera sans contrainte sanitaire, avec la joie de venir nombreux pour entourer les malades.
Que retenir après ces jours de pèlerinage ? La rencontre du Ciel et de la terre, assurément. Si la Vierge Marie apparait, c’est que son Fils maintenant élevé au Ciel l’envoie comme messagère. Dans l’histoire du peuple hébreu, les anges furent des messagers privilégiés. Les prophètes étaient aussi des messagers, donnant leur voix à la Parole divine. Beaucoup de saints et des saintes ont été tellement habités par la grâce qu’ils manifestaient la présence de Jésus vivant, souvent en guérissant en son nom. Cependant, les apparitions de la Vierge Marie sont des cadeaux très particuliers. Marie vient avec douceur. Elle parle clairement en invitant à la conversion pour suivre son fils Jésus. Elle choisit des personnes simples, humbles et généralement jeunes. Ici à Lourdes, Marie parle toujours à nos cœurs. Les fidèles ne s’y trompent pas, eux qui se déplacent parfois de l’étranger pour la prier. Il est si bon de connaitre notre maman du Ciel et de découvrir la réalité du Ciel, car il est notre « à venir ». Nous revenons tous enchantés d’être venus en ce lieu et d’y avoir vécu quatre journées très fraternelles. C’est décidé, l’année prochaine, nous reviendrons nombreux avec des amis et nos familles. J’invite chaque personne à découvrir Lourdes, à venir avec nous. Ce sera fin août 2021, les dates seront précisées rapidement. En attendant, heureux de ces moments, nous rentrons en Eure-et-Loir pour être des témoins du Christ.
Dans son texte La joie de l’Évangile, le saint Père François nous interpelle : « Soyez disciples-missionnaires. » (n°24) Oui, mais envers qui ? Vers qui Jésus nous envoie-t-il quand il dit « allez de toutes les nations, faites des disciples, les baptisant au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit. » (Mt 28, 19) La croissance du nombre de catéchumènes montre que nos contemporains sont ouverts à la parole de Jésus-Christ. La mission n’est-elle pas nouvelle ? Nos paroisses vont devoir se laisser transformer. Elles existent pour sortir d’elles-mêmes et aller vers le monde. Par exemple, nous ne pourrons plus célébrer des funérailles pour des personnes qui certes sont chrétiennes que par le baptême mais n’ont rien vécu avec l’Église. Une équipe de trois personnes dévouées et bénévoles, mais souvent âgées, ne peut assurer les funérailles de dizaines de personnes qui, elles, n’étaient jamais là pour nous apporter leur aide. Certes les paroissiens accueilleront encore les souffrances des personnes, ils les écouteront. Bien entendu, l’Église doit être sans cesse un lieu d’accueil. Mais il faut un renouvellement. La paroisse est une communauté vivante qui annonce la Parole de Vie, l’Évangile, en toutes occasions. Les apôtres ont choisi des hommes pour servir les tables et prendre soin des veuves esseulées (Voir Act 6, 1-6). Les apôtres voulaient recentrer leur mission sur la prière et l’annonce de la Parole. Car dit Saint Paul « comment mettre sa foi en lui, si on ne l’a pas entendu ? Comment entendre si personne ne proclame ? » (Rm 10, 14) Vos prêtres sont là pour être serviteurs de la Parole du Christ dans la célébration des sacrements et la catéchèse. Les laïcs sont envoyés pour être un peuple actif et vivant dans la mission. Trop souvent nous souffrons de voir des fidèles qui sont passifs alors qu’ils sont talentueux. Un chrétien ne peut pas être un consommateur passif. Le baptême donne des responsabilités.
La pandémie a encouragé notre besoin de fraternité et d’entraide. Elle nous a fait réfléchir sur la dimension spirituelle de la vie qui est plus nécessaire que la satisfaction de nos désirs trop humains. Le mot « frugalité » est soudainement réapparu. Les expressions « vie simple », ou encore « vie locale et amicale » résonnent plus souvent. Chacun peut-il s’interroger sur sa vie ecclésiale et spirituelle ? En regardant Jésus, nous le voyons prendre beaucoup de temps pour prier, nuit et jour. Notre union à Dieu le Père, dans l’écoute de l’Esprit Saint, est le premier fondement de toute vie chrétienne. Là Dieu nous parle par des motions intérieures. Là il nous encourage. Là il nous apaise. Alors la grâce de charité que nous recevons peut passer par nos actes. La première des charités est l’annonce du Royaume, faire découvrir le visage de Jésus, faire aimer l’Église notre famille. Une paroisse a un cœur, car elle est définie comme communauté stable de fidèles. Comment les personnes extérieures vont-elles découvrir ce cœur ? Où et en quelles occasions ? Sur ce point, ne sommes-nous pas timides voire tièdes, peu concrets ? Car comment parler de fraternité hors de toute rencontre fraternelle ? Pour cette rentrée, réfléchissons à la mission vers le monde, surtout vers ceux que la pandémie a révélé comme plus fragiles. Préparons le mois d’octobre, mois missionnaire placé sous la protection de la Vierge Marie.
Le 26 août, nous fêtions une belle figure chrétienne du VIème siècle, saint Césaire, évêque d’Arles. Il défendit la foi en la sainte Trinité et la force de la grâce précédant tout acte humain bon. Il eut soin des pauvres. Il partait souvent, à l’instar d’un saint Paul, sur les chemins pour rencontrer les habitants souvent païens et leur parler de Jésus. Il œuvra pour l’unité politique du pays, divisé par la présence de plusieurs peuples barbares. Il fit construire des églises et des monastères. Il fut critiqué et jalousé. Mais sa prédication simple et encourageante, qui nous est parvenue par de nombreux manuscrits, touchait les petites gens. Le peuple l’aimait. Dieu guérit de nombreuses personnes par son intercession. Très tôt, on le reconnut comme un saint.
En tant qu’évêque de Chartres, comment ne pas être interrogé par sa vie toute au service de la prédication ? Puisse Notre-Dame nous soutenir pour que nous parlions de Jésus à tous ceux vers qui l’Esprit nous envoie.
Avec la Vierge Marie, livrons-nous à l’Amour.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Ensemble, prions l’Angelus.
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de sa résurrection, par Jésus, le Christ notre Seigneur.