Homélie du Père Jean-Pierre pour le 28ème dimanche du temps ordinaire
Ce dimanche La Parole de Dieu nous parle d’un banquet de fête. Dans la première lecture, Isaïe évoque un festin pour tous les peuples du monde entier. Cette bonne nouvelle, il l’annonce à des gens qui sont complètement paniqués par la situation catastrophique de leur pays. Ce sera une vie entièrement nouvelle, en totale communion avec Dieu.
Ce repas célèbrera la disparition définitive de l’humiliation, de la souffrance et de la mort. En communion les uns avec les autres, nous célèbrerons la grandeur de Dieu.
C’est aussi cette bonne nouvelle que l’Apôtre Paul annonce au monde païen de son temps. Sa vie était loin d’être une succession de festins. Sa plus grande préoccupation était que l’invitation du Christ soit proclamée dans le monde entier. Il a vécu des moments difficiles ; il a connu des privations ; il a souffert les persécutions. Mais il trouve sa force en Dieu. Lui seul peut nous combler pleinement. Sa grâce nous suffit.
L’Évangile de ce dimanche nous interpelle sur notre réponse à cette invitation du Seigneur. Cette invitation revêt trois caractéristiques : la gratuité, la générosité et l’universalité. Les invités sont nombreux, mais quelque chose de surprenant se produit : aucun des élus n’accepte de prendre part à la fête. Ils ont tous quelque chose à faire. Ils s’en vont l’un à son champ, l’autre à son commerce. Certains vont même jusqu’à maltraiter et tuer les serviteurs.
Quel message à retenir de cet Évangile : celui de la bonté de Dieu envers nous. Oui, Dieu est très Bon. Il nous offre gratuitement son amitié et sa joie. Mais trop souvent, nous n’accueillons pas ses dons. Nous n’avons pas le temps ; nous plaçons au premier plan nos préoccupations matérielles et nos intérêts personnels. Quand il nous appelle, nous nous sentons souvent dérangés. Nous vivons dans une société qui cherche à le mettre en dehors de sa vie. Nous n’observons pas ces commandements, nous voutons des lois incompatibles à la vie, et à la morale, les manipulations génétiques qui sont légions…Le silence des chrétiens à ces atteintes graves est coupable.
Mais Dieu ne se décourage pas dans son projet. Face au refus des invités, il n’annule pas la fête. Il propose l’invitation en l’étendant au-delà de toutes les limites du raisonnable. Il envoie ses serviteurs sur les places et aux carrefours des chemins pour rassembler tous ceux qu’ils trouveront. Les bons comme les mauvais sont tous invités. La salle est remplie d’exclus. L’Évangile rejeté par certains trouve un accueil inattendu dans de nombreux cœurs.
La bonté de Dieu n’a pas de limite. Personne n’est laissé de côté. Le banquet du Seigneur est universel ; il est offert à tous. Tous ont la possibilité de répondre à cette invitation. Personne n’a le droit de se sentir privilégié ni d’en revendiquer l’exclusivité. Les chefs des prêtres et les pharisiens se plaçaient confortablement au centre. Le Christ vient nous rappeler à tous que cela ne doit pas se faire. Le pape François ne cesse de nous ouvrir aux “périphéries”. Même les exclus, même ceux qui sont rejetés par la société sont l’objet de la générosité de Dieu. Ils ont la première place dans son cœur.
Frères et sœurs chrétiens, nous sommes tous appelés à ne pas réduire l’invitation de Dieu aux limites de notre “petite église”. Nous devons l’élargir aux dimensions de l’amour universel de Dieu. Il n’existe qu’une condition : “revêtir l’habit nuptial” en témoignant de la charité envers Dieu et le prochain. Il s’agit du disciple qui accueille l’enseignement de Jésus. Celui qui ne l’a pas accueilli se voit plongé dans “les ténèbres du dehors”. Ce n’est pas Dieu qui l’a rejeté ; c’est lui qui s’est exclu car il était étranger à la joie et à la vie offerte. Il aurait pu dire : “c’est vrai Seigneur, je n’ai pas ce vêtement mais je compte sur toi pour me le remettre”.
En célébrant l’Eucharistie, nous demandons au Seigneur de nous revêtir de cet habit nuptial et de sa grâce. Nous devons l’avoir pour recevoir la communion. Cet habit nuptial nous est fourni par le sacrement de la réconciliation. C’est là que nous retrouvons notre dignité d’enfants de Dieu. N’oublions jamais que le Seigneur est toujours là pour nous revêtir de sa lumière et de sa gloire.
En ce mois du Rosaire, nous nous tournons aussi vers la Vierge Marie. Qu’elle nous accompagne sur ce chemin de conversion. Confions-lui les drames et les espérances de nos frères et sœurs exclus, faibles, rejetés et méprisés. Prions-la aussi pour ceux qui sont persécutés à cause de leur foi. Elle sera toujours là pour nous renvoyer au Christ. “Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur.”