Homélie du Père Jean-Pierre pour le 2ème dimanche de l’Avent. Dimanche 6 décembre 2020.

Nous trouvons le prophète Isaïe sur notre route vers Noël. Aujourd’hui, nous le voyons s’adresser aux Juifs déportés à Babylone. Depuis des années, ils sont prisonniers, écrasés, en terre d’exil. Isaïe leur annonce le retour en Terre sainte. Le message est clair : “Voici votre Dieu qui doit venir… Préparez-vous… Redressez les passages tortueux… comblez les ravins…” Cela signifie : “Que votre cœur se purifie, soyez droits et juste, n’ayez pas des attitudes tortueuses”.

Frères et sœurs chrétiens, en ce temps de l’Avent, chacun est invité à se redresser et à se reprendre vigoureusement en main. Il s’agit de collaborer ensemble au projet de Dieu qui veut sauver son peuple et lui manifester sa gloire. L’Église reprend avec force le cri des prophètes : “Voici votre Dieu qui ne cesse de vous aimer.”

Dans sa lettre, l’apôtre Pierre nous parle précisément de cette venue du Seigneur. Il s’adresse à des chrétiens qui l’attendent avec impatience. Mais ces derniers finissent par se poser des questions : Ils constatent que rien ne semble bouger. Alors l’apôtre leur explique que Dieu ne mesure pas le temps comme nous : il est éternel ; pour lui, il n’y a pas d’avant ni d’après. De plus, il donne à chacun le temps qu’il faut pour se convertir. Un jour, la fin du monde viendra : il y aura des cieux nouveaux et une terre nouvelle. L’important c’est que nous soyons tendus vers la pleine réalisation de ce grand projet de Dieu.

Sur notre route de l’Avent, nous trouvons également Jean Baptiste, le dernier prophète de l’Ancien Testament ; ce qui frappe, c’est son humilité, son effacement. Il avait tout pour réussir, pour jouer au Messie dont les foules rêvaient. Il s’est obstiné à rester dans l’ombre, dans l’oubli de soi. Il vient accomplir ce qui avait été annoncé par le prophète Isaïe. Il est la voix qui crie dans le désert : “Préparez les chemins du Seigneur, aplanissez sa route.”

“Tout ravin sera comblé…” Frères et sœurs chrétiens, ces ravins, ce sont nos vides, nos manquements devant Dieu, nos péchés, nos omissions. Un des grands vides de notre vie, c’est que nous ne prions pas ou que nous prions trop peu. Il nous faut réparer une telle omission. C’est maintenant le moment de prier avec intensité. Il est urgent de réserver à notre vie spirituelle la place qu’elle mérite. Un des grands vides c’est aussi le fossé que nous creusons entre nous et les autres. Nous ne pourrons le combler qu’en nous montrant attentifs et généreux.

“Toute montagne et toute colline seront abaissées…” À travers cette parole, Jean Baptiste désigne notre orgueil, notre superbe. C’est ce qui se passe quand notre vie reste centrée sur nous-mêmes. Tous ces obstacles qui nous éloignent de Dieu doivent être éliminés : avec lui, “les passages tortueux deviendront droits, les escarpements seront changés en plaine. Alors la gloire de Dieu se révèlera à tous.

La consigne est claire : il ne s’agit pas de dérouler “le tapis rouge” sous les pas du Christ. Ce qu’il nous faut construire, c’est une gigantesque autoroute (sans péage) pour que tous les hommes puissent bondir à la rencontre du Bien-aimé. Et pour cela, il nous faut raboter certains préjugés que nous avons contre les autres, contre l’Église, les évêques, les prêtres, contre les chrétiens qui ne pensent pas comme nous et même contre Dieu. Le désert de nos vies c’est celui de tous les combats. Notre vie chrétienne est un combat de tous les jours, une lutte contre les forces du mal. Mais n’oublions jamais qu’avec le Christ ressuscité, c’est l’amour qui triomphera.

C’est de cette espérance que nous avons à témoigner dans notre monde d’aujourd’hui. Cela commence en donnant la première place au Christ dans notre vie. Noël c’est Jésus qui vient ; il est là présent au cœur de nos vies. Il n’est pas possible de l’annoncer si nous ne l’accueillons pas en nous. Aujourd’hui, Jean Baptiste nous apprend à nous effacer devant lui pour lui donner toute sa place. Le temps de l’Avent est un temps de préparation. Il s’agit d’ouvrir la voie pour que Dieu puisse passer.

Cette voie d’accès à Dieu n’est pas réservée aux seuls chrétiens. Nous ne devons pas oublier que Jésus a livré son Corps et versé son sang pour nous et pour la multitude. C’est donc pour toute l’humanité que nous sommes mobilisés quand nous “préparons le chemin du Seigneur.”

publié par Pierre-André