Message de Monseigneur Christory du vendredi 18 décembre 2020. “Marie dit alors : Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole.”
Ce message est le centième depuis le début du confinement. Était-ce une bonne inspiration ? À vous de me le dire ! Sachez que je prends plaisir à rédiger ces lignes car ces messages me relient à vous tous. Ce n’est pas ma spécialité, comme ingénieur je suis plus expert en boulons et écrous qu’en belles lettres. Mais cela me permet d’être en lien avec les fidèles du diocèse. Un lien qui m’est cher. Pour la petite histoire, avec l’aide de mes cousins – que je remercie – la terrasse en bois de l’évêché est enfin finie, prête pour vous accueillir pour un échange et le partage d’un bon verre. Les plantes sont en terre, ce qui créera au printemps un cadre champêtre adapté au recueillement.
Dans quelques jours, Noël. Avons-nous préparé activement notre cœur ? Oui si l’on en croit le soin apporté au décor des maisons : le sapin, la crèche viennent égayer les intérieurs. Oui si l’on en croit les signes d’affection : quelques belles cartes de vœux envoyées à des proches, la participation, même virtuelle, à un moment de partage, en famille ou avec des amis.
Il est probable que nous pourrions faire un peu plus. Une femme de 91 ans m’a écrit me disant sa solitude. Personne de l’église ne l’a appelée ni visitée depuis le confinement. Je lui ai fait la surprise de sonner à sa porte. Comment nos communautés accompagnent-elles ces frères et sœurs qui ont parfois donné beaucoup à leur paroisse quand elles étaient vaillantes ?
Chers amis, la bonne nouvelle est qu’il n’est pas trop tard. Prenons le temps de prier en silence pour demander à l’Esprit Saint de nous montrer comment exprimer notre amour par un moyen concret. Chaque soir, le couvre-feu nous oblige à être chez soi à 20h. Est-ce pour mieux ingurgiter le journal télévisé et ces publicités qui n’en finissent pas ? Pouvons-nous prendre un peu de ce temps pour lire la Bible, un bon livre spirituel, ou prier le chapelet ? Des enfants m’ont dit qu’ils n’ont pas le temps le soir pour prier. Comment est-il possible qu’entre 17 heures et 21 heures, un enfant n’ait pas quelques minutes pour prier ? Le manque de temps est à la mesure de nos manques d’amour. Pas le temps d’écrire. Pas le temps de prier. Pas le temps d’aimer ! Pourtant nous trouvons le temps pour faire du sport, danser, jouer d’un instrument. Et surtout nous perdons tant de temps ! Comment ces jours avant Noël donneront-ils la possibilité de prendre du temps pour ceux qui nous sont si importants à commencer par la ou les personnes avec qui je partage ma vie ?
Vous rappelez-vous que j’ai commencé à vous parler des sacrements, et comment Jésus a choisi de les instituer pour nous communiquer sa propre vie et toutes grâce en vue du salut ? Le catéchisme de l’Église dit des sacrements qu’ils sont les « chefs d’œuvre de Dieu. » Aujourd’hui je désire que nous approfondissions la place du Saint Esprit qui donne aux sacrements leur efficacité et leur puissance. L’Esprit Saint est la troisième personne de la Sainte Trinité. L’Esprit Saint est Dieu, comme le Père est Dieu, comme le Fils est Dieu. À eux trois, ils sont le Dieu unique ! La somme des trois fait un. En Dieu, Dieu le Père engendre le Fils, le Fils se reçoit du Père et cet échange infini d’Amour est l’Esprit qui nous est envoyé pour nous faire vivre de sa vie, pour nous communiquer la Vie divine, en plénitude. Au fond, c’est assez simple et comme le disait le grand saint orthodoxe, saint Séraphin de Sarov, le but de la vie chrétienne c’est l’acquisition de l’Esprit Saint. Sommes-nous bien sûrs de le recevoir ? Jésus répond à cette question « ô combien le père donnera-t-il l’Esprit à ceux qui le lui demandent. » (Lc 11,13) Nous sommes certains de le recevoir si notre intention est pure et notre cœur libéré du mal.
Dans la liturgie, l’action de l’Esprit Saint est de relier le Christ et l’assemblée. L’Esprit a ainsi plusieurs rôles, il rappelle le mystère du Christ, il actualise ce mystère pour le temps contemporain, et il opère la communion au sein de l’Église. Quel est le mystère du Christ ? Dans la tradition, un mystère est une réalité spirituelle toujours plus vaste que ce que nous en percevons. Dans les sacrements, le mystère est la présence de Jésus vivant et agissant. Par exemple lors d’un baptême, c’est le Christ lui-même qui baptise. Quand nous proclamons l’Évangile durant la messe, c’est Jésus qui parle et enseigne. Sa parole est vivante. Quand nous chantons et prions ensemble, il est là au milieu de nous. C’est aussi l’Esprit qui révèle comment les grands événements de la vie du peuple hébreu ont été des préfigurations des œuvres de Jésus. Par exemple comment la traversée de la mer rouge par le peuple hébreu qui quitte l’Égypte préfigure le baptême qui nous donne la vraie liberté loin de l’esclavage du péché et de la mort. Il est touchant de prendre conscience que, par l’action de l’Esprit, notre compréhension de la Parole évolue avec les années, qu’elle devient une source inépuisable de sagesse et d’encouragement. La liturgie actualise ce mystère du Christ. Certes les célébrations sont nouvelles chaque jour, mais c’est la même présence, la même transmission de grâce depuis l’origine qui continue. L’assemblée a alors vocation à être unie en une même louange pour rendre grâce à Dieu de ses dons. C’est pour cela que nous ne pouvons pas vivre notre foi catholique sans nous rassembler : nous sommes le corps du Christ, il est la tête. Ensemble nous sommes tournés vers Dieu le Père par la puissance de l’Esprit Saint.
Communiant au même Corps, croyant au même Seigneur Jésus-Christ, nous sommes l’Église. C’est l’Esprit Saint qui, à travers les actions sacramentelles, fait la communion de l’Église. Malheureusement c’est aussi le lieu de la tension entre les fidèles attachés parfois aux traditions mises en avant plus qu’à l’Évangile, Parole vivante qui nous convoque dans l’unité. Nous ne pourrons jamais comprendre pleinement l’infini désir de Dieu que tous soyons un. C’est là la supplication de Jésus tourné vers le Père dans le chapitre 17 de saint Jean que nous nommons la prière sacerdotale de Jésus. « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jn 17, 21) Trop souvent, nous sommes tombés dans la rupture de la communion, au long des siècles certes, mais aussi dans nos propres commentaires et attitudes au sein de nos communautés. Le tentateur est un diviseur, ainsi signe-t-il ses œuvres obscures. Nous devrions être capables de discerner cela, or nous tombons dans ses filets en jugeant, en comparant ou en critiquant. J’émets le vœu qu’en ces jours de Nativité, nos pensées s’unissent avec tous nos frères et sœurs partageant la joie de la venue de Dieu en Jésus. Puissions-nous réaliser que tous n’ont pas ce que nous avons. Que pour beaucoup Noël sera signe de solitude et de pauvreté, voire de persécution. Aussi soyons fidèles et attentifs, nous pourrions encore soulager quelques misères par notre sollicitude. Il n’est pas trop tard.
Invoquons, en présence de la Vierge Marie, l’Esprit Saint en tout moment. Sa mission est de préparer l’assemblée à rencontrer son Fils Jésus-Christ. Ce sera la façon merveilleuse de la remercier pour sa vie donnée en vue de notre salut et de la vie éternelle.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Prions Notre-Dame du Sacerdoce dans nos foyers et demandons des vocations sacerdotales. Prions tout particulièrement pour le père Philippe-Jacques Protot décédé cette semaine. Qu’il repose en paix sauvé par la Miséricorde de Dieu.
Vierge Marie,
Mère du Christ Prêtre,
Mère des prêtres du monde entier,
Vous aimez tout particulièrement les prêtres,
Parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils unique.
Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre,
Et vous l’aidez encore dans le ciel.
Nous vous en supplions, priez pour les prêtres,
Priez le père des cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.
Priez pour que nous ayons toujours des prêtres,
Qui nous donnent les sacrements,
Nous expliquent l’Évangile du Christ,
Et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.
Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père,
Les prêtres dont nous avons tant besoin,
Et puisque votre cœur a tout pouvoir sur lui,
Obtenez-nous, ô Marie,
Des prêtres qui soient des saints.
Amen.