Message de Monseigneur Christory du vendredi 23 avril 2021. ” Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis ! “

Il est heureux de se donner de bonnes nouvelles et je désire vous partager la joie vécue dimanche dernier en la cathédrale lors de la prière pour les malades. Dans l’après-midi, des équipes d’animation, de chants et d’accueil, des binômes d’écoute et de prière, des prêtres disponibles pour confesser se sont mis au service des fidèles venus soit parce qu’ils sont eux-mêmes malades, soit pour prier pour un de leur proche. Des chants de louange et un témoignage marquant ont disposé les cœurs des participants à écouter le passage de l’évangile qui raconte la rencontre de saint Pierre et de Jésus après la résurrection. Jésus l’interrogea trois fois : « Pierre, m’aimes-tu ? » Pierre l’avait renié trois fois lors de son arrestation. Jésus le guérissait de sa culpabilité, lui disait son amour indéfectible et l’envoyait annoncer le Royaume à toutes les nations. Quelle confiance de la part de Jésus ! Comme Pierre, chacun de nous est fragile, néanmoins aimé par Dieu et envoyé comme témoin. Quelle audace ! Alors nous avons prié, avec force, pour tous les malades. Ceux qui le désiraient venaient se faire imposer les mains, et priaient au pied du Saint Sacrement. Un nouveau rendez-vous sera proposé le 13 juin. Nous espérons vos témoignages de guérison et votre écho des grâces reçues.

Je souhaite poursuivre notre réflexion sur la famille, sa vocation et le merveilleux projet de Dieu. Dans l’exhortation apostolique « La joie de l’amour » (Amoris laetitia), le pape insiste sur le nécessaire chemin à parcourir toute la vie. Le temps est supérieur à l’espace, dit-il. Ainsi le cheminement dans la durée est plus fécond qu’un événement certes important mais qui n’engage pas. Continuons la lecture de ce texte. Au fait, le lisez-vous ? Ne vous contentez pas de ce que je peux écrire, car le contenu est si riche !

Le troisième chapitre intitulé « le regard posé sur Jésus : la vocation de la famille » permet d’approfondir la vocation propre de la famille et le sens du sacrement du mariage. Dans la Sainte Écriture, il apparaît clairement que la famille est au cœur du projet divin et que le sacrement du mariage est un don du Seigneur. Jésus en tant que Verbe divin ayant pris condition d’homme choisit de partager la vie familiale. Il expérimente dans son humanité la beauté de l’amour de ses parents qui reflète l’amour divin. Il découvre par son éducation toute la tradition de son peuple, sa langue et sa prière. Il bénéficie surtout de toutes les expressions de l’amour que se manifestent Joseph et Marie. Réciproquement, il aide par sa sagesse ses parents à vivre leur union dans une fidélité merveilleuse et confiante. Avec eux, il vit l’alliance scellée entre Dieu et le couple.

L’Église par les enseignements de son magistère développe beaucoup la notion de famille. Cela se comprend car la Bible est une suite de récits de familles, heureuses mais aussi éprouvées, fécondes ou non, fidèles au Seigneur mais pas toujours. Le Concile Vatican II parle de la famille chrétienne comme d’une communauté de vie et d’amour et souligne le nécessaire enracinement des époux dans le Christ. Le Pape saint Paul VI, dans son encyclique « Humanæ vitæ » note le lien entre l’amour conjugal et l’engendrement à la vie. Il développe la notion de paternité responsable. Saint Jean-Paul II dit que la famille est « la voie de l’Église ». Surtout il propose une nouvelle approche, la théologie du corps. Les époux unissant leurs cœurs et leurs corps expriment la communion trinitaire, l’amour absolu en Dieu, et ils rendent visible par leur union l’alliance entre le Christ et son Église. Ainsi le couple uni dans le sacrement du mariage devient une icône du don de la vie que Dieu fait à toute l’humanité. N’est-ce pas magnifique ?

Quand le chrétien découvre la grandeur du sacrement du mariage voulu comme reflet de l’amour trinitaire et source de vie, nous comprenons que le mariage ne peut pas se faire à l’essai, ni de manière superficielle, ni pour faire plaisir à sa famille. Le pape écrit que « le sacrement de mariage n’est pas une convention sociale, un rite vide ni le simple signe extérieur d’un engagement. Le sacrement est un don pour la sanctification et le salut des époux. » (n° 72) « Le mariage est une vocation », c’est-à-dire un appel de Dieu auquel les conjoints répondent au quotidien et définitivement. On ne peut pas se marier à l’église sans avoir conscience de cette vocation. Le pape parle ici « d’un discernement vocationnel. » Sur ce point, les mentalités évoluent car le mariage chrétien sans la foi et sans vie en Église est simplement incohérent. Personne ne ferait sauter quelqu’un en parachute et en chute libre sans une sérieuse préparation, or c’est ce que nous continuons à faire dans l’Église avec des fiancés chez qui la foi n’est pas vivante. Personne en Beauce ne sème des céréales dans les cailloux là où il n’y a pas d’eau. C’est ce que nous essayons de faire quand nous célébrons un sacrement du mariage pour un couple qui ne va jamais boire à la source d’eau vive.

Par le sacrement du mariage, les époux vivent de la présence du Christ qui leur communique son Esprit et ses dons spirituels. Il vient à leur rencontre. « Il reste avec eux, il leur donne la force de le suivre en prenant leur croix sur eux, de se relever après leurs chutes, de se pardonner mutuellement, de porter les uns les fardeaux des autres. » (n° 73) C’est merveilleux de découvrir que Jésus veut être leur ami (cf Jn 15,15) et qu’il marche avec eux. La vie de foi n’exonère pas les conjoints des difficultés. Cependant ils peuvent invoquer le Saint Esprit et lui demander de renouveler chaque jour leur amour afin de se choisir comme époux, de se donner l’un à l’autre dans le respect mutuel, d’avoir une vie sexuelle ouverte à la vie et qui leur apporte une joie profonde, physique et affective. Tout ceci appartient au projet de Dieu. « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous. » Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. » (Gn 1, 28.31) La joie de l’amour est celle que le Seigneur veut offrir aux couples mariés qui s’appuient sur sa grâce par leur pratique des sacrements et leur prière.

Le pape François, vrai pasteur expérimenté, connaît la vie des personnes et dit que l’Église est là pour accompagner toutes les situations familiales, même si elles sont imparfaites, car le baptême est une promesse de vie. Tous les baptisés sont membres de l’Église et enfants de Dieu. Que propose-t-il alors à ces personnes ? « L’Église invoque avec elles la grâce de la conversion, les encourage à accomplir le bien, à prendre soin l’un de l’autre avec amour et à se mettre au service de la communauté dans laquelle ils vivent et travaillent. » (n°78) L’Église doit discerner les situations sans jugement, différenciant les responsabilités, comprenant les souffrances. Comme Jésus avec les deux disciples d’Emmaüs, elle marche avec les familles et leur dévoile la présence du ressuscité avec eux.

Enfin, le texte reprend la belle notion d’église domestique, lieu de l’éducation des enfants, de la confiance et du respect, lieu d’écoute et de tendresse, dans la lumière du Saint Esprit. Le catéchisme dit de la famille : « c’est ici que l’on apprend l’endurance et la joie du travail, l’amour fraternel, le pardon généreux, même réitéré, et surtout le culte divin par la prière et l’offrande de sa vie. » (Catéchisme de l’Église Catholique, n°1657)

Quel projet incroyable pour notre Église diocésaine d’espérer que le projet de Dieu sur l’homme et la femme, sur la famille et sur l’Église comme « famille de familles » soit reçu dans notre société contemporaine. N’est-ce pas encore le désir des jeunes de trouver la « bonne personne », de fonder un foyer sur l’amour mutuel, d’avoir une sexualité épanouie et respectueuse de chacun, d’offrir un cadre d’amour et sûr aux enfants s’il leur est donné d’en accueillir, d’être un couple ouvert aux autres et généreux ? L’espérance demeure si les catholiques s’engagent à être en vérité ce qu’ils sont par leur baptême. C’est un défi, voire un combat que d’aimer toujours. Le chemin est devant nous, exigeant et beau. Oserons-nous l’emprunter ou accepterons-nous passivement les séparations ? J’invite les jeunes à s’ouvrir au Christ pour être guidés vers la vocation au mariage, dans un chemin préparatoire selon l’enseignement de l’Église à la lumière des saintes Écritures. Se préparer à une vie de couple commence dès l’enfance et l’adolescence par la transmission de belles valeurs et du goût de l’effort. Le temps des fiançailles est aussi important pour se découvrir avec le bon recul. Comme au saut en longueur, prendre le bon élan et au bon tempo permet de réussir et d’expérimenter la joie véritable.

Nul doute que les familles ancrées dans le Christ porteront des fruits vocationnels, aussi je vous propose encore d’invoquer Notre-Dame :

Vierge Marie,
Mère du Christ Prêtre,
Mère des prêtres du monde entier,
Vous aimez tout particulièrement les prêtres,
Parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils unique.
Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre,
Et vous l’aidez encore dans le ciel.
Nous vous en supplions, priez pour les prêtres,
Priez le père des cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.
Priez pour que nous ayons toujours des prêtres,
Qui nous donnent les sacrements,
Nous expliquent l’Évangile du Christ,
Et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.
Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père,
Les prêtres dont nous avons tant besoin,
Et puisque votre cœur a tout pouvoir sur lui,
Obtenez-nous, ô Marie,
Des prêtres qui soient des saints.
Amen.

Pastorale Conjugale et familiale du diocèse !

publié par Pierre-André