Message de Monseigneur Christory du vendredi 28 mai 2021. “Sache donc aujourd’hui, et médite cela en ton coeur : c’est le Seigneur qui est Dieu !”
Dimanche, nous achèverons le « marathon de prière » souhaité par le pape François en ce mois de mai. Par une prière intense et fidèle, il s’agit de nous sanctifier et de faire ainsi rayonner la sainteté de Dieu en notre société, afin que beaucoup se convertissent et trouvent auprès de Jésus le chemin, la vérité et la vie. La guerre entre Israël et le Hamas montre que la paix des hommes est fragile et que les frères – les deux peuples sont des sémites – sont toujours capables de s’étriper. Nous voyons que la guerre est une folie qui ne laisse que chaos, ruines et morts. Nos sociétés recherchent un cœur commun pour demeurer en paix, mais peuvent-elles le trouver en dehors du Christ, Dieu fait homme, mort et ressuscité ? « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé » dit Jésus (Jn 14,27). Comprenne qui pourra !
Pour notre bien spirituel, Jésus-Christ institua les sacrements. En ce printemps, se déroulent baptêmes, communions eucharistiques, confirmations et mariages. Le dimanche 4 juillet en la cathédrale, j’ordonnerai diacre en vue du sacerdoce Clément Pierson. Ces sacrements rappellent le don et la sollicitude de Dieu qui donne à chacun les moyens de salut pour sa vie concrète. Ils expriment le sérieux de la vie chrétienne, l’importance du témoignage, la nécessité de se former pour avoir connaissance des fondements de la foi afin de rendre compte de l’espérance qui est en nous. N’y voyons pas une charge mais plus l’occasion d’un enrichissement. La fin de l’année scolaire approche : voici venu le temps d’une relecture de notre cheminement spirituel pour envisager pour l’an prochain notre formation théologique et spirituelle. Le diocèse offrira des formations mais il est possible avec un peu d’ambition de suivre un parcours d’une année voire plus pour mieux assumer notre responsabilité dans notre église locale. Le mieux est de nous en parler.
Voyons comment l’exhortation apostolique « La joie de l’amour » (Amoris Laetitia) du pape François dont nous avons débuté la médiation il y a déjà plusieurs semaines, se poursuit. Nous arrivons au chapitre six, quarante-cinq pages qui ne se résument pas en quelques lignes. Le pape est concret. Nous sommes poussés à réfléchir et à mettre en place des propositions pastorales renouvelées : la société change et nos vies sont bousculées. Nous puisons dans les racines anciennes – l’Écriture Sainte et la Tradition – la sève de la vie divine pour que des fruits nouveaux puissent éclore. La société est en bouleversement permanent. À l’inverse du Christ et de la stabilité du projet divin sur l’homme et la femme créés à la ressemblance et à l’image de Dieu. Or c’est, au cœur de cette société changeante, mais dans la constance de Dieu que les chrétiens sont invités à bâtir leur avenir et à élaborer des projets. Le pape désire mettre en lumière les défis qu’il relève pour une pastorale de la famille. Certes l’Église peut soutenir cette pastorale par ses clercs, ses acteurs, ses organisations, ses associations, ses groupes. Mais c’est aux familles elles-mêmes qu’incombe de transmettre et de susciter la foi. Une relation de confiance et d’entraide entre paroisses et familles est nécessaire, qui demandera une formation en vue d’une plus grande compréhension réciproque. Les familles portent tant de problèmes dont la réalité et le poids peuvent échapper aux clercs.
Un élément passionnant demeure la préparation au mariage et le Saint Père note qu’elle ne peut se contenter d’un bref parcours de préparation de la célébration. Elle s’inscrit en réalité comme un véritable chemin en vue de la croissance de l’amour interpersonnel, en valorisant la chasteté vécue comme don positif et libre. Cet itinéraire propose un renouveau de l’initiation chrétienne pour montrer comment le mariage est lié et nourri par les autres sacrements, comment la prière et la parole éclairent la vie quotidienne du couple. Des lieux d’écoute et de parole, des rencontres avec des couples accompagnateurs, des parcours pratiques, des « tactiques issues de l’expérience, des orientations psychologiques » peuvent être proposés. Il faudra en prendre le temps. Le pape prévient : « Rien n’est plus volatile, plus précaire et plus imprévisible que le désir, et il ne faut jamais encourager la décision de contracter le mariage si d’autres motivations n’ont pas pris racine pour donner à cet engagement des possibilités réelles de stabilité. » (n°209). Le chemin à faire prévient l’illusion de bien se connaître. Pour les fiancés, le mariage est « une vocation qui les lance vers l’avant, avec la décision ferme et réaliste de traverser ensemble toutes les épreuves et les moments difficiles. » (n°211). Le sens du consentement qu’ils se donnent doit être compris. La célébration d’un mariage est importante mais attention de ne pas se centrer sur l’extériorité, l’animation ou encore la décoration. Consentir à se donner et à tout donner, voici un choix d’aimer exigeant, beau et grand ! L’Église veut révéler comment la liturgie soutient le chemin conjugal qui revêt à son tour un caractère de liturgie, d’action de grâce, d’offrande de soi, à l’image de l’amour que porte Jésus à son Église (cf. Eph 5,25).
Les paroisses accompagneront les jeunes foyers. Nous savons qu’il n’est pas aisé de fonder une vie harmonieuse même lorsque l’amour est présent. La maturation est nécessaire. Ne pas laisser ces foyers seuls est un enjeu et une promesse d’une communauté ecclésiale qui a accueilli la demande de mariage. Des enfants arrivent et déstabilisent souvent le frêle équilibre de la vie commune. La fatigue s’ajoute à celle du quotidien et de ses contraintes. Les élans affectifs peuvent être modifiés, ou même altérés. Les attentes légitimes des conjoints sont troublées. Les crises ne sont pas loin avec les angoisses secrètes comme les pensées négatives mettant parfois en doute le projet même du mariage. Les blessures de l’enfance peuvent se réveiller. C’est lorsque vient l’épreuve, quelle qu’en soit la nature et la forme, que le courage et la persévérance doivent s’exercer. La foi en Christ, la vie de prière en couple, le pardon sont autant d’ingrédients merveilleux qui s’ajoutent à la ferme décision de se parler, de dire ses ressentis et ses attentes, avec le choix de s’écouter jusqu’au bout même quand l’incompréhension demeure. Ne laissons pas les difficultés affadir l’amour. C’est pourquoi il importe d’être créatif, de susciter des moments d’intimité, des rendez-vous nouveaux, des partages qui nourrissent l’amour. L’amour comme l’eau ne doit pas stagner, mais être en mouvement.
Je ne peux que vous encourager à lire le texte de l’exhortation. Le pape y évoque le deuil qui frappe à la porte et d’autres situations humaines qui rendent difficile l’harmonie. Une autre partie parle des crises. Aimer est un défi voire un combat. Celui ou celle qui accepte de l’affronter expérimente la joie de la victoire. Cependant, il est nécessaire d’être aidé, accompagné et entouré. Voici pourquoi nous voulons développer nos moyens de la pastorale conjugale et familiale. Nous espérons beaucoup pour les familles. Les jeunes doivent désirer s’y engager : mais cela ne se fera que s’ils ont en face d’eux des adultes qui leur donnent à voir la beauté de l’amour et la joie de la famille.
Avant de conclure, j’aimerais vous souhaiter pour ce dimanche 30 mai une belle fête de la sainte Trinité. Ici aussi, nous sommes face à un Mystère : nous croyons en un seul Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Trois personnes. Que l’Écriture nous annonce. « Faisons l’homme à notre image ! » (Gn 1,26) En Dieu existe un « pluriel ». Dieu se dit Père chez les prophètes juifs. Jésus est nommé « Fils du Très-Haut » (Lc 1,32). La première grande révélation trinitaire advient lors du baptême de Jésus « il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » (Mc 1,10-11) Pareillement au Mont Thabor : « Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » (Mt 17,05) Avant sa passion Jésus promit d’envoyer l’Esprit de vérité. La Sainte Trinité nous fait espérer en l’Amour de Dieu qui se communique à nous. Notre éternité sera dans la rencontre de ce parfait Amour.
Prions maintenant avec une nouvelle prière merveilleuse, celle du père Léonce de Grandmaison. N’hésitez pas à l’apprendre par cœur, et à l’enseigner à vos enfants. Elle gardera leur âme.
« Sainte Marie, Mère de Dieu,
gardez-moi un cœur d’enfant, pur et transparent comme une source.
Obtenez-moi un cœur simple qui ne savoure pas les tristesses.
Un cœur magnifique à se donner, tendre à la compassion.
Un cœur fidèle et généreux, qui n’oublie aucun bien et ne tienne rancune d’aucun mal.
Faites-moi un cœur doux et humble, aimant sans demander de retour, joyeux de s’effacer dans un autre cœur devant votre divin Fils.
Un cœur grand et indomptable qu’aucune ingratitude ne ferme, qu’aucune indifférence ne lasse.
Un cœur tourmenté de la gloire de Jésus Christ, blessé de son amour
et dont la plaie ne guérisse qu’au ciel.
Amen »