Message de Monseigneur Christory du vendredi 8 octobre 2021
Cette semaine, je ne peux pas vous écrire sans penser et faire référence au rapport sur les abus sexuels remis par la CIASE qui a reçu de nombreuses victimes d’actes de pédophilie commis par des clercs ou des religieux depuis 1950. Ce rapport est accablant et les chiffres sont effarants. Ils révèlent les terribles souffrances des victimes, le traumatisme, le poids du silence imposé. L’omerta n’a que trop duré et aujourd’hui nous remercions ceux qui ont osé parler afin qu’avec eux nous puissions connaître la vérité et agir concrètement pour que de tels faits ne se reproduisent pas. Pour être combattu, le mal doit être connu. La vérité doit être révélée, si douloureuse et terrible soit-elle. C’est le sens de ce travail. Le rapport annonce 216 000 victimes abusées par des clercs depuis 1950. Environ 3000 prêtres seraient coupables. L’étude faite par l’IFOP et l’INSERM sur un échantillon de 28 000 personnes dévoile que 5,5 millions de personnes aujourd’hui adultes furent abusées sexuellement avant leur majorité. La gravité de ces faits touche toute la société puisque c’est dans les familles que le plus grand nombre d’abus ont lieu. Ce rapport accablant pour l’Église doit nous conduire et doit conduire la société tout entière à agir, pour protéger les enfants, accompagner psychologiquement les adultes ayant des pulsions pédophiles avant qu’ils ne passent à l’acte et commettent un crime. Le chemin sera difficile et long. Prions, implorons pour que l’Esprit Saint nous éclaire pour que nous trouvions des solutions réalistes et durables partout où des adultes et des enfants se côtoient. Notre maison Mère doit être une maison sûre.
Le rapport fut remis aux évêques de France le mardi 5 octobre. La veille, lundi 4 octobre, était fêté saint François d’Assise, cet italien qui choisit de vivre dans la pauvreté totale l’unique règle digne à ses yeux, l’Évangile et rien que l’Évangile, en se dépouillant de toutes les richesses familiales pour obéir à la voix du Seigneur qui l’avait interpelé dans une petite église d’Ombrie en lui disant « François, reconstruit mon Église. » Dans un premier temps François se fit donc maçon mais il devait découvrir que sa mission était autre lorsque virent vers lui des hommes de toutes conditions sociales lui demandant de les accueillir comme frères et disciples. Ainsi naissait au XIIIe siècle des ordres mendiants, Franciscains puis Capucins, qui s’installèrent dans toute l’Europe, jusqu’en Terre Sainte. Ils vivaient pieds nus et vêtus d’une simple bure de toile, portant le Christ lumineux de l’église de San Damiano à Assise. Leur témoignage suscita un renouveau spirituel de l’Église. Bientôt, Claire d’Assise, l’amie d’enfance de François, le suivit pour fonder une communauté de femmes vivant à même la terre battue, dans la prière continuelle, qui deviendra l’ordre des clarisses.
La figure de saint François nous interpelle en ces jours difficiles. Certes la vie de la société et de l’Église en ce siècle n’est pas comparable à celle du Moyen-Âge. Cependant Jésus-Christ nous donne toujours le même Évangile : « il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » (Mc 6,8) ou encore « à propos de votre vie, ne vous souciez pas de ce que vous mangerez, ni, à propos de votre corps, de quoi vous allez le vêtir. En effet, la vie vaut plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement. Observez les corbeaux : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’ont ni réserves ni greniers, et Dieu les nourrit. Vous valez tellement plus que les oiseaux ! » (Lc 12,22-24) On lit encore : « Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté. » (Lc 10,8) Jésus invite ses fidèles à se libérer des liens que crée la possession des biens matériels : « Ne vous faites pas de trésors sur la terre, là où les mites et les vers les dévorent, où les voleurs percent les murs pour voler. » (Mt 6,19) Ces prescriptions interpelleront certains, comme ce jeune homme riche à qui Jésus demanda de vendre tous ses biens et de donner l’argent de la vente aux pauvres pour devenir son disciple. Avoir des biens est légitime notamment pour garantir à ses enfants un cadre propice à leur éducation. Mais saint Paul qui était fabriquant de tentes invite au détachement : « ceux qui font des achats, comme s’ils ne possédaient rien, ceux qui profitent de ce monde, comme s’ils n’en profitaient pas vraiment. Car il passe, ce monde tel que nous le voyons. » ( 1Co 7, 30-31) Aurons-nous le cœur léger pour demeurer avec Jésus et le recevoir comme le vrai bien ? Nous pourrons aller à sa suite sans craindre de manquer et sans regarder en arrière.
Pour la fête de saint François, la liturgie eucharistique a retenu un passage de l’évangéliste Matthieu dans lequel Jésus loue son père d’avoir caché ses bienfaits aux sages et aux intelligents et de les avoir révélés aux tout-petits. Puis à chacun de nous, Jésus lance son appel « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » (Mt 11, 28-30) En ces jours si douloureux, où les faits réveillent chez des victimes de terribles souvenirs, où les révélations blessent et meurtrissent les catholiques, nous avons besoin de trouver le repos auprès du Seigneur. Pour puiser en Lui la force de la vérité qui rend libre. Pour ce faire, je désire insister sur la nécessité de la prière, du cœur à cœur avec le Christ dans l’adoration, il est seul à pouvoir nous rejoindre dans nos douleurs, nos failles et nos fragilités pour nous dire ce « je t’aime » si nécessaire pour retrouver l’espérance et l’envie de vivre. Notre humanité est touchée car nous espérons en l’homme, en toute personne, mais nous gardons la foi qui est le gouvernail de notre barque, l’Église au milieu des vagues.
Maintenant, j’aimerais conclure mon message par une note spirituelle plus légère. Nous nous sommes habitués à présenter notre pass sanitaire dans les lieux culturels, les restaurants et pour prendre un train. Voici que je lis dans la petite revue des sœurs de la Nouvelle Alliance de Montligeon un article (Revue Fleur de farine, oct. 2021) de Sœur Cécile, la prieure, qui nous parle du « pass salutaire. » Qu’est-ce que ce pass ? C’est « l’amour de Dieu, cet amour du Christ qui désire envahir totalement notre âme » en vue du Salut c’est-à-dire la possibilité d’entrer dans l’éternité bienheureuse, quand nous serons plongés en Dieu éternellement. Nos vies actuelles sont blessées par le péché et celui-ci nous attriste car il éloigne de Dieu. Quel est le moyen le plus sûr pour avoir ce pass salutaire ? Sœur Cécile affirme que c’est le sacrifice eucharistique car le Christ s’offre totalement à Dieu son Père pour nous pécheurs et ainsi nous sommes rachetés. Là s’opère une « transfusion d’amour qui va envahir tout notre être, toute notre âme, c’est cela le pass salutaire ». Pour conserver la validité du pass salutaire, nous pouvons en parler simplement chaque jour à notre mère du Ciel, la Vierge Marie, en lui offrant notre chapelet, alors la mise à jour du pass est automatique.
Ce jour, je vous propose de reprendre la belle prière de l’Angelus, qui nous rappelle toujours la volonté de Dieu de venir parmi nous en se faisant homme dans le sein de la Vierge Marie.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.