Homélie du Père Jean-Pierre pour le 29ème dimanche du temps ordinaire
Frères et sœurs chrétiens, en ce 29ème dimanche du Temps ordinaire, la Parole de Dieu nous interpelle. Elle nous rappelle l’importance que nous avons aux yeux de Dieu et le rôle que nous avons auprès des autres : “Je t’ai appelé par ton nom. Je t’ai donné un titre ; je suis le Seigneur et il n’en est pas d’autre.” Cette bonne nouvelle a été annoncée à un peuple qui vient de passer 50 ans en exil sur une terre étrangère. Ce peuple anéanti et humilié va pouvoir retrouver sa dignité et sa fierté. Ce qui est extraordinaire, c’est que Dieu se sert d’un roi païen pour réaliser son projet de salut. Cyrus, roi de Perse est devenu l’homme providentiel qui permettra au peuple d’Israël de retrouver sa terre.
À travers ce texte du prophète Isaïe, nous entrevoyons un autre libérateur : il s’agit de Jésus lui-même. Avec lui, il ne s’agit plus d’un peuple particulier (Israël) qui est sauvé. Jésus vient sauver tous les peuples du monde. Il nous voit plongés dans notre péché, loin de Dieu. Il a livré son Corps et versé son Sang pour nous et pour la multitude. Il veut associer tous les hommes à sa victoire sur la mort et le péché. Le mois d’octobre, mois missionnaire est là pour nous rappeler à être missionnaires ; « Aller vers »…un des axes du projet pastoral missionnaire de notre paroisse Saint Laumer du Perche.
Oui, frères et sœurs chrétiens, nous sommes envoyés pour annoncer “la joie de l’Évangile” ; c’est l’appel que nous adresse le pape François : “la joie de l’Évangile remplit le cœur de ceux qui rencontrent Jésus.” C’est cette joie que nous avons à communiquer et à rayonner dans ce monde qui en a bien besoin. Devant ce désert spirituel, la tentation est grande de se décourager et de dire que ça ne sert à rien. Mais dans ce désert, “il faut des hommes de foi, qui par l’exemple de leur vie, montrent le chemin vers la Terre promise et ainsi, tiennent en éveil l’espérance”. (Pape François)
C’est de cette espérance dont il est question dans la seconde lecture; L’Apôtre Paul découvre chez les chrétiens de Thessalonique une foi vivante. Il a annoncé l’Évangile à des gens qui ne le connaissaient pas. Ces païens ont accueilli la Bonne nouvelle et se sont convertis à Jésus Christ. Mais il découvre que le principal travail, c’est Dieu qui le fait dans le cœur des hommes.
Cette annonce de l’Évangile n’a pas été facile pour les envoyés. Ils se sont trouvés affrontés à des gens qui ont cherché à le discréditer. C’est ce qui s’est passé pour Jésus tout au long de son ministère.
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, nous voyons les pharisiens et les partisans d’Hérode se mettre d’accord pour lui tendre un piège ; ils commencent par faire l’éloge de sa franchise, de sa rectitude et de son intégrité ; mais ce langage flatteur vire progressivement vers un complot contre Jésus : “Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur César ?”
Aujourd’hui encore, ces oppositions à l’Évangile sont toujours d’actualité : la tentation est grande de mettre hors circuit ceux qui nous remettent en question et nous poussent à changer. Souvent, quand la parole de l’Église nous dérange, on fait tout pour la discréditer. Mais rien ne doit arrêter l’annonce de la bonne nouvelle. Le Christ compte sur chacun de nous pour être les témoins et les messagers de ces paroles de la Vie Éternelle. L’Évangile de ce dimanche, nous montre comment Jésus reprécise les choses : “Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.” Certains pourraient croire que Jésus nous invite à un partage clair entre les deux domaines (temporel et spirituel). Pour beaucoup c’est “la semaine à César et le dimanche à Dieu. Mais ce n’est pas cela que Jésus nous demande. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, “c’est reconnaître, face à n’importe quel type de pouvoir que Dieu est le Seigneur de l’homme et qu’il n’y en a pas d’autre” (pape François). Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est s’ouvrir à sa volonté et coopérer à son Royaume de miséricorde, d’amour et de paix.”
Rendez à César ce qui lui appartient et à Dieu ce qui lui revient. Nous savons que les empereurs romains se faisaient vénérer comme des dieux. C’est vrai encore aujourd’hui. Des hauts placés se prennent pour le “Bon Dieu”. Parfois, on fait appel à eux ; on accepte des compromissions qui ne sont pas toujours en accord avec notre conscience. Quand l’argent est roi, les règles du jeu sont faussées.
Rendre à césar ce qui est à césar, c’est participer à l’organisation de la société dans laquelle nous vivons, c’est assainir les relations en les fondant sur la loyauté, c’est assumer nos tâches dans les divers domaines de la vie sociale, économique et familiale. Nous avons tous à lutter pour que la dignité des plus pauvres soit reconnue et respectée. C’est dans ce monde tel qu’il est que nous sommes envoyés comme messagers de l’Évangile. Chrétiens mes frères, en ce mois missionnaire, nous sommes mis devant nos responsabilités. Le Christ nous veut en état de mission : Créer des liens, Aller vers, être signe visible de l’amour du Christ pour nos frères en humanité.
En célébrant cette Eucharistie, nous voulons, Seigneur, te rendre ce qui te revient. Nous t’offrons tous les actes de foi, d’espérance et de charité qui émaillent de nos vies et de celles de tous nos frères. Avec toi nous nous engageons à tout faire pour que l’amour l’emporte sur la haine et la violence. Sois avec nous pour que l’Évangile soit annoncé dans le monde entier.
Sainte Marie, Mère de Dieu, Mère de l’Eglise, priez pour nous !